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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 10.1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.6814#0007
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1CT" ANNEE. — N° 456

PARIS ET DEPARTEMENTS : 15 CENTIMES LE NUMERO

4 Janvier 1880.

RÉDACTION

77, r. Neuve-des-Petits-Champs
paris

ABONNEMENTS

PARIS ET DÉPARTEMENTS

On an.......

Six mois.....

Trois mois...

8 fr.
4

o

ADRESSER

Lettres et Mandats à M. Madré
directeur-gérant
'7, r. Neuve-des-Petits-Champs

ADMINISTRATION

77, r. Neuve-des-Petits-Champs
paris

ABONNEMENTS

PAYS DE L'UNION POSTALE

Un an....... ÎO fr. »

Six mois..... 6 »

Trois mois... S 50

ANNONCES

Au bureau du Journal
et chez

M. Baudouin, 9, pl. de la Bourse

A

Bonjour madame !

Sans façon nous cuirons chez, vous, et nous
allons nous y installer pour douze longs
mois.

Permettez que notre chère République en
nronte pour s'asseoir.

■'e dis s'asseoir, et non se reposer...
. fout au contraire, il lui faut travailler, et
sincèrement.

Depuis assez longtemps elle reste dans
1 inaction,

Somnolente,

Anémique,

Bâillant,

Se délirant,

Et ennuyant les autres.
11 est temps, — grand temps, — qu'elle
prenne enfiu son aiguille...
Elle a bien coupé."..
Maintenant, qu'elle couse !

Le nouveau ministère.

l'our cela, votre ainée, Madame, en mou-
rai t, lui a laisse un cabinet de travail bien
monté.

Séparément, nos ministres sont bons...

Reste à savoir si, pris en bloc, ils forment
un bon ministère.

Nous l'espérons, mais, à vrai dire, nous en
doutons fort.

Feront-il tout le bien qu'on attend d'eux?

C'est possible...

Ils le peuvent...

Car, — quand on est au pouvoir, — pouvoir
est facile.
Pouvoir n'est rien,
Savoir, vouloir est tout.

Quîen salte?

Nos ministres savent-ils vouloir?

Sauront-ils éviter les contradictions absurdes
"ans lesquelles sont tombés leurs prédéces-
seurs ?

Sauront-ils pardonner aux fauteurs du 18
mars comme à ceux du 16 mai h

Sauront-ils, au lieu de retirer la liberté d'en-
seignement et d'association à une portion des
citoyens, l'accorder à tous ? »

Sauront-ils appliquer à la pensée humaine
la théorie libre-échangiste: < tout laisser faire,
tout laisser passer ?

S-iuront-ils réduire à néant toutes les lois
traîtresses, qui sommeillent dans les recoins
sombres du Code, d'où des juges grincheux
peuvent les faire sortir à chaque instant?

Sauront-ils réformer les institutions par la
base, sans se borner à déplacer des fonction-
naires , s'apercevant qu'en fait d'hommes
« plus ça change, plus c'est la même chose? »

Sauront-ils donuer à notre politique étran-
gère une distinction franche, et nous faire
respecter, sans nous lancer dans des aven-
tures, mais sans ramper non plus perpétuel-
lement devant nos voisins, comme nous le
faisons depuis 187G ?

Sauront-ils ne pas patauger sottement,
comme ils l'ont fait dans l'atlaire de Cent,
dont, entre parenthèses, nous ne savons pas
trop comment M. Jauréguiberry pourra se
tirer ?

Sauront-ils enfin tout ce qu'ils doivent sa-
voir?

Comme nous le disions au début, nous l'es-
pérons, mais nous en doutons fort.

Tous nos compliments.

Si vous pouvez réaliser ce miracle, Madame
1 année 1880, soyez la bienvenue...

