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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 30.1903

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Nr. 1
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Toudouze, Georges Gustave: Tradition française et Musées d'art antique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24812#0095

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TRADITION FRANÇAISE ET MUSÉES D’ART ANTIQUE 83

et assez effacée pour que leur présence ne trouble pas autant qu’on
pourrait le craindre la religieuse atmosphère de beauté calme et se-
reine dont s’enveloppe le rocher sacré de Pallas-Athéné. Mais, quelque
peu choquante que soit l’heureuse neutralité de ces petites con-
structions, il faut encore que leur présence sur le plateau, et non
à l’extérieur de l’enceinte, s’explique d’elle-même. Pour l’artiste,
cette explication est bien vite découverte, et le rôle grandiose que
viennent jouer les précieuses collections de ce musée dans l’exquise et
troublante griserie d’art donnée par l’Acropole suffit à faire excuser
l’existence des deux petits édifices. Le public ordinaire est beaucoup
moins vite instruit, et même peut-être ne l’est-il pas du tout.

Or, il n’est pas de musée d’art antique dont l’individualité propre,
la personnalité spéciale, aient un caractère aussi pleinement atta-
chant que celui-là. 11 n’en est pas non plus qui prête mieux à une
mise en scène aussi complètement suggestive, aussi pleinement
évocatrice.

Le musée de l’Acropole d’Athènes, en effet, abrite exclusivement
les œuvres d’art découvertes sur le plateau sacré, quelles qu’elles
soient. Et puisque aujourd’hui sur l’Acropole les fouilles sont consi-
dérées comme terminées, le sol meuble ayant été partout retourné
jusqu’au roc vif, le musée présente ce double avantage d’être une col-
lection limitée et fermée. Rien ne peut plus être changé, quoi qu’on
découvre ailleurs : la porte est désormais close. Et on a mêmequgé
bon d’appauvrir cette collection en lui retirant ses bronzes, opéra-
tion vraiment déplorable qui en change la physionomie générale.
Musée restreint dans le temps comme dans l’espace, puisqu’il ren-
ferme seulement les objets échappés aux révolutions de Ehistoire
depuis le vu0 siècle avant l’ère chrétienne jusqu’à l’époque romaine,
musée définitif, ce tabernacle du sanctuaire athénien de Dallas a
encore Davantage d’avoir un nom, un vocable dominateur : c’est
la fière figure de la déesse aux yeux pers qui plane, invisible et
présente, sur ces ruines suprêmes de son culte disparu et les unit
entre elles d’un indestructible et mystérieux lien. Ce musée se divise
de lui-même historiquement en deux parties et vient nous présenter
deux Acropoles qui vécurent successivement, eurent chacune leur
caractère bien différent et aujourd’hui sont là survivantes face a
face. L’une, l’Acropole des premiers âges attiques, avec tout le
charme étrange, toute la déconcertante physionomie de ses fuis, de
ses marbres tantôt frustes et rudes, tantôt raffinés et presque manières
dans leur chatoyante parure de couleurs éteintes ou transformées
 
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