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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 32.1904

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Nr. 6
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Marx, Roger: Le Salon d'Automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24814#0517

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LE SALON D’AUTOMNE

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vent maintenant un corollaire dans le Salon d’automne, inauguré
l’an passé.

Ses allures libérales le rapprochent du Salon des Indépendants, ou
encore des expositions impressionnistes de glorieuse mémoire; mais
le programme paraît plus vaste, les éléments constitutifs sont plus
divers à raison de l’ambition évidente d’unir les forces vives de l’art,
de faire la somme des initiatives, d’où qu’elles viennent, en quelque
sens qu’elles soient dirigées; c’est un lieu d’entente et de combat, un
asile ouvert à l’originalité, où, à travers la confusion des recherches,
chacun pressent un art qui évolue et qui saura ajouter au legs
ancestral. On y peut embrasser le généreux essor d’une jeunesse
ardente, dont le labeur n’apparaît, au cours de l’an, que dissé-
miné, morcelé, fragmenté; on y goûte le talent inédit, dans la ver-
deur, parfois un peu âcre, de ses prémices ; on s’y édifie au long sur
ce que Duranty appelait naguère les tendances de la « nouvelle
peinture1 ».

Tenez que ces inventeurs, si volontiers qualifiés de révolution-
naires, ne croient en aucune façon à la génération spontanée; ils se
reconnaissent les descendants de maîtres auxquels ils aiment à
rendre hommage. De là toute une série d’expositions rétrospec-
tives, récapitulatives, historiques pour mieux dire, qui établissent
les filiations, rattachent le présent au temps jadis et invitent à re-
monter très avant dans le passé. Le souvenir renoue par delà Puvis
de Chavannes avec Ghassériau, par delà Cézanne avec Courbet, par
delà Oditon Redon avec Rodolphe Bresdin, par delà Lautrec avec Dau-
mier et Degas. Sans contredit, malgré ces évocations, plus d’un an-
neau manque à la chaîne et l’on s’abuserait à négliger l’ascendant
exercé sur les dernières générations par un Gauguin, un van Gogh
ou un Seurat; d’autre part les actions subies se juxtaposent, s’en-
chevêtrent, se combinent : ainsi un groupe de peintres se peut se
réclamer à la fois de Gustave Moreau et de Cézanne; certains allie-
ront Fan tin-Latour et Seurat dans la ferveur d’une dilection com-
mune; Maurice Denis, le tendre et délicieux décorateur de l’église
du Vésinet, procède tout ensemble de Puvis de Chavannes et de
Gauguin. N’importe : à la faveur d’éclaircissements répétés, des
mouvements d’art tenus naguère pour déraisonnables ne présentent
plus rien de déconcertant aujourd’hui, et l’expérience a appris
combien est près de sembler légitime ce qui cesse de paraître inex-
plicable.

i. La Nouvelle peinture, par Duranty. Dentu, 1876 ; brochure in-8°.
 
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