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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 10.1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.6814#0028
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LE

&RELOT

Celle bonne administration allemande me
rappelle le toqué, qui croyait avoir transformé
sa cave, en collant des étiquettes « Vieux bor-
deaux », « Sainl-E^lèphe », « Côte-Rôtie », sur
d'S bouteilles remplies préalablement d'af-
freuse piquette.

X

La Frankfyrte Zeitung nous raconte celle

jolie histoire yankee :

Le président des Eta(s-Uais, M. Hayes, a
dernièrement été arrêté dans le palais du Ca-
pitol© ûe Washington. Il s'était assis au pla-
ces réservées aux dames dans la.ro ton de; un

poliçeman lui intima l'ordre de s'en aller, et
arrêta Son Excellence parce que celle-ci n'a-
vait pas obéi assez promptement à l'invita-
tion. Sur le chemin qui conduisait au posle,
un passant reconnut le prisonnier et fit con-
naître sa qualité à l'agent. Comme celui-ci
s'excusait avec la plus' grande humilité : —

I ■ Aussi l'art dramatique qui fleurit surle pen-
1 ebant de la montagne Geneviève est-il presque
i inconnu du public de la rive droite.
| Je le concède : cntreprsndre un pèlerinage
' à VOdéon est une grosse affaire. On va facife-
■ ment chez Bullier, on se rend sans trop de
peine à Cinny, mais on ne se décide qu'à son
, corps défendant à pénétrer dans l'affreux lem-
i pie grec, dont M. Duquesnel est, pour quel-
! que temps encore, le suuverain-pootifc.

Moi-même, qui rôde sans cesse aux envi-
; rons, j'entre peu souvent, dans cet antre Ces
i colonnesenfarinécsnemedisentrien qui vaille.
\ J'aime cent fois mieux la brasserie Challer
i qui, à deux pas, rue de Rotrou, me tend les
Llra-s.. ... i " " -

} L'autre soir, pourtant — dévouement su-
blime — voulant avant tout renseigner les
! lecteurs du Grelot, je me décidai à franchir ce
! seuil redoutable.

Vous connaissez l'aspect de la salle de l'O-
déon. line glacière en donne assez exactement
l'idée. Vous savez aussi quel genre de pièces

f C'est fort bien, dit le président; je pense que. on y joue. De froides vieilleries, des pièces qui
vous avez simplement exécuté votre consigne. » ■

Ge n'cstçsans doute qu'un affreux mensonge,}
mais — « Si non c zéro c iene trovato. »

X

i

Tî'n éditeur, M. Lisieux, vient 'd'être con-
damné à :-;00 fr. d'amende, — et à la mort ci-f
vibi — pour avoir publié une édition de
l'Aretin, dont il avait fait traduire en latin
les passagcs licencieux.

« lf. Ribslilut, M. Bounisseau-Gesmm, es-
tinfegue le fait d'avoir traduit en latin les
pasèaires licenci "ux du livre de l'Arétin, au
lieu d'atténuer le délit, l'aggrave sérieuse-
me^tj les passages en latin attirant l'attention
des lecteurs. »

Mettons les volets sur cette perle.

Henry Vaudémont.

———4

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Enthousiasme ! ovation! triomphe! Salle comble
tous les soirs.

COUPS DE BEC

Gbose assez curieuse, il faut que les choses
aient lieu autre part que dans son pays, pour
qu'on les trouve .bonnes.

Voyez lo cirage anglais,le chocolat d'Espa-
gne, le tabac turc, les vues d'Italie, le froma-
ge suisse, et jusqu'aux huîtres portugaises. ;

Autrefois, nous avions uu carnaval, . *■

Un bœuf gras,

Des-déguisés,

On s'amusait au bal de l'Opéra,
Un a trouvé que c'était ridicule. S'amuser de
ça, .ai taris I
Allons donc.

Le carnaval, on en parle pour mémoire ; le
bœuf gras, on ne se rappelle plus guère de ce
que.'cèla signifie; quand on se .déguise, on se
cache dans'uu manteau, pour traverser la rue,
et bu crevé d'ennui aux bals de l'Opéra.

A côte de l'abandon de ces plaisirs autrefois
parisiens et qu'on dédaigne aujourd'hui, on
court en Italie pour nocer, on se lait jeter des
cochonneries par la figure, on se lait couvrir
de farine, de pois qui vous cinglent, et on
trouve que là-bas c'est joliment fameux.

