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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 32.1904

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Nr. 1
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Reinach, Salomon: La déesse aux serpents au Palais de Cnosse (Crète)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24814#0022

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

rean divin. La fable d’Europe, enlevée en Phénicie et portée en
Crète par Zeus métamorphosé en taureau, ne diffère de celle de
Pasiphaé que par une atténuation de l’élément zoomorphique : le
taureau divin y sert seulement de monture à la princesse et la
légende lui fait reprendre la figure humaine pour achever sa con-
quête. Toutes ces traditions, si bizarres qu’elles nous semblent,
s’expliquent facilement si l’on admet que les habitants primitifs
de la Grèce avaient pour divinités des animaux; le taureau qui aime
Europe, le cygne qui aime Léda n’étaient pas, comme pouvait le
croire Ovide, Zeus transformé en taureau ou en cygne; c’est le tau-
reau et le cygne divins qui, avec le temps, ont pris figure humaine,
et se sont, si l’on peut dire, transformés en Zeus.

L’emplacement du palais de Cnosse a été très anciennement
habité, probablement dès l’an 4500 avant J.-C. M. Evans a con-
staté, au-dessous des constructions monumentales qu’il a déblayées,
l’existence d’une couche de débris épaisse de 5 à 7 mètres, qui s’est
formée, au cours de longs siècles, par l’effondrement de petites
huttes antérieures à la connaissance des métaux. Vers l’an 2500
avant J.-G. commence la période dite Minoenne (de Minos), au cours
de laquelle fut construit un premier palais dont on a pu retrouver
quelques éléments. Le second palais fut édifié vers l’an 2000, à une
époque où l’art du potier et du graveur de gemmes avait déjà atteint
un développement remarquable. Le palais lui-même paraît avoir
été détruit en partie vers 1500, à la suite d’une invasion d’insu-
laires qui, depuis longtemps tributaires de l’industrie crétoise, vou-
lurent s’emparer de ce centre de production et de richesse. Le
palais fut reconstruit ou réparé avec soin, car les envahisseurs ou
conquérants n’étaient pas des sauvages et participaient à la même
civilisation que les vaincus. Un certain nombre d’objets d’art relatifs
au culte, qui avaient éprouvé des avaries, furent ensevelis alors
dans des espèces de cachettes pratiquées au-dessous des salles du
palais. Cela se passa-t-il avant l’invasion ou immédiatement après?
Il est difficile de rien décider à cet égard, mais on peut considérer
comme certain que les objets découverts dans les cachettes sont
antérieurs à l’an 1500 avant J.-C. et appartiennent à T « ancien
fonds » du second palais. Cela est encore confirmé par le fait que,
dans ces cachettes, la poterie mycénienne caractéristique n’est pas
représentée; or, nous savons maintenant que la céramique à décors
zoomorphiques et curvilignes, que les fouilles de Schliemann à
Mycènes ont révélée en 1876, appartient à la seconde moitié du
 
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