Nous cesserons, sans regrets, nos rires mo-
queurs, pour vous remercier en souriant le
plus gracieusement possible,

Et nous vous prions, en attendant, de rece-
voir la carte et les souhaits de prospérité de
votre très-humble cl très-obéissant servi-
teur...

Qui espère en dire autant, dans 12 mois, à
votre successeur.

Gringoirk.

BUGUES £T GNONS

Députés et Sénateurs sont, comme le com-
mun des mortels, fort ennuyés d'avoir à
écrire quantité de lettres à l'occasion du jour
ne i an.

. • Margue s'est contenté d'en écrire
cinq.

X

Léo Taxil vient d'être excomume.

Il n'en restera que mieX en communion d'i-
dées avec nous.

X

La Compagnie du Gaz prétend qu'elle ne
peut livrer, aux consommateurs gelés, tout le
coke qu'ils réclament, parce qu'elle n'a pas
assez de chevaux dans ses écuries.

Ne serait-ce pas aussi un peu beaucoup
parce qu'elle a trop d'ânes dans ses bureaux.

X

Les élèves de Eontaneft, ayant fait du va-
carme, à propos de l'élection de leur profes-
seur llippolyie Mozé, dans Seine-et-Oise,
tous les réactionnaires triomphent.

Leur opposition n'est plus maintenant
qu'une gaminerie.

Bientôt ils ne pourront plus manifester leur
haino contre ta Marianne autrement que par
des sauts de mouton subversifs et des brai-
ments d'âne intempestifs.

X

VEvénement donne à ses lecteurs, comme
prime des cruchons de liqueurs fines. Je
doute que les lecteurs en question se trou-
vent absolument flattés de cette délicate at-
tention.

Le nombre et la valeur des lots de la lote-
rie franco-espagnole viennent d'être définiti-
vement arrêtés.

Le tirage se fera sans doute quand on an-
noncera de nouveaux faits et de nouvelles
inondations.

X

Lu dans un journal italien.

« Le pape a reçu, le '2i au matin, les
souhaits de tout le personnel de son anti-
chambre secrète.

Son aalichambe secrète » qu'es aco, mon
bon ?

X

Dit par Girardin, suivant Cornelis :

«.le ne puis être jérômistes, parce que je

suis actif, un va-de-l'avaot, et que le prince

est, un expeeptant ».
De là à dire que le prince a expeelé dans ses

bottes jusqu'au tirant, il n'y a qu'un pas.

X

L'Italie nous apprend que nous sommes
menacés de n'avoir plus de conciles.
Tout s'en va...

Les bals masqués perdent aussi, chaque
saison, de leur entrain et leur gaieté.

A la fin du siècle, Carnaval aura définitive-
ment vécu.....

Et, eu aucune saison de l'année, ou ne ren-
contrera plus dans les rues aucun chienlit.

X

Au moment où M. Riant faisait l'apologie
du clérieauisme au Conseil Municipal, sa fille
espirait dans un couvent.

Si pareille catastrophe était arrivée à un
radical, prêchant la iibre-peusée, il eût fallu
entendre les cléricaux hurler au doigt de
Dieu.

Mais, comme cette fois-ci encore, Dieu s'est
fourre sou fameux doigt dans l'oeil, calotius de
haut et bas étage restent muets comme des

carpes.

X

Les pompiers de liouou ont voté 500 francs
pour venir au secours des ouvriers saus tra-
vail.

Voilà de braves pompiers, qui se chargent
non-seulement de l'extinction des feux, mais
encore de celle du paupérisme.

Buridan.

GAZETTE DE MONTRETOUT

Le Aliuistère JJissextil

.18/SJ, je ne te regrette pas.

Année bâtarde, pluvieuse, neigeuse, bau-
queroutière, jésuitique, c'est avec joie que
j'assiste à tes funérailles.

C'est avec ivresse que je chante le de pro-
fmidis sur le passage de l'enterrement civil
ministériel — qui nous a tenu lieu de la trêve
des confiseurs. *

Salut à 1880 1

D'abord, c'est une année bt?*' Uile.

