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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 5
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Leprieur, Paul: Burne-Jones, décorateur et ornemaniste: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0432

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’arabesques : vers 1862, un piano droit pour lui, et un autre pour
M. Boyce, le peintre ; longtemps après, versl874-75, pour M. Graham,
un de ses plus anciens amis et patrons, le premier possesseur du
Chant d’amour, un remarquable piano à queue, qui est resté dans la
famille, et dont nous avons le plaisir de pouvoir montrer le dessus
aux lecteurs de la Gazette.

La tapisserie n’a pas été sans attirer non plus cet ingénieux
chercheur. Vers 1864-66, il rêva toute une série de tapisseries à
l'aiguille, d’après les « Good Women » de Chaucer, et où s’isolaient
deux à deux, de la façon la plus décorative, dans la tradition même
du moyen âge, entre de petits arbres formant séparation, les diverses
héroïnes de la vertu, Médée aussi bien que Créuse. L’œuvre ne fut
jamais exécutée, ni même finie. Les cartons, en ton de sépia uniforme,
sont pour la plupart aujourd’hui à l’École de dessin Ruskin, à Oxford.
Dans la suite, deux autres séries, l’une des Planètes (1875 environ),
l’autre du Cantique des cantiques (vers 1880), furent dessinées pour la
fille de son ami, miss Graham, et exécutées par elle à l’aiguille. La
seule tapisserie tissée, conçue par M. Burne-Jones,etqui soit sortie des
ateliers Morris, est une Adoration des mages, depuis peu terminée et
placée (1887 environ) dans la chapelle de l’Exeter College d’Oxford :
pieux hommage des deux amis au lieu de leurs études et de leurs
premiers rêves. Elle est, parait-il, fort belle.

M. Burne-Jones n’a appliqué qu’une fois ses efforts à la mosaïque;
mais cette unique tentative a produit un chef-d’œuvre : c’est la voûte
d’abside de 1 ’Église américaine de Rome, exécutée, il y a dix ans à
peine, d’après ses cartons, par la maison Salviati, de Venise. Il est
impossible de comprendre plus intelligemment la tradition des
grandes mosaïques romaines du ixe au xie siècle, de la respecter
davantage en l’interprétant, la renouvelant parle sentiment. Ce haut
mur crénelé, cette forteresse du ciel, dont de longs archanges porte-
sceptre, parfois même armés et cuirassés, gardent chacun les portes,
et sur laquelle se détache, au centre, la jeune et grave figure du
Christ bénissant, porté par les chérubins, est une invention de la plus
majestueuse et terrible grandeur. On avait le projet de continuer le
travail, de décorer également le mur d’abside entre les fenêtres,
ainsi que la façade de l’arc triomphal ; mais les fonds manquaient :
on a dû s’arrêter. Il serait bien à désirer que de riches Américains,
s’il en est encore par le monde ayant le goût des choses d’art et
aimant vraiment le beau, unissent en commun leurs subsides, pour
permettre à une œuvre, qui est dès à présent l’honneur de la
 
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