Il est vrai que les gens qui se dérangent
peuvent avoir en prime, et avec peu de déran-
geraient, la bénédiction du pape.

G est à considérer, je ne dis pas, mais je
n'admets cependant pas que ce soit un coup
monté par le clergé, autrement les chienlits
pourraient prendre le nom de pèlerins, et ce
serait drôle d'avoir en Jésus-Christ, un frère
Arlequin et une sœur débardeuse.

Charles Leroy.

LES SCËES D'OUTRE-

Tous ceux qui, au rebours de ma longue et
maigre personne, aiment la trauquillilé et la
quiétude, ont établi leurs pénates sur la rive
droite et se décident difficilement à passer i
les ponts, pour venir faire de rares incursions j
sur la terre, jadis chério de Julien l'Apostat,
où des jeunes gens tirent, en français, des ca- \
mites a leurs parents, et répondent, eu latin, \
zutleurs créanciers. 't

•nt des manches à gigot et des robes à la
reine-Amélie...

Eb bien ! tout cela est changé. J'ai compté
jusqu'à six vraies jeunes filles, et deux des
trois pièces qu'on jouait sont neuves.

Ellesb^en valaient du reste pas beaucoup plus
pour cela: M. Duquesnel, émule de certain
Marquis bien connu, en voulant trop tard se
rattraper de KÔQ inaction, n'a pas eu la main
heureuse. Arrivé trois quarts d'heure après la
bataille, il a encore trouvé moyen de la perdre,
ce qui, par le temps de combles qui court, en
est un assez réussi.

Donc, jetons un bâillement indifférent sur
Y Homme à plaindre, une erreur de Barbier;
sur le Trésor, un de ces poèmes banals, insi-
gnifiants, tirés à quatre épingles et ampoulés,
dont Goppée a le secret; puis passons. Rions
de bon cœur au Voyage de M. Perrichon, une
vraie comédie vraiment gaie du joyeux Labi-
che, supérieurement interprétée par Porel et
Pradeau, et sortons (1).

Ouf! on respire. Allons à Cluny. Chutl n'en-
trons pas. On joue les Crochets du père Martin,
un bon vieux mélodrame qui fit pleurer nos
pères. M. Talieu fait ainsi de l'argent avec le
bon gros public des alentours dé la Halle aux
Vins; puis, quand il a sauvé sa caisse, il la
compromet par une tentative littéraire, que
souvent ces ingrates tètes folles d'étudiants
laissent échouer et sombrer tristement, sans
que d'aiHeurs le brave artiste, patient, indul-
gent et persévérant, se décourage. Nous re-
viendrons dimanche à une de ses Platinées des
Jeunes.

Et maintenant, le temps de fumer un cigare,
montons jusqu'au' -Châlet. — On y joue une
revue, — naturellement. En gens bien avisés,
les auteurs se sont dit : Le monde entier ne
s'occupant pas de la rive gauche, rendons-lui
la pareille : ne nos occupons pas de lui.

Et de fait, le cercle embrassé par la Revue ne
, dépasse pas l'Observatoire,' le pont Michel, le
Jardin des Plantes et les^Invalides.

Le compère (Henriquet) est un étudiant
de Carcassonne, ' Cosinus? venu a Paris
pour la première fois et qui, grâce à'uù plan
de Paris de 1679, échoue place de la Sorbonne
entre un commissionnaire invraisemblable
(Duval) et une belle-petite rouée (Mercier) qui
s'entend avec le garçon du d'Harcourt pour
produire, au aétriment du pauvre; Cosinus,
une de ces miraculeuses multiplications de
^soucoupes, dont les brasseries delà rive gauche
n'ont pas seules le secret.

Çà et là, quelques détails drôles, ;Çomme le
changement incessant du nom des rues ; des
vieilleries comme l'homme à rallonge, ou Jean
l'Orfèvre de Cluny (Jaillet); des longueurs,
comme les couplets interminables du nègre et
de l'Allée des Veuves (Agnès), bien compensées
par des traits pleins de couleur locale, comme
la scène du jeune potache (Alice) malade d'a-
voir trop fumé la pipe, en buvant du vermouth
dans un ca'é de femmes, et celle de YHydro-
}Hithe, représentant cette aimable société —
j'en fais partie — dont les membres se soignent
par l'eau, ainsi que l'indique leur titre,'mais
seulement lorsqu'ils sont malades de s'être
trop grisés la veille.

