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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 10.1880

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10™ ANNEE. — N° 484

PARIS ET DEPARTEMENTS : 15 CENTIMES LE NUMERO

18 Juillet 1880.

RÉDACTION

81, r. Neuve-des-PttiU-Ckampt

PARIS

ABONNEMENTS

PARIS ET DÉPARTEMENTS

Un an....... 8 fr. »

Six mois..... 4 »

Trois mois... * »

ADRESSER

Lettres et Mandats à M. Madré

directeur-gérant
81, r. NeuTe-des-Petits-Champs

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81, r. Neme-des-Petits-CAamps
PARIS

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PAYS DE L'UNION POSTALE

Un an....... ÎO fr. »

Six mois..... 5 »

Trois mois... 2 50

ANNONCES

Au bureau du Journal!
et chez

M. Baudouin, 9, pl. de la Bourse

Le comble du Comique

Décidément, nous vivons dans un temps
bien comique !

Ainsi, je suppose, chers lecteurs, que avez
ainsi que moi, pleuré sur le départ de ces
pauvres Jésuites.

— J'y suis, pour moi, d'une douzaine de
mouchoirs.

Eli bien, savez-vous qui s'est le plus ex-
clamé sur le sort de ces jolis fesseurs d'en-
fants ?

Savez-vous qui les a défendus ?

Et les défend encore tous les jours ?

Les écrivains dont ces bons pères ont fait
brûler les ancêtres !!

C'est épatant, n'est-ce pas ?

C'est pourtant comme cela.

Oui, lecteurs fidèles du Grelot, ce sont les
Juifs qui gémissent sur les malheurs des fils
de Loyola!!

Ainsi, pendant dix huit cents ans, les clé-
ricaux de toutes les espèces sont tombés sur
de malheureux Juifs comme la pauvreté sur
le monde;

Ils lesont, autant qu'il dépendait d'eux,

Brûlés,

Pendus,

Rossés,

Ecarte! és;

S'ingéniant, par milles tortures toutes plus
infâmes les unes, que les autres, s'ingéniant
dis-je, à en débarrasser le monde;

Ils en ont peuplé leurs filets,

Rassasié leurs échafauds,

Leur envoyant leurs crachats à la figure,

Et leur pied dans le derrière,

"Volant leur argent,

Et violant leur filles,

Et quand après dix-huit cents ans de cette
vie-là, des hommes se sont levés, des répu-
blicains, qui ont crié : holà ! à ces bourreaux,

Qui leur ont arraché leur masque de haine
et de luxure, les chassant du pays comme
d'ignobles drôles qu'ils étaient, et prenant
par la main les victimes sanglantes pour les
faire asseoir, encore toutes tremblantes, au
banquet de la Fédération,

Eh bien, il s'est trouvé, il se trouve desdes-
cendants de cette race si cruellement, si in-
dignement, si injustement persécutée, pour
défendre

Qui ?

Les républicains ? les sauveurs?
Non !

Mais les tortureurs, cléricaux de tout poil,
Jésuites de toute robe Ml
Qu'est-ce que vous dites de ça?
C'est à ne pas croire, n'est-ce pas ?
Eh bien cela est.

Oui! - les journaux réactionnaires sont pleins
de déclamations idiotes, de pleurnicheries
sentimentales, dues à des plumes tenues par
les descendants, d'Israël, et les bénitiers de
la Compagnie de Jésus se voient remplis des
pleurs de crocodiles de ceux dont les ancêtres
ont attaché ce même Jésus à la croix du
Golgotha !

Je le répète : épatant ! épatant !

Est-ce vrai, Monsieur Millaud?

Est-ce vrai, Monsieur Weill?

Est-ce vrai, Monsieur Arthur Meyer ?

De là, un déluge de bénédictions dont hé-
ritent lesdits descendants des persécutés sé-

Tandis que les chrétiens qui répudient
l'Inquisition et ses bûchers, les républicains,
les libérateurs, encaissent des injures et sont
traités par ceux que leurs pères ont délivrés
comme les derniers des va-nu-pieds 1

N'ai-je pas raison de trouver cela le comble
du comique i

Nicolas Flammèche.

BLAGUES ET GNONS

L'Union annonce que les banquets royalistes
de la Saint-Henri n'auront pas lieu cette an-
née en signe de deuil.

