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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 10.1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.6814#0056
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10*8 ANNEE. — N° 469

PARIS ET DEPARTEMENTS : 15 CENTIMES LE NUMERO

4 Avril 1880.

RÉDACTION

r. Neuve-des-Petits-Champs
PARIS

ABONNEMENTS

PARIS ET DÉPARTEMENTS

Un an.....

Six mois...
>ois mois.

8 fr. »
4 »
2 »

ADRESSER

Lettres et Mandats à M. Madré

directeur-gérant
n, r. Neuve-des-Petits-Champs

ADMINISTRATION

81, r. Neuve-des-PrtiU-Champs

PARIS

ABONNEMENTS

PAYS DE L'UNION POSTALE

Un an....... ÎO fr. »

Six mois..... 5 »

Trois mois... 2 SO

ANNONCES

Au bureau du Journal
et chez

M. Baudouin, 9, pl. de la Bourse

ZIGZAGS

parlons franc

Je ne chercherai pas à le dissimuler un
seul instant.

A la profession, pourtant si lucrative et si
honorable de rédacteur du Grelot.

Je préférerais celle, encore plus honorable
et plus lucrative de député.

le pays de cocagne de mes rêves

Si jamais ce souhait, que je me permets de
formuler ici, si réalise,

Il va sans dire que j'irai siéger — le moins
possible — sur les bancs de la gauche oppor-
tuniste.

Là, je coulerai des jours tissus d'or et de
soie,

De sourires de ministres,
De courbettes de fonctionnaires,
De poignées de mains d'électeurs,
De places accordées à mes parents, amis et
connaissances.
Et de vacances !

dolce far n1ente

Ah ! l'on peut dire de la profession de dé-
puté ce que certain personnage de je ne sais
plus quelle pièce des Variétés disait de celle
de journaliste :

■— Un si beau métier... et si facile 1

S'ingénier à ne rien faire, tout est là.

Rendons à nos « honorables » actuels
cette justice qu'ils réalisent ce programme
avec un tact absolument supérieur.

Il ne ratent pas une occasion d'aller planter
leurs choux et cultiver leurs carottes.

Et, alors qu'ils siègent, ils s'arrangent de
façon à produire une besogne telle que zéro
serait en droit de nous intenter un procès en
diffamation, si on la lui comparait.

prêchons d'exemple.

L'article 7 est un des plus jolis exemples de
cette suave manière de procéder.
Pendant 2 ans on ne s'est occupe que de

Pour cela, on a laissé dormir la loi sur le
Divorce.
Celle sur la Presse.
Et tutte quanti.

Aujourd'hui, l'article 7 est enterré...

On ajuste perdu son temps..

Et l'on est réduit à finir par où, — si l'on
était vraiment libéral, — on n'aurait pas dû
commencer.

soignons la caisse.

Mais une discussion qui, par exemple,
pourra se vanter d'être traitée sérieusement,
c'est celle du budget.

Là dessus, on peut s'étendre, n'est-ce pas,
Messieurs les députés?

Cela permet à chacun de se faire sa petite
réclame, en demandant son dégrèvement

local... , ,

Et cela jouit de cet avantage unique, de
faire concurrence à la tapisserie de Péné-
lope... , .,.

Jamais celte question n est vidée.

Elle recommencera chaque année.

Après douze mois, comme le Phénix, elle
renaît de ses cendres.

Ohl c'est pour vous, honorables croque-
morts, une jolie pratique, que ce cadavre
récalcitrant I

frein ou cinquième rode ?

Et le Sénat t

Parlons-en de celui-là.

L'avons-nous assez bien jngé, il y a un an,
quand nous disions que, dans un avenir pro-
chain, il passerait à la réaction ...

Ce qui, d'ailleurs, est sa seule raison
d'être

Car, 's'il était de même avis que la Cham-
bre, où serait son utilité ?

Et qui ne sait que les Sénats ne sont pas
faits pour être inutiles, mais pour être nuisi-
bles!

le mot de la fin

A la dernière heure, on nous affirme que les
puissances étrangères protestent contre 1 ex-
pulsion de France des jésuites.

Cela me rappelle ces locataires de chambres
d'hôtel qui font interdire de fumer à un d'en-
tre eux, sous prétexte que cela chasse les
punaises de sa chambre dans les autres.

