Le Grelot: journal illustré, politique et satirique (10.1880)

LE GRELOT

(«

INONDÉ " DE FLEURS, par ALFRED LE PETIT

le moyen d'enlever les minutes de l'acte de
célébration du mariage chez le curé, du con-
trat de mariage chez le notaire.

***

Aux pieds d'an père Séraphin,
Une femme était à confesse,
Lorsque notre bon capucin
Crut démêler que sa faiblesse
Etait de se mirer sans fin
Et de s'aimer avec tendresse :

— Qu'est-ce qui vous porte, dit-il,
Chaque instant à cette folie?

— C est que je me trouve jolie.

— Ah I le démon est bien subtil !
Mais voyons s'il vous en impose !
Alors il ouvre le guichet.

Et dit d'un air mal satisfait :

— Vous tous damnez pour peu de chose.

***

Un ambassadeur turc demandait à Laurent
de ilédicis pourquoi l'on ne voyait pas à
Florence autant de fous qu'au grand Caire.

Laurent lui montra un monastère et lui dit :

— Voilà où nous les enfermons tous.

***

Pie V disait à ses amis qu'étant simple reli-
gieux, il espérait le salut avec une grande
confiance, qu'étant cardinal, il en doutait,
qu'étant pape, il en désespérait absolument.

***

Cela n'empêcha pas que ce même pape, qui
mourut le lor mai 1572, fut béatifié par Clé-
ment X, et canonisé par Clément XI, le 22
mai 1712.

On lui fit cette épitaphe :
Papa Pius quintus moritur, res mira, tôt tnter
Pontifices, tantum quinque fuisse pios.

L'électeur de Cologne, frère de l'électeur de
Bavière, étant à Valenciennes, annonça qu'il
prêcherait le lor avril.

La foule fut prodigieuse à l'église.

L'électeur, étant en chaire, salua gravement
l'auditoire, fit le signe do la croix, et cria :

— Poisson d'Avril 1

Puis il descendit, tandis que des trompettes

et des cors de chasse taisaient un tintamarre
digne d'une pareille scène.

***

Les différends qu'eut Louis XII avec le pape
Jules II, indisposèrent longtemps ce prince
avec la cour de Rome. Ayant appris que Jules
avait dessein de l'excommunier. . .

— Eh quoi 1 dit-il, est-ce son emploi de
maudire? Il n'est-là que pour bénir !

***

Jusqu'au milieu du XV8 siècle, il était dé-
fendu aux médecins de se marier, et aux prê-
tres et religieux d'exercer la médecine.

Les méchantes langues prétendaient alors
que ces derniers, ne pouvant se rendre utiles
a l'humanité en diminuant le nombre des
morts, l'étaient en augmentant celui, des nais-
sances.

Le respect que nous avons pour la liberté
de chacun et la flemme invétérée dont nous
parlions tout à l'heure, nous forcent à nous
abstenir de commentaires. Nos lecteurs les
feront eux-mêmes s'ils y tiennent. Ils savent

d'ailleurs que l'on n'est jamais mieux servi
que par soi-même.

Henry Vaudémont.

ARLEQUINADES

— Vous avez des canons à Monaco ?

— Parfaitement 1

— Est-ce qu'ils sont rayés ?

— Oui monsieur.....sur le dessus.

—o—

Madamb.—Tu refuses cette place à ce jeune
homme ?

Monsieur. — Mais, un peu.

Madame. — A te voir si gracieux, je croyais
au contraire que tu la lui accordais.

Monsieur. — Non, mais seulement ça me
donne l'air obligeant, et il est enchanté,

—o—

Ceci se passait à une messe de mariage à la-
quelle Sulpice assistait :