LE MUSÉE DES ANTIQUES A VIENNE.
311
VIII.
La chasse de Calydon, qui est figurée au-dessous de cette scène,
a pour centre le terrible sanglier, que Thésée menace de sa massue
tandis que deux chiens l’attaquent à droite et à gauche. Parmi les
chasseurs, on reconnaît, en face du sanglier, Méléagre, puis Pélée
et la gracieuse Atalante tirant de l’arc. Sur la droite, un chasseur
blessé est relevé par un camarade; plus loin, un personnage tire
de l’eau d’un puits pour laver la blessure. A cet épisode corres-
pond, sur la gauche, le groupe de deux chasseurs emportant un
jeune homme hors de combat. Tout à gauche est un groupe admirable,
un blessé qui s’éloigne soutenu par un de ses compagnons. Peu de
scènes mythologiques ont été plus souvent figurées par l’art antique
que la chasse de Calydon. En étudiant les œuvres de cette série qui
remontent au ve siècle, un bas-relief en terre cuite de Milo et des
peintures de vases, on est frappé, comme dans la scène précédente,
de l’identité de certains motifs, preuve certaine de l’influence d’un
original célèbre. Le beau groupe de gauche se retrouve sur la frise de
Phigalie, le jeune homme puisant de l’eau sur un vase de Corneto
appartenant au Musée Torlonia à Rome. Bien que le style paraisse
plus libre que celui de la scène précédente, c’est encore dans l’école
de Polygnote qu’on sera tenté de chercher le modèle dont le relief de
Trysa est la plus belle réplique que nous connaissions. Mais il ne
faut pas se méprendre sur le mot de réplique. Au ve siècle, les artistes
ne copiaient pas ; ils combinaient. Un sculpteur pouvait porter avec
lui, dans ses carnets, des centaines de croquis faits par lui à Athènes
ou à Delphes, en présence des chefs-d’œuvre qui ornaient les temples
de ces villes. Arrivé en Lycie, il tirait de là une composition nouvelle,
où il faisait entrer, en les disposant à sa manière, des motifs appar-
tenant au domaine commun. Les artistes du xve siècle n’ont pas pro-
cédé autrement; seulement, sur ce terrain, l’étude comparative est
infiniment moins avancée que sur celui de l’art grec, à cause du
nombre presque infini de monuments qu’il faudrait pouvoir classer et
comparer.
SALOMON REIN A CH.
(La suite prochainement.)
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VIII.
La chasse de Calydon, qui est figurée au-dessous de cette scène,
a pour centre le terrible sanglier, que Thésée menace de sa massue
tandis que deux chiens l’attaquent à droite et à gauche. Parmi les
chasseurs, on reconnaît, en face du sanglier, Méléagre, puis Pélée
et la gracieuse Atalante tirant de l’arc. Sur la droite, un chasseur
blessé est relevé par un camarade; plus loin, un personnage tire
de l’eau d’un puits pour laver la blessure. A cet épisode corres-
pond, sur la gauche, le groupe de deux chasseurs emportant un
jeune homme hors de combat. Tout à gauche est un groupe admirable,
un blessé qui s’éloigne soutenu par un de ses compagnons. Peu de
scènes mythologiques ont été plus souvent figurées par l’art antique
que la chasse de Calydon. En étudiant les œuvres de cette série qui
remontent au ve siècle, un bas-relief en terre cuite de Milo et des
peintures de vases, on est frappé, comme dans la scène précédente,
de l’identité de certains motifs, preuve certaine de l’influence d’un
original célèbre. Le beau groupe de gauche se retrouve sur la frise de
Phigalie, le jeune homme puisant de l’eau sur un vase de Corneto
appartenant au Musée Torlonia à Rome. Bien que le style paraisse
plus libre que celui de la scène précédente, c’est encore dans l’école
de Polygnote qu’on sera tenté de chercher le modèle dont le relief de
Trysa est la plus belle réplique que nous connaissions. Mais il ne
faut pas se méprendre sur le mot de réplique. Au ve siècle, les artistes
ne copiaient pas ; ils combinaient. Un sculpteur pouvait porter avec
lui, dans ses carnets, des centaines de croquis faits par lui à Athènes
ou à Delphes, en présence des chefs-d’œuvre qui ornaient les temples
de ces villes. Arrivé en Lycie, il tirait de là une composition nouvelle,
où il faisait entrer, en les disposant à sa manière, des motifs appar-
tenant au domaine commun. Les artistes du xve siècle n’ont pas pro-
cédé autrement; seulement, sur ce terrain, l’étude comparative est
infiniment moins avancée que sur celui de l’art grec, à cause du
nombre presque infini de monuments qu’il faudrait pouvoir classer et
comparer.
SALOMON REIN A CH.
(La suite prochainement.)