Comme il est impossible de s'arrêter à cette
idée aue les croisés de la fourchette font
trrèveà cause de la mort de celui que l'histoire
n'appellera jamais Napoléon IV, nous devons
croire que le deuil en question est celui de
leurs espérances.

Peut-être aussi y a-t-il là-dessous une ques-
tion d'économie...

La cotisation de cet inutile pique-nique est
utile à la caisse noire... ou pour payer son
terme.

Quelle dèche, ô mon Roy.

***

M. le député Freppel s'est abstenu dans le
vote de l'amnistie.

Le « Monsieur » oublie de mettre en prati-
que le pardon des injures que prêche théori-
quement le c Monseigneur. »

Baudry-d'Asson s'est cru énormément spi-
rituel en appelant la République le gouverne-
ment des serruriers.

Mon Dieu 1 »i nous avions voulu être tout
aussi spirituels, au lieu de baptiser le seize-
mai gouvernement des curés, nous l'aurions
appelé gouvernement des Monseigneurs.

Et chacun sait combien il est désagréable au
parti du comte de G... et des pianistes V... de
voir évoquer devant lui, en même temps que
l'idée de prélat celle de passe-partout.

***

On enlèvera un ballon place du Carrousel, le
14 juillet.

On en enlèvera sûrement d'autres qui ne
sont point sur le programme: ceux des réacs
entêtés qui voudront protester contre la joie
de tous les fils de 89.

***

Fantaisie à propos de l'amendement Bozérian:

— Monsieur, je ne mérite en rien le titre de
condamné de droit commun que je porte de-
puis dix ans.

— Donc vous l'avez volé ! Donc vous méritez
d'être condamné pour ce vol.....

— Mais alors je suis réellement condamné
de droit commun et je n'ai rien volé du tout...

— Donc vous ne méritez plus le titre de
condamné de droit commun et vous l'avez
volé...

Un lapin à qui sortira de ce cercle, plus
vicieux que le plus clérical des pianistes.

***

Si les faits qu'on reproche au colonel de
l'Espée sont prouvés par l'enquête qui se
poursuit au Havre, il sera mis en disponibi-
lité.

Le fait est que s'appeler l'Espée n'est pas
une raison pour faire charger sans rime ni
raison une foule à coups de sabre... baïon-
nettel...

De 1874 à 1878, les crimes ont diminué de
20 0/0.

Par contre les suicides ont considérablement
augmenté.

îl y a là peut-être une corrélation. Qui sait
si nombre d'individus ne se suicident pas pour
résister d'une façon absolument victorieuse
à l'envie qu'ils ont de commettre un crime?

***

Le roi de Siam a envoyé à la reine Victoria
la décoration de l'Eléphant blanc.

Dire que contre pareille grêle de ferblanterie
les pauvres souveraines restent sans défense I

***

En 1878, il y a eu 3,277 demandes en sépa-
ration de corps.

On voit que si le divorce est importun à bien
des gens, il y en a par contre un certain nom-
bre pour lesquels il est joliment opportun.

***

Toujours l'éternelle question d'Orient !

« Les complications se multiplient, dit l'Agence
Havas, et les diplomates songent aux mesures à
prendre. »

Des mesures pour leur frac, sans doute. Car
il va y avoir un bal, c'est évident. Les diplo-
mates ne sont bons qu'à danser, en àttendant
qu'avec un peu plus de franchise dans les cir-
culaires et un peu plus de simplicité dans les
pompes oflicielles, on ne finisse par se passer
d'eux et la leur faire danser à leur tour 1

***

Nouvelles complications en Egypte à propos
de la dette flottante.

Ce qui nous inspire ce comble de la déveine
pour les finances d'un État :

— Etre coulées et noyées par une dette
flottante.

***

Rien de drôle comme la souscription ou-
verte par Des Houx-Morimbeau en faveur du
Roy.

Oyez plutôt :

« Un républicain, ami de la religion qui a eu
Néron pour persécuteur...........1 fr.

! Cent sous pour avoir la photographie de ce
vieux républicain, jadis persécuté par Néron 1

***

« Une vieille royaliste, qui ne veut pas mourir
sans revoir son roy sur le trône......25 c.