C'est charmant pour les ':>'...^s gens à ma-
rier, puisque, ces année--I.., ce sont les filles
qui font la cour aux parons;

Ensuite nous aven , un nouveau ministère
pour nos étrennes.

Le ministère Gambetta — sans Gambell t.

La politique française est une mine inépui-
sable de surprises.

Le cabinet Waddington est tombé sous un
vote de confiance.

Qui dorénavant voulez-vous qui ait con-
fiance aux votes de confiance ?

Combien de temps durera le Cabinet Bissex-
tile Lui donnera-t-on le temps d'atteindre sa
majorité ?

« Demandez le programme ! Le Programme
l'Eutr'acte ! L'analyse de la pièce qu'on va
jouer... Orgeat, limonade, bière I

B éfo r m es ad m i n is t ra ti ves,

Réformes judiciaires,

Réformes militaires,

Réformes religieuses,

Liberté de réunion,

Liberté de la presse,

Liberté du crayon.

Ah ! Messieurs les Ministres, nous n'en de-
mandons pas tant ; donnez-nous seulement la
liberté d'être libres — nous vous faisons grâce
du reste I

***

Mon Ministère.

Moi aussi, M. Grévy m'a fait appeler à
l'Elysée.

— Mon cher Montretout, m'a dit M. le Pré-
sident, qui est toujours très-poli, tel que vous
me voyez, je suis encore plus embarrassé
qu'un conducteur d'omnibus par 18 pouces de
neige.

■ Oui, je sais, depuis que Waddington vous
a lâché, vous ne savez plus à quel saint vous
vouer.

— C'est cela. J'ai fait venir ici tour à tour
députés et sénateurs ; tous me proposent les
combinaisons les plus absurdes.

— Eh bien 1

— Eh bien ! sans autres prolégomènes, vou-
lez-vous vous charger de me constituer un
ministère?

— Je ne dis pas non, mais à une condi-
tion.

— Laquelle?

— Vous supprimerez la censure.

— Accepté. Vous avez vingt-quatre heures
pour réfléchir.

— Il ne m'en faut pas tant que ça, J'impro-
vise toujours. Si vous voulez un cabinet so-
lide — un ministère naturaliste, voici ma
liste, :

Intérieur — Brébant.
Affaires étrangères — Margue.
Guerre — Ruggieri.
Marine — Duhamel.
Commerce — Francis Magnard.
Justice — Guignol.
Cultes — Vaudémont.

Postes et Télégraphes — Mirni-Saint-Epislo-
laire.

Beaux-Arts — Albert WolfT.
Finances — Philippart.
Travaux publics — Sarah Bernhardt.
Instruction publique — Emile Zola.

— Mais, mon cher, me dit M. Grévy, cela
manque un peu d'homogénéité... Est-ce qu'il
n'y aurait pas moyen de fourrer dedans
M. Dufaure?

— Si, envoyez-le aux colonies.

— Mais, qui est-ce qui sera chef de ca-
binet?

— M. Margue, parbleu 1

— Oh 1 non, il est trop bruyant 1

Je regrette que M. Grévy n'ait pas donné
suite aux négociations. Je n'aurais retenu
pour moi aucun portefeuille, mais j'eusse peut-
être accepté, si l'on eût insisté, la rédaction
en chef du Journal officiel.

Un à-peu-près

— C'est incroyable le nombre de journalistes
qui chantent les louanges de M. Lepère.

— Gela donne tort au proverbe : « Il faut
battre Lepère pendant qu'il est chaud 1 »

Un drôle de pistolet.

— Le Figaro donne en prime un pistolet à
vent.

— Et après?... *

***

Ce rjui ne se verra, jamais.

Les journaux prétendent que Nasser-Ed-Din,
inquiet des progrès des Anglais eu Asie, veut
marcher au secours do Yakoof-Khan.

