N° 11.
15 Juin 1872.
Quatorzième Année.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE
paraissant deux fois par mois, sons La direction de M. Ad. SIEET, memlire de l'Académie royale de Belgique, memlire correspondant de la Commission royale des monuments, memlire de
l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, de l'Académie de Reims, de l’Académie d Archéologie de Madrid, etc.
On s’abonne: à Anvers, chez TESSARO, éditeur ; à Bruxelles, chez DECQ et MUQUARDT ; à G and, chez
HOSTE et ROGGÉ; à Liège, chez DE SOERetDECQ ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour l'Al-
lemagne, la Russie et l’Amérique : C. MUQUARDT. La France : VeRENOUARD, Paris. Pour la Hollande :
MARTINUS NYHOFF, à la Haye. Pour l’Angleterre et l’Irlande : chez BARTHÈS et LOWELL, 14, Great
Jlarlborough Street, à Londres. — n>rîx d’abonnement : pour toute la Belgique, (port compris).
Par an, 8 fr. — Étranger, (port compris) : Allemagne, 3 thl 10 gr. — France, 11 îr. — Hollande, 5 fl.—
Angleterre et Irlande, 8. s. 6 d. — Prix par numéro 40 e.— Réclames : 50 e. la ligne. — Pour les
grandes annonces on traite à forfait. — Annonces : 30 c. la ligne. — Pour tout ce qui regarde l’admini-
stration ou les annonces s’adresser à M. le Directeur du Journal des Beaux-Arts, rue du Casiuo, à
St-Nicolas. — Il pourra être rendu compte des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction. —
M. C. MUQUARDT est le seul éditeur et représentant du Journal des Beaux-Arts pour l’Allemagne, la
Russie et l’Amérique.
SOMMAIRE : Belgique. — Concours de gravure
à l’eau-forte. — Cérémonies publiques dans les
Pays-Bas. — L’exposition de Liège. — France :
Le Salon de Paris. — Chronique générale. —
Annonces.
BELGIQUE.
CONCOURS
DE
GRAVURE A L’EAU-FORTE
OUVERT PAR LE
JOURNAL DES BEAUX-ARTS,
fer prjx 400 Francs,
2me Prix 200 Francs.
3me Prix 100 Francs.
L’administration du Journal des Beaux-
Arts voulant favoriser, dans la mesure de
ses moyens et de son influence, le dévelop-
pement de la gravure à l’eau-forte en Bel-
gique, ouvre, entre tous les artistes du pays,
un concours dont les prix sont déterminés
ci-dessus.
Les sujets seront pris dans les genres
suivants : Histoire, genre, paysage, intérieurs,
vues de ville, marines et animaux.
Les reproductions de tableaux anciens ou
modernes de l’école flamande, sont égale-
ment admises au concours, mais les artistes
sont prévenus qu’à mérite égal, la préfé-
rence sera donnée aux sujets créés par les
graveurs.
La dimension des cuivres ne pourra ex-
céder, en hauteur : 260 millimètres, et, en
largeur : 190 millimètres. Dans cette limite,
les artistes sont libres d’assigner telles me-
sures et telles formes qu’ils jugeront néces-
saires, à leur travail.
Les auteurs devront faire remettre leurs
cuivres, avec deux exemplaires, tirés, l’un
sur chine, l’autre sur papier blanc ordinai-
re, à l’administration du Journal, rue du
Casino, à St. Nicolas (Flandre Orientale),
pour le 51 Août 1872. (Affranchir). Toute
planche remise après cette date ne pourra
prendre part au concours. Les auteurs
accompagneront leur envoi d’un billet ca-
cheté contenant leur nom et leur adresse.
Sur l’enveloppe ils indiqueront sommaire-
ment et clairement le sujet de leur planche.
Les gravures couronnées seront la pro-
priété du Journal des Beaux-Arts qui s’en-
gage à les publier et à en remettre 25 Ex.
d’artiste aux auteurs. Les cuivres non cou-
ronnés seront restitués aux auteurs sur
indications valables.
Un jury de trois membres, choisi dans la
classe des Beaux-Arts de l’Académie royale
de Belgique, voudra bien prononcer le juge-
ment du concours.
(.Prière aux journaux du pays de vouloir
bien reproduire le présent réglement.)
