QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LES SALONS
leçon aux artistes de l’avenir et surtout aux architectes; car si les
meubles bizarres qu’il a inspirés sont parfois curieux et souvent tolé-
rables, on n’en peut dire autant des maisons, avec on sans décor de
céramique. 11 apprendra peut-être donc aux âges futurs que les
styles sont tous clos, et qu’on n'en peut plus inventer, si tant est
qu’on l’ait jamais fait.
L’humanité est vieille. Elle a,
je crois, fixé ne varietur la forme
extérieure des signes par lesquels
elle peut exprimer sa pensée. Il
est peut-être dans le monde entier
une dizaine de styles décoratifs.
Dans nos pays de l’Europe occi-
dentale, il n’en est en réalité que
deux ; oui, deux grands s tyles géné-
raux, avec plusieurs subdivisions,
bien entendu : il y a, d’une part,
les styles qui procèdent, ou direc-
tement ou indirectement, des arts
gréco-romains, et, d’autre part,
ceux qui dérivent de l’art dit go-
thique. Que l’on examine, discute,
varie par toutes les influences ré-
ciproques, par les éléments popu-
laires, par les nécessités locales,
sociales, climatériques, en der-
nière analyse il en faudra toujours
revenir là. Ce sont les deux gran-
des souches, comme la souche
latine et la souche germanique sont les deux mères uniques de
toutes les langues que nous parlons dans la même Europe occi-
dentale.
Je finis par me figurer que c’est là une nécessité, et comme
l’effet d’une loi de l’esprit humain. En vain, on a voulu changer ces
cadres et les renouveler. On a voulu recourir à l’imitation du règne
végétal, feuilles, fleurs, comme si la chose était encore à faire : car
le grand mouvement du xme siècle fut tout justement un retour aux
formes végétales de la nature, tiges, bourgeons, ramures, mais avec
le respect constant de la ligne droite, que nous tordons, quant à nous,
dans tous les sens, dans les ornements renflés de nos maisons ven-
VA SE EN GRES
PAR M. DEL A II ER COE
^Société Nationale des Beaux-Arts.)
leçon aux artistes de l’avenir et surtout aux architectes; car si les
meubles bizarres qu’il a inspirés sont parfois curieux et souvent tolé-
rables, on n’en peut dire autant des maisons, avec on sans décor de
céramique. 11 apprendra peut-être donc aux âges futurs que les
styles sont tous clos, et qu’on n'en peut plus inventer, si tant est
qu’on l’ait jamais fait.
L’humanité est vieille. Elle a,
je crois, fixé ne varietur la forme
extérieure des signes par lesquels
elle peut exprimer sa pensée. Il
est peut-être dans le monde entier
une dizaine de styles décoratifs.
Dans nos pays de l’Europe occi-
dentale, il n’en est en réalité que
deux ; oui, deux grands s tyles géné-
raux, avec plusieurs subdivisions,
bien entendu : il y a, d’une part,
les styles qui procèdent, ou direc-
tement ou indirectement, des arts
gréco-romains, et, d’autre part,
ceux qui dérivent de l’art dit go-
thique. Que l’on examine, discute,
varie par toutes les influences ré-
ciproques, par les éléments popu-
laires, par les nécessités locales,
sociales, climatériques, en der-
nière analyse il en faudra toujours
revenir là. Ce sont les deux gran-
des souches, comme la souche
latine et la souche germanique sont les deux mères uniques de
toutes les langues que nous parlons dans la même Europe occi-
dentale.
Je finis par me figurer que c’est là une nécessité, et comme
l’effet d’une loi de l’esprit humain. En vain, on a voulu changer ces
cadres et les renouveler. On a voulu recourir à l’imitation du règne
végétal, feuilles, fleurs, comme si la chose était encore à faire : car
le grand mouvement du xme siècle fut tout justement un retour aux
formes végétales de la nature, tiges, bourgeons, ramures, mais avec
le respect constant de la ligne droite, que nous tordons, quant à nous,
dans tous les sens, dans les ornements renflés de nos maisons ven-
VA SE EN GRES
PAR M. DEL A II ER COE
^Société Nationale des Beaux-Arts.)