C'est ça, pour cinq sous, l'immortalité ! C'est
pour rien 1

***

Le télégramme suivant me stupéfie :

Béziers, 4 juillet, 8 h. 25 soir
Hier soir, â dix heures, le dernier train rentrant
à Beziers a été heurté au tunnel du pont du ca-
nal par un tramway faisant le service de la place
Sérignan. Les brancards sont entrés dans la ma-
chine, malgré les efforts du mécanicien qui ren-
versa aussitôt la vapeur.

Plusieurs wagons ont été broyés. Le mécanicien
a été tué; plusieurs voyageurs ont été contusion-
nés.

Ainsi les tramways se mettent maintenant
à broyer des trains entiers...
Où allons-nous, bone Deus, où allons-nous?

***

On nous a remis l'autre jour un prospectus
ainsi conçu :

Ne pas confondre
JULES SIMON.-. LIMONADIER
39, rue de Châteaudun
Immuable dans ses principes, sert gaie-
ment des consomations, toujours les mêmes
et toujours de premier choix.

Jules Simon renié, même par les limona-
diers. Allons, cette fois, le voici bien décidé-
ment dans la limonade !

***

Lu, dans un journal clérical, cette infor-
mation que j'ai gardée pour le bouquet:

— « On admirera, dans la tribune du
Président de la République, lors de la distri-
bution des drapeaux, M. et Mme Gambetta
père...»

Util

Gringoire

ZIG-ZAGS

exemple d en bas.

C

bon

'est du sud aujourd'hui que nous vient le
i exemple, et du sud de l'Amérique, qui
plus est.
Une révolution éclata là-bas.
Gomme toujours, on n'a jamais su pourquoi.
Et comme toujours, on débuta tout d'abord
par se battre.

Les troupes provinciales tuèrent quelques
hommes aux troupes de Buenos-Ayres, qui le
leur rendirent, avec usure, paraît-il.

On incendia quelques maisons, on ravagea
quelques champs, d'aucuns profitèrent de
l'occasion pour faire fusiller comme espions
leurs créanciers et les gens dont la coupe de
favoris leur déplaisait...

Bref, tout semblait devoir se passer comme
dans toutes les révolutions imaginables...

Mais brusquement, il se fit une chose d'au-
tant plus inattendue et plus inaccoutumée
qu'elle est plus sage et plus rationnelle ;

Avant d'en venir à s'exterminer d'une façon
sérieuse, on se décida à s'expliquer, et ma foil
on s'aperçut, non sans quelque stupéfaction,
qu'on était complètement d'accord,

Alors, — embrassons-nous Folleville, — on
mit bas les armes, on se précipita dans les
bras les uns des autres, on se pardonna avec
une touchante mutualité, et au lieu de con-
sommer de la poudre à s'envoyer des pru-
neaux de six livres à la figure, on l'utilisa à
confectionner des feux d'artifice.

C'est là agir avec une sagesse que nous ne
saurions trop admirer, et que nous eussions
dû imiter en 71.

Si l'on avait écouté les sages délégués de la
ligue de la Paix, on ne se serait pas battu
alors, et en tous cas, on aurait pardonné aux
vaincus au lieu de les fusiller et de les dé-
porter ensuite.

Gela nous eût donné dix ans de concorde
dont nous n'avons pas joui.

Et, dame ! dans l'existence d'une nation, dix
ans de tranquilité, cela compte 1
je n'y puis rien comprendre (air connu).
J'avoue ne rien comprendre aux récrimina-
tions que l'on formule contre le Sénat.

A entendre tout le monde, c'est lui quicause
tout le mal.

Il entrave tout, s'oppose à tout, et s'il ne
réussit pas à tout empêcher, du moins retarde
tout. . -

Cela est vrai. Mais là est justement le rôle
du Sénat. C'est en cela seulement que d'au-
cuns lui trouvent une certaine utilité.

S'il était constamment d'accord avec la
chambre, il ne servirait à rien. Il nous volerait
notre argent. Et, comme il est éminemment
hounètejil tient à jouer consciencieusement
son rôle ue frein.