Gringoire.

GAZETTE DE MONTRETOUT

Poissons d'avril politiques.

Les journaux démoralisateurs (l'expression
est de Clémenceau) n'ont môme pas attendu
la fin de mars pour lancer leurs poissons
d'avril.

Et quels poissons, bonté divine?Ce ne sont
pas des goujons, des ablettes ni même des
carpes. — Ce sont de véritables esturgeons,
des requins 1 — Si la baleine était un poisson,
je dirais que ce sont des baleines d'avril!

Ah 1 les lecteurs ont un fameux gosier, un
fier estomac pour en avaler et en digérer de
ce calibre-là 1

Autrefois on se bornait à envoyer les naïfs
chercher la corde à viser le vent, le fil à couper
le beurre et la pierre à enfoncer le mou. Les
clercs d'avoué chargeaient leur saute-ruisseau
d'aller acheter pour deux sous d'huile de co-
trets ou bien de courir emprunter à l'étude
voisine le fameux code des arrêts futurs...

Aujourd'hui, grâce au progrès, le public se
laisse prendre à des fumisteries bien autre-
ment indigestes.

Et fait de poissons d'avril politiques, c'est
le Gaulois qui tient la corde.

« Le Gouvernement, dit le journal de la rue
Grange-Batelière, a dû attendre le départ du
prince Orloff pour expulser les jésuites parce
qu'il se trouve un cousin d'Alexandre parmi
les disciples de Saint Ignace. »

Vlan 1 avale, bon public ;

Demain le Figaro affirmera que le ministère
Freycinet lance la France dans une foule de
périls ;

Que le neveu du roi de Siam est membre de
la Compagnie de Jésus ;

Que le fils du valet de chambre du roi d'Ita-
lie ; que le petit neveu de la cuisinière du roi
d'Espagne ; que le bâtard de l'apothicaire du
prince de Monaco —

Sont des jésuites ;

Et que, par conséquent, nous nous ména-
geons de terribles représailles, non-seulement
en Europe mais de la part de l'Univers entier.
— Pas celui de Veuillot — l'autre I

Je ne suis pas ennemi d'une douce galté.

Mais je trouve absolument lugubre de me-
nacer sans cesse la France républicaine des
fureurs de l'Etranger.

Nous ne cherchons point, comme l'Angle-
terre de Lord Beaconsfield, à avoir la prépon-
dérance dans les Conseils de l'Europe.

Nous faisons tout doucettement et pacifique-
ment notre petit bonhomme de chemin, et,
sans bravade aucune, m'est avis que ceux qui
chercheraient à nous disputer notre place au
soleil trouveraient à qui parler.

Nous avons été condamnés en 1870, mais
nous avons subi notre peine et payé l'amende
de six millards...

Nous faire croire que nous sommes sous la
surveillance de la haute police de l'Europe,
est une mauvaise action.

Nous sommes les maîtres chez nous, nous
l'avons prouvé, et nous le prouverons encore,
en dépit des poissons d'avril du Gaulois, des
poissons sans arêtes, mais qui ne sont nulle-
ment de bon thon 1

Le comble du nihilisme.

Notre ami George Petilleau, correspondant
du Voleur, "en Angleterre, publie le compte-
rendu de la très intéressante entrevue qu'il
vient d'avoir à Londres avec le nihiliste Hart-
mann, documents utiles dans les annales delà
diplomatie Franco-Russe.

Le passage suivant est bien curieux :

« Le correspondant : Pourquoi me corri-
gez-vous quand je dis « nihilisme » ?

« Hartmann : Parce que je ne sais pas ce
que c'est que le nihilisme (il prononce nighil-
hismé). Vousriez? Rien n'est plus vrai. Je vous
jure que je n'aijamais vu un nihiliste de ma
viel Ce sobriquet que l'on nous a donné en
France et en Angleterre, et 'que, maintenant,
le gouvernement russe emploie également
pour nous désigner, ne signifie, c'est le cas
de le dire, absolument rien.

« — Cependant, on a défini le nihilisme :
négation de Dieu, du souverain, du diable,du
mariage, de la propriété...

« — C'est une plaisanterie. Le mouvement
d'idées qui s'est fait en Russie, — mouvement
dont la violence est d'autant plus brutale qu'il
a été réprimé plus longtemps, — c'est un
mouvement essentiellement socialiste Parlez

à la jeunesse russe du « nihilisme », elle ne
vous comprendra pas j.