Ce serait un joli comble si !'o Shah venait
défendre le commandant d'Ilér^i 1

k

Lies T ' -.mes.

On demandait à Dumas de définir les étren-
nes.

— 11 y en a de trois sortes, dit-il : les étren-
nes qui se mangent, les étrennes qui se ran-
gent et les étrennes qui se changent I

Montretout.

La France nous parait avoir une étrange
idée de l'Amiérique. On dirait que le rédacteur
de ce journal ne connaît les Etats-Unis
que par le livre de Laboulaye, qui, entre pa-
renthèses, n'a jamais, m'assure-t-on, franchi
l'Atlantique. Vendredi dernier, la feuille de
M. de Girardin consacrait aux yankees un
long article intitulé Ave César. César, lisez
Ulysse Grant. Le titre semblait indiquer que
l'auteur jugeait la situation aussi nettement
que pourrait le faire une personne ayant lu,
au moins une fois depuis cinq ans, le Courrier
des Etats- Unis. Le paragraphe suivant prouve
qu'il n'en est rien :

Ce général, qui est assurément le premier
homme de guerre de notre époque et qui a
sauvé l'Union américaine, comme jadis Bona-
parte sauva la France, a remis depuis long-
temps son épée au fourreau. Salué à plusieurs
reprises par tout un peuple, comme aucun ci-
toyen ne l'a jamais été en aucun temps, et
porté d'un élan unanime à la première ma-
gistrature de l'Etat, il n'a jamais songé à se
perpétuer au pouvoir.

Pas plus que le renard de la fable ne cher-
cha à atteindre les raisins.

X

L'insupportable petit père de Gasté est d'avis
que l'on doit augmenter les traitements des
évêques et des archevêques, sous ce charmant
prétexte, que presque tous les salaires ont pro-
gressé depuis vingt ans.

Ceci est vrai. Mais si les patrons ont pu
payer davantage leurs ouvriers, cela tient sur-
tout à ce qu'ils ont trouvé une compensation
dans les perfectionnements de la mécanique.

Que Nosseigneurs les prélats trouvent donc
moyen d'appliquer la vapeur ou les machines
à air comprimé au fonctionnement des sacrés
appareils usités dans le culte catholique, de
façon à augmenter la production des ortmus
et des indulgences dans une notable propor-
tion, et nous verrons s'il nou« est possible de
les salarier davantage, sans exiger d'eux des
heures en plus.

Le général Ivanow, gouverneur d'Odessa,
vient d'accoucher du décret suivant :

Je rencontre beaucoup d'enfants revêtus
d'uniformes pareils à ceux des soldats ou des
marins. J'iavite les parents à les habiller dé-
sormais autrement « pour éviter toute confu-
sion ».

Le général Ivanow a oublié d'ajouter que
cette «invitation n'est que provisoire». Quand
tous ces enfants là seront devenus grands, elle
n'aura plus raison d'être.

X

Paul de Léoni prononce l'oraison funèbre du
cabinet Waddington.
Conclusion :

11 fallait un char pour porter la l'urtuue de
César; le tombereau suffit pour le cabinet
d'hier.

Nous sommes loin de soutenir ce cabinet
tombé, dont nous avons toujours combattu les
élémeuls disparates. Mais si le tombereau
«nous semble drôle, le «char* nous semble
grotesque. Et notre humble avis est que s'il
est permis de dire que le ministère Wadding-
ton et C° a été enlevé sur une brouette, on
doit, pour conserver les proportions, ajouter
qu'on a déblayé la France des ordures impé-
riales en les entassant dans des tonneaux de
la Compagnie Richer.

X

Pour nuire une réflexion nmore d'un impie,
au moment de l'offrande : — qui donne aux
pauvres prête à Dieu, soit. Mais qui donne
à Dieu ferait bien mieux de prêter aux pauvres.

Henry Vaudémont.
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