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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 32.1904

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Nr. 2
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Lafenestre, Georges: L' exposition des primitifs français, 4
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

qu’à moitié pénétrer par leurs nouveaux maîtres. La Flore attribuée
à Primatice (coll. d’Albenas) n’a conservé dans son type d’élégance
souriante, dans la grâce trop effilée de ses nudités discrètes, qu’un
souvenir très adouci et très réchauffé, dans le coloris, du manié-
risme bolonais. Dans Diane et Açléon, du musée de Rouen, der-
rière les nudités, nymphes, satyres, bergers, d’une facture grasse
et savoureuse, plus vénitienne que florentine, un paysage boisé,
d’une vérité puissante, et un cavalier, un pourpoint rayé, d’une su-
perbe allure, témoignent qu'à Fontainebleau on savait encore re-
garder la nature, comprendre la vie, et la représenter avec franchise.
D’autre part, dans la répétition du célèbre tableau de la Dame au
bain se faisant servir une collation (coll. Frederick Cook),où les uns
veulent voir Diane de Poitiers et les autres Gabrieile d’Estrées,
attribuée aux Clouet, à Quesnel et à d’autres, l’exécution grasse et
colorée, à la manière de Pieter Aertzen, de la nourrice, des enfants,
des fonds, des accessoires, indique chez quelques artistes une
persistance heureuse dans l’observation réaliste. On en trouverait,
je crois, dans nos provinces de Loire bien d’autres exemples. Une
preuve charmante de cette persistance nous est d’ailleurs offerte par
la Danse de paysans autour d’un arbre (coll. Thévenin) ; c’est une
pièce vraiment caractéristique, une illustration, vive et contempo-
raine, des églogues de Ronsard et de Remy Belleau. Le paysage,
d’une sincérité remarquable, en retournant à Fouquet, y présage le
paysage moderne. Serait-ce une pièce unique? On ne saurait le
croire. De ce côté il reste donc beaucoup à chercher et, nous l’espé-
rons, à trouver. Nous voulons sauver, désormais, tout ce qui nous
reste de notre glorieux patrimoine trop longtemps dédaigné. Toutes
les œuvres de nos ancêtres nous sont chères, dès qu’elles nous,
apportent une expression sincère de leur sensibilité et de leur pensée.

En attendant, nous serions bien difficiles si nous ne nous décla-
rions pas satisfaits des résultats obtenus, résultats qui ont dépassé
toutes les prévisions et toutes les espérances, même les plus opti-
mistes. Durant trois mois, l’Exposition des Primitifs français n’a
cessé d’être fréquentée par des visiteurs attentifs et studieux, de
toute profession, de toute classe, de tout pays. Leur nombre, géné-
ralement, a été de 1 200 à 1 500 par jour. On peut donc évaluer à une
centaine de mille le chiffre des amateurs qui sont venus, à plusieurs-
reprises, se fortifier dans la conviction que nos vieux peintres méri-
taient, comme leurs contemporains du Nord et du Midi, aux xive et
xve siècles, une élude attentive, et parfois une profonde admiration.
 
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