CÉRÉMONIES PUBLIQUES
célébrées aux Pays-Bas du XVI au XVI11 siècle,
(suite.)
LIVRES PUBLIÉS A CETTE OCCASION
(Vente Olivier du 1 Avril 1872).
L’ordre chronologique de ce travail, avons-
nous dit, nous force à traverser une des
plus navrantes périodes de notre histoire.
En effet, si durant la lutte glorieuse avec
l’Espagne, nos soldats furent admirables
de courage patristique sur les champs de
bataille où ils culbutèrent les vieilles bandes
castillanes, ils se montrèrent abjects, van-
dales et ignobles soudards après la victoire.
Nous ne pouvons, sans que le rouge
nous monte au front, songer aux sauvages
dévastations des Gueux de Martin Van
Rossum et du Sanglier des Ardennes. Nous
n’oserions raconter les exploits de rage
sacrilège des mousquetaires bruxellois du
capitaine Michiels et des carabins de Mous
van Marguette, officier au service du Prince
d’Orange. L’art flamand vit arracher les
plus nobles pages de son histoire, détruire
à jamais les plus beaux fleurons de sa
couronne, dans les orgies iconoclastes des
troupes d’Olivier Van den Tympel et des
colonels sous ses ordres, Bloyer, Mélissant,
Diertens et Bomberg.
Les questions d’art devant essentielle-
ment rester en dehors de toutes passions
ou considérations politiques, nous nous
contenterons, avec tous les amis des jouis-
sances intellectuelles, de déplorer du fond
du cœur les pillages inouïs des protestants
dans toute l’étendue des Pays-Bas, le pays
de Liège excepté, et les excès inhumains
de la Furie Espagnole qui mit Anvers à
feu et à sang dans la fatale nuit du 4 No-
vembre 1576, causant à la métropole
commerciale une perte de plus de cinquante
millions de notre monnaie.
Deux hommes, Marnix de Ste-Aldegonde
et Guillaume le Taciturne, ont été particu-
lièrement rendus responsables de ces actes
de vandalisme. Les violentes mesures
répressives de l’Espagne les provoquèrent
sans doute ; mais, si rien ne prouve qu’ils
soient dus aux intrigues et à la complicité
du Prince d’Orange et de son lieutenant,
il reste acquis à l’histoire que ceux-ci
n’usèrent point de leur autorité pour
opposer un frein quelconque aux déchaîne-
ments de leurs partisans.
C’était, à tout prendre, de la mauvaise
politique ; les représailles protestantes
perdirent la cause nationale dans les
provinces méridionales et firent recevoir
Farnèse et les Archiducs comme des libé-
rateurs.
Les quarante années qui nous séparent
du siècle de Rubens furent à peu près
perdues pour les beaux-arls, et, en parti-
culier, pour l’architecture. Pendant tout ce
temps de guerre civile, nos monuments
demeurèrent mutilés et profanés; il fallut
un édit des Archiducs (î) pour secouer la
torpeur qui avait tout envahi et relever ce
que les torches et les pertuisanes des
reîtres et des lansquenets calvinistes
avaient brûlé ou tailladé.
A part les vitraux de Gouda, aux riches
(i) Les ravages des Iconoclastes s’étaient
étendus à presque tous les édifices religieux des
Pays-Bas. Le clergé se trouva donc, au commen-
cement du XVIIe siècle, dans l’obligation pres-
sante de renouveler entièrement l'ameublement
de ces édifices. Pour subvenir à de tels frais, les
Archiducs durent aussi lever des impôts, ce
qu’ils firent par un placard que nous avons sous
les yeux, imprimé à Gand, chez « Jan Van den
» Steene, demeurant sur la Place deSte-Pharalii]-
» de, 1614. Publié en consistoire du Conseil en
» Flandres, présents commissaires de la Court,
» Advocats, Procureurs, Huissiers et aultres
d assistans le XXIme de Jung 1614 par moi
» Greffier » J. Masseau. »
Promulgué à la requête du Rév. abbé de
St-Pierre à Gand, ce document nous apprend les
faits les plus curieux. Il paraît que les réparations
des Eglises étaient entravées par le mauvais
vouloir de certains individus mal famés qui,
pendant les troubles,s’étaient rendus acquéreurs
des biens des fabriques.
