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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 6
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Guiffrey, Jules: Le sculpteur Claude Michel dit Clodion (1738 - 1814)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0531

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488

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

trois figures drapées, représentant des dames romaines pressant
leurs mamelles pour faire jaillir l’eau. Certes, un pareil sujet, bien
qu’il n’ait paru en vente qu’en 1776, ne pouvait avoir été conçu
et entrepris qu’à Rome. Il atteignit le prix élevé de 1,350 livres, et
fut acquis par un marchand nommé Dulac.

Sont-elles bien de Clodion, ces deux copies de 30 pouces de haut,
en marbre, de la Vénus Callipyge et d’Hébé, qui passaient en 1785 à
la vente de M. de Véri, et que l’expert Le Brun acquérait alors au
prix de 801 livres? Certes, elles n’ont pu être exécutées qu’à Rome,
et si leur authenticité était bien démontrée, elles prouveraient une
fois de plus que l’artiste n’avait négligé aucun mode d’étude durant
son séjour en Italie.

Sans doute, il avait montré dès le début les plus heureuses dispo-
sitions; son succès, lors de son premier concours, atteste la précocité
de son talent; mais la contemplation prolongée des chefs-d’œuvre de
l’antiquité, un commerce de plusieurs années avec les anciens ne
manquèrent pas d’exercer une heureuse influence sur le déve-
loppement de son goût et de son tempérament d’artiste. Il ne faut
pas perdre cela de vue; car il n’y a pas eu, il n’y aura jamais de
sculpteur improvisé; c’est un art qui a toujours exigé de longues
études et de fortes préparations. Clodion n’a pas échappé à la loi
générale. Ces petits sujets si ingénieusement trouvés, si lestement
improvisés, sont le résultat de longues années d’apprentissage et
d’observation.

II.

Dès son retour à Paris, l’artiste avait trouvé un public de
connaisseurs très favorablement disposé. La preuve de cette bonne
opinion, je la trouve dans les catalogues de tous les cabinets un
peu importants d’œuvres d’art parus de 1771 à 1791.

Dans les ventes de Mariette, du duc de Saint-Aignan, du prince
de Conti, de Natoire, de l’abbé Terray, du marquis de Pange, de la
Live de Jully, de Lebrun, de l’orfèvre Dubois, de M. de Véri, de
Lenglier, et dans nombre de ventes anonymes de la même période,
le nom de Clodion revient sans cesse. Ce sont des bas-reliefs ou des
figures en terre cuite, des vases enguirlandés de rondes d’Amours, et
aussi des girandoles de bronze doré, supportées par des femmes ou
des enfants. L’artiste suffit à peine à toutes les commandes, d’autant
 
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