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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 32.1904

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Nr. 3
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Leclercq, Julien: J. W. Turner, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24814#0277

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J. W. TURNER

(deuxième et dernier article1)

Bref, à la National Gallery, en obéissant à un premier mouve-
ment, l’on penche à être injuste et l’on risque de ne pas appré-
cier à leur mérite les œuvres qui marquent une vraie person-
nalité, un affranchissement, une maîtrise et une nouveauté dans l’art.
Nous ne parlons pas encore de Y Ulysse raillant Polyphème, qui est une
belle peinture. Gustave Moreau l’eût aimée. Cette toile importante
fut peinte en 1829 et exposée à la Royal Academy l’année même. Tur-
ner, en effet, rejoint là l’idéal d’artistes comme Moreau, en France,
et comme Bôcklin, en Allemagne, qui, tout imbus des richesses de
ton romantiques, revenaient aux inspirations classiques. L'Ulysse
raillant Polyphème est, en marine, l’équivalent du paysage histo-
rique, mais peint dans une magnificence de couleur « rubénienne »
dramatisée. Polyphème, au sommet de son rocher, apparaissant dans
une éclaircie du ciel, porte bien la marque de Rubens. Ce n’est pas
encore la grande originalité que nous découvrons dans ce tableau,
mais, en voyant Turner effleurer le romantisme à travers l’éduca-
tion classique qu’il s’est donnée, nous le voyons du même coup
passer par-dessus le romantisme et se dégager malgré lui d’une édu-
cation pour laquelle il manquait de tranquillité native. En analysant
l’idéal d’un Moreau et d’un Bôcklin on y reconnaît assez vite une
tendance réactionnaire. Le préromantisme de Turner semble au
contraire transitoire et normal. L’instinct était si puissant chez
celui-ci et dominait si bien la réflexion théorique, les principes et
l’éducation, et sa mobilité d’esprit était telle, que des phénomènes
psychologiques d’évolution d’art, qui, souvent, ne se produisent que
par la réaction ou l’enchérissement d’une génération sur l’autre,

1. Y. Gazette des Beaux-Arts, 1904,1.1, p. 483.
 
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