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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 5
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Bouchot, Henri: Le portrait-miniature en France, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0445

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408

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

transcrites de tableaux et parfois de gravures. Le Philippe d’Orléans
(n° 1454) provenant de M. Thiers, la Julie d’Angennes de Lenoir
(n° 315), le comte d’Harcourt (?) (n° 275) ont cette origine. Les œuvres
surnature, probables ou possibles, sont bien plutôt les portraits d’in-
connus, de particuliers, de seigneurs très minces qui ne marchan-
daient point une pose à leur artiste. Lorsque Jean Cotelle, miniatu-
riste honorable, membre de l’Académie, portraiture la princesse de
Rohan pour un recueil de plafonds gravés, il adapte quelque crayon
de Mellan ou de Michel Lasne; s’il représente au contraire la très
inconnue Catherine Touchellée, femme en premières noces de M. Clé-
ment, et en secondes de M. L. Riche, conseiller du Roi (1667), il a
tenu son modèle sous ses yeux, il l’a pu étudier, et en a fait une
œuvre personnelle. Il a tout ainsi dessiné sur nature, à Rome en 1670,
Sévin, peintre de Tours, dans une attitude singulière et peu ordinaire ;
mais Cotelle est un décorateur au moins autant qu’un portraitiste :
Sévin est enguirlandé d’un entourage savant rappelant ses propres
travaux; il pesait:à ces gens de rester simples.

Toutefois, les portraits de ces personnages secondaires ne valent
guère que comme témoignage d’amitié, tous les habiles les délais-
saient a priori pour les besognes de vente courante. C’est ce qui
explique la multiplicité infinie des Louis XIY, des Marie-Thérèse,
des Grand Dauphin, excellents, médiocres ou pitoyables, courant les
collections modernes. Dans le nombre je n’en voudrais pas citer deux
seulement qui parussent sincères et pris sur le vif. D’ordinaire les
miniaturistes jouent de l’allégorie avec ces puissants du monde.
Silvain Bonnet compose-t-il un tableau des rois de France pour la
Bibliothèque royale1, il place le roi, le dauphin et les trois jeunes
princes en costumes héroïques parmi les trophées d’un Olympe
splendide. Desmarest fait sa cour à Mme de Maintenon qu’il repré-
sente en déesse ailée, portant un médaillon du roi, et cependant
affublée de sa hautaine coiffure de duègne1 2. Jacques Bailly préfère
enluminer les carrousels fameux de Chauveau, que non pas s’abîmer
en la composition de miniatures originales absolument dédaignées
pour le quart d’heure. Un Bernois, Joseph Werner, qui fut l’organi-
sateur et le premier directeur de l’Académie royale des Beaux-Arts

1. Ces deux tableaux sont exposés dans la salle de réserve du Cabinet des
estampes.

2. Cette allégorie a été gravée par Loisel et Edelinck pour les tableaux des gestes
du Roi par Reine de Beaulieu. Certains prétendent que le portrait est celui de
Reine de Beaulieu elle-même.
 
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