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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 4
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Reinach, Salomon: Le Musée des antiques à Vienne, 3, Le mausolée de Trysa
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0338

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310

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

étaient marqués par la peinture seule et ont disparu. Le groupe
formé par Ulysse et Télémaque rappelle une sculpture célèbre du
ve siècle, dont il existe une copie au Musée de Naples, YHarmodius
et Aristogiton d’Anténor. A gauche du groupe, un petit serviteur se
dérobe par une porte. Les quatorze prétendants sont figurés avec
une admirable variété d’attitudes1. Quelques-uns sont déjà morts,
alors que d’autres luttent contre la douleur ou cherchent à se
défendre en se servant d’un lit comme de bouclier. L’un d’eux
présente une remarquable analogie avec le Laocoon : tant il est vrai
que la sculpture antique n’a guère inventé de motifs nouveaux après
cette merveilleuse fécondité du ve siècle ! La partie gauche n’est pas
d’un art moins remarquable. Pénélope, reconnaissable à sa grande
taille, est debout dans une attitude majestueuse, paraissant accueillir
avec bonté une servante fidèle que lui présente la femme placée à sa
gauche, peut-être la vieille intendante Euryclée. A droite du groupe,
Ulysse, tenant un glaive et une torche, s’éloigne menaçant; il
précède une servante qui parait fuir avec rage et où l’on est disposé à
reconnaître T « impudente Melantho » d’Homère, objet des reproches
de Pénélope. Celle qui la suit, dans une pose calme, mais attristée,
est peut-être aussi une servante blâmée par sa maîtresse. Mais
l’artiste, en prenant dans YOdgssée les principaux éléments de sa
composition, les a très librement combinés et modifiés; c’est en
vain que l’on voudrait faire du poème le commentaire perpétuel du
bas-relief. Celui-ci, d’ailleurs, ne dérive assurément pas d’une
manière directe des chants homériques, mais de représentations plus
anciennes inspirées de ces chants. Cela est d’autant plus certain
qu’une peinture d’un vase du Musée de Berlin, remontant aussi au
Ve siècle, montre des motifs identiques dans la scène du meurtre des
prétendants; seulement, sur le vase, le nombre des personnages a
été diminué par égard au peu d’espace disponible. On retrouve encore
les mêmes motifs sur des urnes étrusques et des sarcophages romains
dont les bas-reliefs sont souvent une dérivation altérée des modèles
attiques. Ici, l’on pense naturellement à la peinture de Polygnote
dans le pronaos d’Athéna Areia à Platées, où le grand peintre du
ve siècle avait représenté, suivant Pausanias, l’histoire du meurtre
des prétendants 2.

1. La scène répond assez exactement au passage connu de l’Odyssée, chant X,
vers 6 et suivants.

2. Pausanias, IX, 1.
 
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