Les dames qui représentent allégoriquement
les brasseries que Laffite qualifiait poétique-
ment de « cythéréennes » sont affriolantes,
surtout la petite Vanlio, un café du Caprice
pour, lequel on en éprouverait volontiers un,
a moins d'être assez forcené grammairien pour
ne pouvoir aimer une bouche rose qui pro-
nonce Arthur.

Enfin, la musique est charmante. Nous
avons surtout remarqué les couplets grattés
sur une bassinoire par un esUidiantino, et le
rondeau des étudiants, supérieurement détail-
lés par Valôre, un- artiste que le directeur qui,
dit-on, n'est pas chien, fera bien de s^attacher
avec pas mal dé saucisses.

Sur ce : Garlnn'-'èit-hoeil'

Et quand nous l'aurons bu et récupéré nos
forces, convenons que c'en est assez pour cette
fois, et, sans nous risquer dans les parages
de :a rue de la Gaité, allons prosaïquement
nous coucher et ronflons... si pour vous,
toutefois, la lecture de cet article n'a point
déjà produit ce résultat 1 Gringoire.
-.-_-^>—_—:—.--

0«£LOT8-FWANCI

Les acheteurs seraient en vérité mal venus
à se plaindre, surtout les acheteurs de rentes

(i) Depuis que cet article, — resté sur le mar-
bre — fut écrit, l'Odéon a repris les Inutiles. La
charmante conïédie de Cndol a obtenu le même
succès qu'en 1868 à Cluny, en dépit de son
dénouement, banal et amené par des ficelles
grossies comme des câbles. MM. Porel, Valbel,
François en Mlle Waldteufel l'ont d ailleurs supé-
rieurement jouée.

r——~— —- - ■ ■- ■■' ■ >j*if......— ... ... ■—~~

&0/0. Le 31 janvier le cours de 117.07 auquel
on a fermé leur laisse un bénéfice de plus
d'un franc.

La croyance générale est que le coupon de
1.2o à détacher le 2 février sera bien vite
regagné.

Comment en serait-il autrement puisqu'il
n'est plus question de conversion?

Les deux renies trois pour cent se tiennent
à rie fort bons prix. Le | O'O ancien à 82 Oii ;
le 3 0/0 amortissable à x:; GÎT. C'est beau, sur-
tout en présence des 800 millions de ce fonds
que l'on t'a émettre celte année,pour exécuter
les grands travaux.

Lltalien a gagné 1.30 ce qui le met à 81.45.
Le maintien de l'impôt sur la mouture vaut
bien cela. Telle est au moins l'opinion de nos
boursiers, qui se soucient comme un poisson
d'une pomme, que le peuple italien consente
à être taxé pour chaque morceau de pain qu'il
se met sous la dent.

Le gouvernement italien ne demanderait
assurément pas mieux que de se procurer de
l'argent en arrêtant des verres de vin, de
bière et de liqueurs au passage ; mais le peu-
ple italien ne buvant pas, il'faut bien se rat-
traper sur son pain.

Les sociétés de crédit ne se portent pas trop
mal. Bien qu'on ne voie pas clair du tout dans
les affaires de la Banque d'Escompte et de
la Banque hypothécaire, ces valeurs montent
toujours. La Banque d'Escompté va vers 800 et
la Banque Hypothécaire vers 060. M. de Sou-
beyran est un si habile homme.

Le Crédit Foncier a retrouvé ses cours les
plus élevés de 1879. Il est à 1125. Le dividende
de 37,B0 qu'il annonce pour 1879 vaut bien ce-
la.

La Banque de Paris a fourni le cours de 900.
C'est un établissement qui n'a, sauf l'emprunt
de 1875 de la ville de Florence, fait faire que
de bonnes affaires à sa clientèle. De plus, il a
habitué ses actionnaires à toucher un mini-
mum de B0 fr. de dividende, et le dividende
de 1879 sera, dit-on, plus élevé.

Ce qui est un peu étonnant, c'est que le
Mobilier français se cote à 650 fr. QUe ne va-t-
on pas lui dire à son assemblée générale pour
son affaire des bons Bons i

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