Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 32.1904

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Marguillier, Auguste: L' Exposition Internationale des Beaux-Arts de Düsseldorf
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24814#0478

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
424

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

nature morte d’un métier si parfait, etc. Entre tous ces tableaux, une Étude d’in-
térieur (appartenant à la Galerie de Berlin) étonne, vu sa date (1845), par la
liberté de sa facture, la franchise toute moderne de l’observation et du rendu de
la lumière, et le Jardin du prince Albert (1846), le Chemin de fer de Potsdam
(1847) montrent non moins victorieusement résolu le problème de la peinture de
plein air, tandis que les Obsèques des combattants de mars 184-8 attestent déjà à
cette date l’intérêt porté par l’artiste aux spectacles de la vie ambiante.

Parmi les aquarelles et gouaches on admire de magistrales études pour le ta-
bleau du Couronnement du roi Guillaume : le Ministre von Patow, le Général de
Moltke, le Général de Webern, le Comte de Wrangel, etc., puis ces compositions,
d’un aspect parfois un peu papillotant, mais d’un métier si achevé : la Causerie,
le Prône ci Innsbruck, Aux eaux de Kissingen, La Synagogue de Prague, La Digestion
interrompue, En chemin cle fer la nuit, Voltaire s'habillant, VAdresse de la ville de
Berlin au roi Guillaume pour le retour des troupes victorieuses en 1866, Le Maître-
autel de la Damenstiflkirche à Munich, surtout cette merveille : Le Maître-autel de
la cathédrale de Salzbourg, des études d’animaux, etc., toutes œuvres d’une fac-
ture aussi large que précise, et d’une exécution si libre qu’on a peine à les
croire issues de ce milieu berlinois jusqu’à ces derniers temps si académique
et lourdement gourmé. Une petite salle de dessins (où manquent, malheureu-
sement, les illustrations pour l’histoire du Grand Frédéric) complète l’ensei-
gnement : notations de toute sorte, tantôt rapides, tantôt plus achevées, tou-
jours justes d’observation et vivantes.

Whistler, Rodin, Carrière partagent avec Menzel la souveraineté de cette
exposition. Une seule toile, pourtant, représente le premier et deux le der-
nier, mais combien pleines de cette émotion communicative et de cette
marque personnelle qui font les chefs-d’œuvre! De quelle suprême distinction
dans la conception et l’exécution, de quelle magie d’évocation où le rêve semble
avoir autant de part que la réalité, de quelle harmonie délicate et rare dans ses
tons bleu paon éteint et rose violacé, est la Violoniste du maître américain! De
quelle tendresse profonde, lourde de pensée grave et d’humanité, la. Maternité et
l'Étude de femme du maître français!

A ces visions d’élégance et d’amour la riche imagination créatrice d’un
Rodin ajoute, en des œuvres singulièrement puissantes et toutes pénétrées des
frissons de la vie, une interprétation autre, non moins originale et prenante, du
monde des formes et des sentiments. La majeure partie de ses productions est
là rassemblée, et jamais réunion plus complète n’en avait été vue à l’étranger.
11 y manque, il est vrai, l’ensemble des Bourgeois de Calais, la Porte cle l’Enfer et
le Balzac (représenté seulement par une petite étude de nu préliminaire et une
réduction en bronze de la tête de la statue); mais Y Homme au nez cassé, l'Illusion,
la tête de Bellone, les bustes de Rochefort, de J.-P. Laurens, d’Antonin Proust, de
Mme F..., de Mme Rodin, des moulages de ceux de Puvis de Chavannes, de Dalou,
de Falguière, de l'Age d’airain, du Saint Jean, du Baiser, du Victor Hugo, du
Penseur, de VÈve, de quelques-uns des Bourgeois de Calais, du Fils d’Ugolin, de
Paolo et Francesca, du Génie du repos, du Saint Georges, etc., et de plusieurs
petites études non moins significatives, suffisent à résumer dans ses caractères
essentiels et sa variété l’œuvre du maître, et l’on a plaisir à constater combien
il est goûté et compris du public allemand.
 
Annotationen