Hartmann, lui-même, ne sachant ce que
c'est que le nihilisme! 1
Quel comble 1

Saint-Genestiana.

Magnard. — Mon cher, il faut que vous
me fassiez un article à sensation contre ce
gredin de gouvernement qui a refusé l'extra-
dition d'Hartmann.

Singe-né. — Je ne demande pas mieux, ça
fera enrager Chatrian.

(Note à benêts). L'illustre chroniqueur du
Figaro est intimement convaincu que Y Ami
Fritz a été écrit par Hartmann-Chatrian\

L'éloquence de la chair.

Ils vont bien les curés du midi.

La Gazette des Tribunaux nous raconte les
exploits amoureux d'un curé de province
délégué au conseil départemental de l'Instruc-
tion publique 1

Cet excellent curé a été condamné à trois
mois de prison et 1G francs d'amende pour
outrage publique à la pudeur sur la personne
d'une institutrice... laïque.

Eh l Eh I pas si ennemi crue cela de l'instruc-
tion laïque, le curé en question I à l'instar
du père D , il a consommé son petit « ou-
trage», dans un wagon de première classe.

Lui avait-on, en sa qualité d'ecclésiastique,
permis de monter avec les dames seules"!

Quoi qu'il en soit l'institutrice a été con-
damnée comme complice.

Voilà ce que c'est que de s'asseoir sur les
genoux de l'église!

Abrardiana.

Le duc d'Aumale. — Savez-vous quelle est
la mère de la Régie?

Mac-Mahon. — Je donne ma démission.

Le duc d'Aumale. — Pauvre vieux, qui ne
sait pas que c'est Tabaca.

Mac-Mahon. — Tabaca ! ? !? !

Le duc d'Aumale. — Mais oui, puisque
l'on dit : Tabac à fumerr de la Régie ?

Montretout.

CALOTINIANA

La mode étant décidément de combattre le
cléricalisme, nous ne voyons pas pourquoi
nous ne sacrifierions pas à la divinité, à la
Bellonore du jour, d'autant plus que nous
n'avons aucune répulsion à rompre une lance
contre les goupillons et les éteignoirs de
Loyola. De plus, étant donnée la flemme invé-
térée, que tout bon vivant porte dans son
cœur le saint jour de Pâques et son lendemain,
il nous est on ne peu plus commode de puiser
dans nos cartons, pour y recueillir des anec-
dotes, accumulées dans des accès de prévoyance,
et les servir toutes réchauffées à nos lecteurs,
lesquels en feront l'usage qu'il leur plaira.

Sans plus tarder, livrons-nous donc à cet
exercice, d'autant plus agréable pour nous que
nous comptons avoir la joie d'apprendre qu'il
a été désagréable à pas mal d'autres :

Et nunc erudimim !

***

Les moines ont introduit en Espagne une
coutume qui ne laisse pas que de leur être pro-
fitable. Quand un défunt a ordonné des mes-
ses, l'argent qu'il faut pour les payer se prend
sur le plus clair des biens de la succession,
préférablement à toutes ses dettes. Les Espa-
gnols ordonnent si souvent une grande quan-
tité de messes qu'il ne reste plus rien aux
héritiers. Ils appellent cela faire son âme
héritière.

***

Le duc d'Albe, père de celui qui vint en
1704 en France comme ambassadeur, ayant
perdu sa maîtresse qui s'était enfuie, faisait
dire des messes pour que Dieu lui fît la grâce
de la retrouver.

***

Boiveau, président de la chambre des comp-
tes de Dijon, ayant passé au jeu toute la nuit
de Noël et même une partie du lendemain, ne
revint chez lui qu'à deux heures après-midi.
Il avoua à sa femme qu'il avait perdu 1,800 pis-
toles.

— Comment, lui dit sa femme, si vous avez
joué depuis hier soir jusqu'à l'heure qu'il est,
vous n'avez pas ouï la messe?