15 Juin 1872.
Quatorzième Année.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE
paraissant deux fois par mois, sons La direction de M. Ad. SIEET, memlire de l'Académie royale de Belgique, memlire correspondant de la Commission royale des monuments, memlire de
l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, de l'Académie de Reims, de l’Académie d Archéologie de Madrid, etc.
On s’abonne: à Anvers, chez TESSARO, éditeur ; à Bruxelles, chez DECQ et MUQUARDT ; à G and, chez
HOSTE et ROGGÉ; à Liège, chez DE SOERetDECQ ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour l'Al-
lemagne, la Russie et l’Amérique : C. MUQUARDT. La France : VeRENOUARD, Paris. Pour la Hollande :
MARTINUS NYHOFF, à la Haye. Pour l’Angleterre et l’Irlande : chez BARTHÈS et LOWELL, 14, Great
Jlarlborough Street, à Londres. — n>rîx d’abonnement : pour toute la Belgique, (port compris).
Par an, 8 fr. — Étranger, (port compris) : Allemagne, 3 thl 10 gr. — France, 11 îr. — Hollande, 5 fl.—
Angleterre et Irlande, 8. s. 6 d. — Prix par numéro 40 e.— Réclames : 50 e. la ligne. — Pour les
grandes annonces on traite à forfait. — Annonces : 30 c. la ligne. — Pour tout ce qui regarde l’admini-
stration ou les annonces s’adresser à M. le Directeur du Journal des Beaux-Arts, rue du Casiuo, à
St-Nicolas. — Il pourra être rendu compte des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction. —
M. C. MUQUARDT est le seul éditeur et représentant du Journal des Beaux-Arts pour l’Allemagne, la
Russie et l’Amérique.
SOMMAIRE : Belgique. — Concours de gravure
à l’eau-forte. — Cérémonies publiques dans les
Pays-Bas. — L’exposition de Liège. — France :
Le Salon de Paris. — Chronique générale. —
Annonces.
BELGIQUE.
CONCOURS
DE
GRAVURE A L’EAU-FORTE
OUVERT PAR LE
JOURNAL DES BEAUX-ARTS,
fer prjx 400 Francs,
2me Prix 200 Francs.
3me Prix 100 Francs.
L’administration du Journal des Beaux-
Arts voulant favoriser, dans la mesure de
ses moyens et de son influence, le dévelop-
pement de la gravure à l’eau-forte en Bel-
gique, ouvre, entre tous les artistes du pays,
un concours dont les prix sont déterminés
ci-dessus.
Les sujets seront pris dans les genres
suivants : Histoire, genre, paysage, intérieurs,
vues de ville, marines et animaux.
Les reproductions de tableaux anciens ou
modernes de l’école flamande, sont égale-
ment admises au concours, mais les artistes
sont prévenus qu’à mérite égal, la préfé-
rence sera donnée aux sujets créés par les
graveurs.
La dimension des cuivres ne pourra ex-
céder, en hauteur : 260 millimètres, et, en
largeur : 190 millimètres. Dans cette limite,
les artistes sont libres d’assigner telles me-
sures et telles formes qu’ils jugeront néces-
saires, à leur travail.
Les auteurs devront faire remettre leurs
cuivres, avec deux exemplaires, tirés, l’un
sur chine, l’autre sur papier blanc ordinai-
re, à l’administration du Journal, rue du
Casino, à St. Nicolas (Flandre Orientale),
pour le 51 Août 1872. (Affranchir). Toute
planche remise après cette date ne pourra
prendre part au concours. Les auteurs
accompagneront leur envoi d’un billet ca-
cheté contenant leur nom et leur adresse.
Sur l’enveloppe ils indiqueront sommaire-
ment et clairement le sujet de leur planche.
Les gravures couronnées seront la pro-
priété du Journal des Beaux-Arts qui s’en-
gage à les publier et à en remettre 25 Ex.
d’artiste aux auteurs. Les cuivres non cou-
ronnés seront restitués aux auteurs sur
indications valables.
Un jury de trois membres, choisi dans la
classe des Beaux-Arts de l’Académie royale
de Belgique, voudra bien prononcer le juge-
ment du concours.
(.Prière aux journaux du pays de vouloir
bien reproduire le présent réglement.)
