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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
De cette précieuse suite de tapisseries, trois seulement ont échappé
à la destruction : la huitième et la douzième, conservées au Musée
de Salins ’, et la treizième donnée, en 1875, par M. Spitzer au Musée
des Gohelins 2. Les onze autres auraient servi à « envelopper les fusils
qu’on envoyait aux armées en 1793 » 3.
Depuis quarante ans jusqu’à ces derniers temps, il a partout été
imprimé plus d’une erreur et bien des inexactitudes à propos de la
Tapisserie de saint Anatoile4. Nous n’en relèverons qu’une, parce
qu’elle émane d’un érudit souvent mieux informé en fait d’histoire
et d’archéologie franc-comtoise. Ces tentures, d’après lui, auraient
été« fabriquées à Bruges, en 1501 et 1520, par Démétrius de Coste »3.
transcrite, c'est 1502, nouveau style. — Les quatorze pièces de la Vie de saint
Anatoile ont été fabriquées de 1502 à 1506. La dernière n’a été livrée qu’en dé-
cembre 1506 et n’arriva de Bruges à Salins qu’au mois de janvier suivant. —
L’inscription vise-t-elle le commencement ou l’achèvement de leur fabrication?
— Il faut peut-être lire 1507 plutôt que 1501. L’inscription devait porter l'énoncé
de la date en chiffres romains, et dans la paléographie de cette époque le
chiffre VII peut être pris facilement pour le mot un.
1. Les dessins qui accompagnent cette notice sont la première reproduction
qui ait encore été faite de ces précieuses tentures.
2. Cette pièce a été achetée à Salins, pendant la Révolution, par un abbé
Monnier qui la légua à une famille de Dôle où elle fut religieusement conservée
jusque vers 1872 (Bibl. de Dôle, manuscrit 325, avant-dernier feuillet; — de Persan,
Recherches histor. sur la ville de Dôle, p. 113-114, note; — A. Marquiset, Statis-
tique histor. de l’arrond. de Dôle, t. I, p. 273; — Vie des saints de Franche-Comté,
t. I, p. 452). — Elle a été gravée dans l’Histoire de la tapisserie dans les Flandres,
d’Alex. Pinchart (Histoire générale de la tapisserie), p. 66, et dans La Franche-
Comté, de M. Henri Bouchot, p. 216. — Une quatrième tenture aurait encore été
sauvée (Bulletin archéologique publié par le Comité historique des arts et monuments,
t. II (1843-3), p. 272; Vie des saints de Franche-Comté, t. I, p. 452); mais nous
avons tout lieu de croire que cette allégation est erronée.
3. Bulletin archéolog., ibid. Communication au Comité par l’historien et archéo-
logue jurassien Désiré Monnier. — Suivant lui quatre tentures subsistaient alors;
mais dix-huit ans après, le même auteur est moins affirmatif, il ne parle plus que
d’une seule tenture sur les quatorze et ajoute : « Pendant les temps vandaliques
de la Révolution, on se servit de plusieurs pans de cette tapisserie pour envelopper
des fusils que l’on envoyait à l’armée. Les autres pans ont été prêtés... à de simples
particuliers qui auraient négligé de les rendre; l’incendie de la ville, en 1825,
paraît avoir anéanti le reste ». Annuaire du Jura, 1860, p. 273 et 294.
4. Catalogue de la 5e exposition de l’Union centrale des Beaux-Arts appliqués
à l’industrie (1876), p. 193-194; — A. Castel, Les Tapisseries (Bibliothèque des
merveilles), p. 87 et 310; — A. Wauters, Les Tapisseries bruxelloises, p. 68 ; —
de Boyer de Sainte-Suzanne, Les Tapisseries françaises, p. 129 et 314; — etc.
5. Alph. Rousset, Dict. histor. des communes du département du Jura, t. VI, p. 495.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
De cette précieuse suite de tapisseries, trois seulement ont échappé
à la destruction : la huitième et la douzième, conservées au Musée
de Salins ’, et la treizième donnée, en 1875, par M. Spitzer au Musée
des Gohelins 2. Les onze autres auraient servi à « envelopper les fusils
qu’on envoyait aux armées en 1793 » 3.
Depuis quarante ans jusqu’à ces derniers temps, il a partout été
imprimé plus d’une erreur et bien des inexactitudes à propos de la
Tapisserie de saint Anatoile4. Nous n’en relèverons qu’une, parce
qu’elle émane d’un érudit souvent mieux informé en fait d’histoire
et d’archéologie franc-comtoise. Ces tentures, d’après lui, auraient
été« fabriquées à Bruges, en 1501 et 1520, par Démétrius de Coste »3.
transcrite, c'est 1502, nouveau style. — Les quatorze pièces de la Vie de saint
Anatoile ont été fabriquées de 1502 à 1506. La dernière n’a été livrée qu’en dé-
cembre 1506 et n’arriva de Bruges à Salins qu’au mois de janvier suivant. —
L’inscription vise-t-elle le commencement ou l’achèvement de leur fabrication?
— Il faut peut-être lire 1507 plutôt que 1501. L’inscription devait porter l'énoncé
de la date en chiffres romains, et dans la paléographie de cette époque le
chiffre VII peut être pris facilement pour le mot un.
1. Les dessins qui accompagnent cette notice sont la première reproduction
qui ait encore été faite de ces précieuses tentures.
2. Cette pièce a été achetée à Salins, pendant la Révolution, par un abbé
Monnier qui la légua à une famille de Dôle où elle fut religieusement conservée
jusque vers 1872 (Bibl. de Dôle, manuscrit 325, avant-dernier feuillet; — de Persan,
Recherches histor. sur la ville de Dôle, p. 113-114, note; — A. Marquiset, Statis-
tique histor. de l’arrond. de Dôle, t. I, p. 273; — Vie des saints de Franche-Comté,
t. I, p. 452). — Elle a été gravée dans l’Histoire de la tapisserie dans les Flandres,
d’Alex. Pinchart (Histoire générale de la tapisserie), p. 66, et dans La Franche-
Comté, de M. Henri Bouchot, p. 216. — Une quatrième tenture aurait encore été
sauvée (Bulletin archéologique publié par le Comité historique des arts et monuments,
t. II (1843-3), p. 272; Vie des saints de Franche-Comté, t. I, p. 452); mais nous
avons tout lieu de croire que cette allégation est erronée.
3. Bulletin archéolog., ibid. Communication au Comité par l’historien et archéo-
logue jurassien Désiré Monnier. — Suivant lui quatre tentures subsistaient alors;
mais dix-huit ans après, le même auteur est moins affirmatif, il ne parle plus que
d’une seule tenture sur les quatorze et ajoute : « Pendant les temps vandaliques
de la Révolution, on se servit de plusieurs pans de cette tapisserie pour envelopper
des fusils que l’on envoyait à l’armée. Les autres pans ont été prêtés... à de simples
particuliers qui auraient négligé de les rendre; l’incendie de la ville, en 1825,
paraît avoir anéanti le reste ». Annuaire du Jura, 1860, p. 273 et 294.
4. Catalogue de la 5e exposition de l’Union centrale des Beaux-Arts appliqués
à l’industrie (1876), p. 193-194; — A. Castel, Les Tapisseries (Bibliothèque des
merveilles), p. 87 et 310; — A. Wauters, Les Tapisseries bruxelloises, p. 68 ; —
de Boyer de Sainte-Suzanne, Les Tapisseries françaises, p. 129 et 314; — etc.
5. Alph. Rousset, Dict. histor. des communes du département du Jura, t. VI, p. 495.