— Non, ma mie I

— Ah ! malheureux, il ne faut pas s'éton-
ner si vous avez perdu I

— Mais celui qui m'a gagné ne l'a pas enten-
due non plus 1

***

Une dévote sans connaître
Le gros prieur de Saint-Marcel
Ouït sa messe, et sur l'autel
Compta douze sous pour le prêtre.
— Hé fi ! dit le valet tout haut,
Ma bonne madame, il vous faut
Des aumôniers d'une autre espèce,
Apprenez à les mieux choisir.
Et sachez, quand Monsieur dit messe,
Que ce n'est pas pour son plaisir.

***

Lorsque l'abbé Poule, aux sermons duquel
on a vu tout Paris courir, eut été pourvu d'une
abbaye, il cessa de prêcher, ce qui fit dire à
Louis XV, qui l'avait si bien doté.

— Quand la poule est grasse, elle ne pond
plus.

***

Les chrétiens tenaient autrefois les mathé-
matiques pour une science très suspecte, et
les mathématiciens pour des hommes sans
religion et des sorciers. L'étude de cette science
a été défendue dans l'Eglise depuis le règne
de l'empereur Constantin jusqu'au règne de
Frédéric IL Saint Augustin dit en termes
formels que les mathématiciens sont des hom-
mes perdus et damnés.

***

Dom Gerle, prieur des Chartreux et député à
l'Assemblée constituante, ayant fait, au mois
d'avril 1790, la motion de décréter la religion
catholique, la seule dominante en France,
l'abbé Maury dit hautement, sur la terrasse
des Tuileries, que l'on venait de mettre une
mèche allumée sur un baril de poudre. Dom
Gerle voulut retirer la mèche, mais il n'était
plus temps; la poudre prit et la mine sauta.

***

La mitre était anciennement une coiffure
particulière aux dames romaines. Ce que le
chapeau était aux hommes, la mitre l'était
aux femmes. Cet ornement dégénéra peu à
peu, et les femmes qui avaient quelque pu-
deur n'osaient plus eD porter.

La mitre devint le partage des femmes pu-
bliques. In quibus, dit Juvénal, grata est picta
lupa, barbara mitra. La mitre venait origi-
nairement des Perses.

Admirons donc le caprice du goût et la bizar-
rerie de la mode, qui ont fait servir à nos
cérémonies les plus augustes, ce que l'on em-
ployait à l'appareil de la galanterie, et mis sur
la tête des plus respectables ministres du
Seigneur les ornements dont se paraient les
courtisanes.

***

Un officier et un abbé, faisant de moitié,
s'étaient ruinés dans un tripot. L'abbé ne disait
mot, mais l'officier jurait comme un damné et
ne savait à qui s'en prendre. Quelqu'un pré-
sent lui dit :

— Monsieur l'abbé perd autant que vous et
ne dit rien.

— Non, dit l'abbé, mais je suis de moitié
avec Monsieur.

***

Quelqu'un, fatigué de faire antichambre
chez un évèque auquel il avait à parler,
demanda à un laquais :

— Que fait donc votre maître ?

— Il est avec d'autres évêques.

— Et que peuvent-ils faire ensemble?

— Ils se monseigneurisent.

***

L'évêque de Noyon, Grimaldi, se trouvait à
une audience de la grande Chambre où il y
avait un procès. Son avocat, en parlant de sa
Grandeur, n'employait pas d'autre terme que
celui de monseigneur. L'orgueilleux prélat,
ayant quelques réflexions à ajouter à ce que
venait de dire son défenseur, prit la parole
sans se lever. Le premier président, jaloux de
maintenir, de faire valoir, peut-être, son auto-
rité et celle du corps parlementaire, ennemi et
rival alors du clergé, apostropha en ces ter-
mes l'avocat et son client :

— Avocat, la Cour ne reconnaît peint de
monseigneur, et vous, Monsieur l'abbé, vous
vous rappellerez qu'elle ne vous permet de
parler devant elle que debout.

***

Etant jeune, le cardinal Dubois s'était ma-
rié dans un village du Eimousin, avec une
jolie paysanne. La misère les obligea à se sé-
parer à l'amiable. Il fut coq venu que la femme
gagnerait sa vie comme elle le pourrait, et que
le mari irait tenter fortune à Paris. Lorsqu'il
fut parvenu à l'épiscopat, Dubois craignit la
révélation d'un engagement qui passait les
libertés de l'Eglise gallicane. Il en fit confi-
denceàB..,, intendant de Limoges, qui trouva
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