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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 5
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Bouchot, Henri: Le portrait-miniature en France, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0439

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LE PORTRAIT-MINIATURE EN FRANCE.

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le nom de Donabella, indiqué par une biographie comme étant celui
du peintre, devait cacher une erreur de lecture, Dan. Rabel par
exemple. La médiocrité du portrait plaide contre cette opinion.
D’ailleurs Donabella n’est point un inconnu, il est inscrit plusieurs
fois sous le nom de Giulio Donabella parmi les officiers de la maison
du duc d’Orléans 1 ; je le crois le seul coupable.

Sur ces remarques on comprend mieux l’éclosion inattendue et
bizarre de tant de tableaux complets peints à la gouache sur vélin
d’après les maîtres. Miniaturiste ne s’entend pas du dessinateur de
portraits mignons, mais bien plutôt du copiste, du pauvre imagier
sollicité de redire pour les bourses modestes les toiles fameuses de
Raphaël, des Bolonais ou des Flamands. A ce jeu les facultés person-
nelles s’émoussent et se perdent. Vers le milieu du xvne siècle, il était
aussi rare de rencontrer un portrait-miniature original, que de
trouver un personnage désireux d’être ainsi représenté. Avisez-vous
bien que la plupart des travaux de ce genre aujourd’hui conservés
dans les musées, redisent au plus près quelque toile de Lebrun, de
Champagne, de Mignard, ou quelque pastel de Nanteuil. J’ai fait
plusieurs fois des rapprochements, ils m’ont bien rarement laissé
dans l’incertitude.

Sans doute il y a des exceptions, et ce sont ces exceptions qui
nous causeront de la surprise. En 1647, Frédéric Brentel, qui avait
eu autrefois quelque influence sur Callot et lui avait probablement
donné le goût des scènes minuscules, Brentel l’auteur célèbre des
Funérailles du duc de Lorraine, enluminait au compte du marquis
de Bade deux livres d’heures aujourd’hui à la Bibliothèque nationale3.

Obligé de sacrifier à la tendance du jour, contraint de redire à
chaque feuillet les toiles célèbres des peintres religieux, montrant
tour à tour des Loyola, des Charles Borromée, des passions, des
transfigurations connues, Brentel s’avise, au folio 12 et au folio 24,
de montrer besogne de sa façon. Au folio 12, c’est le marquis de Bade,
lui-même, qu’il a peint en grand costume de guerre, agenouillé devant
la croix, ayant derrière lui je ne sais quelle ville de fantaisie campée
sur des collines bleues, pointant de ses tours et de ses églises
l’horizon lointain des forêts et des plaines. Un rien que cette page,
grande à peine comme un feuillet d’in-octavo, et pourtant un chef-
d’œuvre impérissable, une rivalité presque des travaux pareils de 1 2

1. Bibl. Nat., ms. fr. 7857, Officiers de Gaston d'Orléans.

2. Bibl. Nat., manuscrit latin 10568 (Réserve).
 
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