Peut-être si la Chambre voulait aller en ar-
rière, l'arrèterait-il en route ? Mais comme elle
s'obstine à marcher en avant, gravissant la
montée du Progrès, il se voit, à son grand re-
gret, — la mort dans l'âme, — contraint dere-
tarder la marche, ne fût-ce que pour prouver
qu'il ne l'arrête pas complètement alors qu'il
le pourrait faire.

On calomnie les sénateurs. Tous les bâtons
qu'ils mettent dans les roues tendent simple-
ment à prouver leur bonne volonté.

Est-ce leur faute à eux, si, de par une cons-
titution essentiellement mauvaise, ils n'ont
aucun pouvoir pour faire le bien, et s'il se
voient contraints d'avoir, pour seul rôle utile
d'être nuisibles ?

une statue, s. v. p.

Oui a une statue sur lui ?

Oran en a besoin d'une.

Oran a des places, et sur ces places nues, où
feraient si bien d'utiles fontaines Wallaces,
Oran grille de placer un morceau de bronze.

Cette épidémie de statuomanie, si conta-
gieuse chez les petites villes de province, en
passant les mers, a atteint un tel degré d'in-
tensité que les Orannaié, en attendant la sta-
tue, ont d'avance érigé le piédestal.

Et maintenant, la pauvre cité, dolente et
bien empêchée, va partout suppliant qu'on lui
donne un conseil, un avis, une idée.

— Voilà mon corbillon, qu'y met-on ?
Hoche, Marceau, Kléber, Etienne Marcel,

Mithridate, Caton d'U tique, Abdel-Kader, Bu-
geaud ou feu Ricard, peu importe, mais il faut
quelqu'un, il faut à tout prix une statue, n'en
fut-il plus au monde.

Soyons grands, généreux, et donnons à la
pauvre ville un conseil profond :

— Nous sommes dans un siècle d'argent, on
ne peut trop le rappeler. Qu'on érige donc sur
ce piédestal... les statuts... d'une société finan-
cière 1

actualité finale.

La scène se passe dans une école où l'insti-
tuteur a le sentiment de l'actualité.
Il interroge :

— Quel est le maréchal de France qui, sous
Louis XIII, fut enfermé à la Bastille, cette
sombre prison dont nous allons fêter la
ruine ?

L'élève reste coi. Un confrère, plus érudit,
lui souffle :

— Bassompierre.

Et lui de répondre avec aplomb :

— Pierre Basson 1

Henry Vauoémont. .

GAZETTE DE MONTRETOÏÏT

Dieu protège la France I

Après les hannetons, les punaises !

La punaise Gassagnac ;

La punaise Baudry-d'Asson ;

La punaise Freppel ;

La punaise... Mais il me faudrait nommer
un à un tous les légitimards, tous les orléa-
neux, et tous les baclingueusards.

Ces ignobles insectes de bois de lit ont dé-
claré hautement qu'ils sauraient bien empê-
cher la France de fêter l'anniversaire de la
prise de la Bastille.

Ah ! ah ! et comment s'y prendront-ils ?

Verra-t-on Cassagnac à Lonchamps, faire à
lui lout seul une contre-manifestation comme
jadis ce pauvre halluciné papa Gagne au pied
de l'Obélisque ?

Verra-t-on à la représentation gratuite do
Guillaume Tell à l'Opéra, le charcutier Ghesne-
long interrompre le Serment, et l'cntcndra-t-on
s'écrier avec le fort ténor :

Amis, secondez ma vaillance,
. Suivez-moi...

Verra-t-on le citoyen député Freppel, flan-
qué de Magnard, de Périvier et de tous les
enfants de chœur du Figaro, escalader le grand
escalier et faire invasion dans la salle aux
cris de :

Si notre pape est dans les fers,
U'est à nous qu'appartient sa défense.

Vorra-t-on Baudry-d'Asson crever l'autre
œil de Gambetta ?

Enfin cela m'intrigue fort et je donnerais
volontiers le faux râtelier de ma belle-mère
pour connaître vingt-quatre heures d'avance le
plan de ces trouble-fêtes, de ces empêcheurs
de danser en rond.

Mais ie crois qu'ils se tiendront cois et qu'ils
se garderont bien de braver les sentiments
populaires.

D'ailleurs de qui ces meneurs se plaignent-
ils ? Le programme de la fête nationale satis-
fera toutes les opinions.
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