CÉRÉMONIES PUBLIQUES
célébrées aux Pays-Bas du XVI au XVI11 siècle,
(suite.)
LIVRES PUBLIÉS A CETTE OCCASION
(Vente Olivier du 1 Avril 1872).
L’ordre chronologique de ce travail, avons-
nous dit, nous force à traverser une des
plus navrantes périodes de notre histoire.
En effet, si durant la lutte glorieuse avec
l’Espagne, nos soldats furent admirables
de courage patristique sur les champs de
bataille où ils culbutèrent les vieilles bandes
castillanes, ils se montrèrent abjects, van-
dales et ignobles soudards après la victoire.
Nous ne pouvons, sans que le rouge
nous monte au front, songer aux sauvages
dévastations des Gueux de Martin Van
Rossum et du Sanglier des Ardennes. Nous
n’oserions raconter les exploits de rage
sacrilège des mousquetaires bruxellois du
capitaine Michiels et des carabins de Mous
van Marguette, officier au service du Prince
d’Orange. L’art flamand vit arracher les
plus nobles pages de son histoire, détruire
à jamais les plus beaux fleurons de sa
couronne, dans les orgies iconoclastes des
troupes d’Olivier Van den Tympel et des
colonels sous ses ordres, Bloyer, Mélissant,
Diertens et Bomberg.
Les questions d’art devant essentielle-
ment rester en dehors de toutes passions
ou considérations politiques, nous nous
contenterons, avec tous les amis des jouis-
sances intellectuelles, de déplorer du fond
du cœur les pillages inouïs des protestants
dans toute l’étendue des Pays-Bas, le pays
de Liège excepté, et les excès inhumains
de la Furie Espagnole qui mit Anvers à
feu et à sang dans la fatale nuit du 4 No-
vembre 1576, causant à la métropole
commerciale une perte de plus de cinquante
millions de notre monnaie.
Deux hommes, Marnix de Ste-Aldegonde
et Guillaume le Taciturne, ont été particu-
lièrement rendus responsables de ces actes
de vandalisme. Les violentes mesures
répressives de l’Espagne les provoquèrent
sans doute ; mais, si rien ne prouve qu’ils
soient dus aux intrigues et à la complicité
du Prince d’Orange et de son lieutenant,
il reste acquis à l’histoire que ceux-ci
n’usèrent point de leur autorité pour
opposer un frein quelconque aux déchaîne-
ments de leurs partisans.
C’était, à tout prendre, de la mauvaise
politique ; les représailles protestantes
perdirent la cause nationale dans les
provinces méridionales et firent recevoir
Farnèse et les Archiducs comme des libé-
rateurs.
Les quarante années qui nous séparent
du siècle de Rubens furent à peu près
perdues pour les beaux-arls, et, en parti-
culier, pour l’architecture. Pendant tout ce
temps de guerre civile, nos monuments
demeurèrent mutilés et profanés; il fallut
un édit des Archiducs (î) pour secouer la
torpeur qui avait tout envahi et relever ce
que les torches et les pertuisanes des
reîtres et des lansquenets calvinistes
avaient brûlé ou tailladé.
A part les vitraux de Gouda, aux riches
(i) Les ravages des Iconoclastes s’étaient
étendus à presque tous les édifices religieux des
Pays-Bas. Le clergé se trouva donc, au commen-
cement du XVIIe siècle, dans l’obligation pres-
sante de renouveler entièrement l'ameublement
de ces édifices. Pour subvenir à de tels frais, les
Archiducs durent aussi lever des impôts, ce
qu’ils firent par un placard que nous avons sous
les yeux, imprimé à Gand, chez « Jan Van den
» Steene, demeurant sur la Place deSte-Pharalii]-
» de, 1614. Publié en consistoire du Conseil en
» Flandres, présents commissaires de la Court,
» Advocats, Procureurs, Huissiers et aultres
d assistans le XXIme de Jung 1614 par moi
» Greffier » J. Masseau. »
Promulgué à la requête du Rév. abbé de
St-Pierre à Gand, ce document nous apprend les
faits les plus curieux. Il paraît que les réparations
des Eglises étaient entravées par le mauvais
vouloir de certains individus mal famés qui,
pendant les troubles,s’étaient rendus acquéreurs
des biens des fabriques.