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N° 19.

16 Octobre 1872.

Quatorzième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE

paraissant deux fois par mois, sons la direction de M. Ad. S1TÎET. membre de l'Académie royale de Belgique, membre correspondant de la Commission royale des monuments, membre de
l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, de l'Académie de Reims, de l’Académie d!Archéologie de Madrid, etc.

On s’abonner a Anvers, chez TESSARO, éditeur ; à Bruxelles, chez DECQ et MITQUARDT ; à Gand, chez
HO.STE et ROGGÉ; à Liège, chez DK SOER et DECO ; flans les autres villes, chez tous les libraires. Pour l’Al-
lemagne, la Russie et l’Amérique: C.. MUQUARDT. La France : V» RENOUA RD, Paris. Pour la Hollande :
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grandes annonces on traite à forfait. — Annonces : 30 c. la ligne. — Pour tout ce qui regarde l’admini-
stration ou les annonces s’adresser à M. le Directeur du Journal des Beaux-Arts, rue du Casino, à
St-Nicolas. — Il pourra être vendu compte des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction. —
M. C. MD QI) A R DT est le seul éditeur et représentant du JOURNAL des Beaux-Arts pour. l’Allemagne, la
Russie et l’Amérique.

SOMMAIRE : Belgique : Le Salon de Bruxelles.
— Josse van Craesbeeck. — Bibliographie : Les
arts au moyen-âge. — France : Correspon-
dance de Nancy et de Colmar. — Chronique.
Palais de Sydenham. — Annonces.

RELGTQUE.

Le Salon de Bruxelles.

(quatrième article.)

Le tableau commandé par le gouverne-
ment à M. Ed. Wouters, l’Ascension, n’est
pas heureux. Nous l’eussions volontiers
passé sous silence si ce n’étaient quelques
qualités de coloris qui rendent l’auteur de
ce tableau digne d’encouragement.

Le Printemps,de M. Meunier,est une pein-
ture maladive qui vise à l’effet et qui y ar-
rive, mais l’effet est manqué. Il a là un faux
air raphaélesque très agaçant ; de plus,
l’enfant (est-ce l’enfant Jésus ?) tend sa
jambe gauche de façon à laisser supposer
qu’elle est en ce moment la proie d’une abo-
minable crampe. Si c’est là l’effet du prin-
temps, le bambino est à plaindre. La mère
(n’cst-ce pas une Madone?) nous semble
empruntée à quelque souvenir dont M.
Meunier aura subi le charme sans le savoir.
En somme, c’est une œuvre médiocre.

M. Dell’Acqua se fait remarquer au Sa-
lon par trois éludes de femme dont la plus
applaudie est la femme turque se regardant
dans un petit miroir. Le geste de la figure
qui se mire en ajustant une des épingles en
filigrane de sa coiffure, est d’une grâce
charmante. Le costume est richissime et
traité, ainsi que les bijoux, avec une désin-
volture habile et consciente de sa force. La
tête mutine et la lèvre supérieure qu’estom-
pe le duvet naissant d’une délicate mousta-
che, tout cela est d’un naturalisme de haut
goût qui fait plaisir à voir. La baigneuse,
travaillée dans un ton chaud, possède une
jolie tête rousse, mais les formes du corps
sont peut-être un peu puissantes. La poste
vénitienne, joli sujet, bien rendu et tout
rempli de cette distinction native qui fait de
M. Dell’ Acqua un de nos maîtres les plus
justement recherchés. Faisons remarquer,

à propos de l’exposition de cet artiste, les
progrès incessants qu’il réalise dans son
coloris dont l’intensité et la puissance ac-
quièrent à chaque Salon un degré de plus.

Le Boléro de M. Ad. Di liens, malgré les in-
contestables qualités qu’il renferme, nous
fait regretter les sujets zélandais dont cet
artiste s’était constitué le poète heureux.
Son voyage en Espagne aura peut-être pour
nous l’avantage de nous rendre ce qu’il a
quitté avec plus d’ingratitude que de raison.
Dieu le veuille !

A propos de ce nom, cher à l’école bel-
ge, mentionnons ici M. Henri Dillens qui,
dans le Jeu de la savatte, a développé un très
joli talent de compositeur. Il y a là de l’en-
train, de la gaieté, de l’aisance, et, par
dessus tout, beaucoup de naturel. Ce ta-
bleau, ainsi que celui de la Soubrette, sont
d’un bon artiste auquel nous ne voyons
guère qu’une chose à recommander : une
touche moins serrée ou, si l’on veut, plus
de liberté dans la facture. M. Albrecht
Dillens, fils, pensons-nous, du précédent,
s’annonce également avec bonheur et de sé-
rieuses chances d’avenir.

M. Israëls nous.a gratifié d’un de ces pe-
tits poèmes d’intérieur comme il sait en
faire et qui émotionnent toujours si soudai-
nement le public malgré un coloris qui
manque de naturel et des effets de lumière
impossibles. La fête de Jeanne prouve sur-
abondamment l’exactitude de ce que nous
avançons : le sujet d’une simplicité indes-
criptible, vous empoigne et vous charme, le
tableau, lui, est d’une couleur terne et noire
et brusquemment troué de points blancs
dont l’éclat est absolument inexplicable,
car, à coup sûr, ce n’est point la fenê-
tre de gauche aux vitres crasseuses qui
puisse produire ces vives arêtes de lumière.
Le portrait, du même artiste, est d’une
touche de grand maître, mais on dirait une
figure morte galvanisée et revenant pour
quelques secondes à la vie.

M. Bource nous semble moins heureux
que d’habitude. Son Dimanche m mer est
travaillé avec art mais manque totalement

d’intérêt. De M. Cleynhens signalons deux
très jolis tableaux dont l’un, intitulé Sou-
venir, est une merveille d’exécution; de
M. Henkes, trois tableautins charmants
brossés avec largeur ; de M. Speekaert,
une élude de jeune fille où se révèle un
véritable artiste chez lequel cependant il
ne fait pas encore jour ; de M Serrure
deux tableaux importants, fins, spirituels,
mais empreints d’un peu de sécheresse et
de dureté; de M. Décadré, un Sommeil où
il y a plus de talent que de goût ; de M.
Heyermans, lebeau blond où il y a de l’esprit
et du naturel ; de M. Goupil des moder-
nités très finement, très adroitement com-
binées et traitées, mais pouvant également
servir de gravures de modes pour les cou-
turières de l’endroit; de M. Manet. des

choses que nous passerons sous un géné-
reux silence ; de M. Impens deux bons ta-
bleaux, style Madou, avec beaucoup moins
d’esprit et d’observation, mais avec plus
d’ampleur ; de M. Salles une superbe étude
sous laquelle s’annonce un maître ; de M.
Oyens, deux productions originales où l’art
palpite ; et de M. Cap une œuvre froide et
sèche qui nous autorise à penser et à dire
que cet artiste ne doit pas sortir des petits
sujets qui lui ont valu un commencement
de vogue.

Une jeune personne, très jeune, nous
affirme-t-on, est l’auteur d’un cheval, gran-
deur nature, où se révèlent de prodigieuses
qualités d’exécution. Pour le moment ab-
stenons-nous de faire autour de ce nom trop
de bruit. Attendons que l’heure soit ve-
nue.Nous avons eu de récents exemples des
inconvénients auxquels peuvent conduire
des enthousiasmes naïfs exprimés vis-à-vis
du sexe faible.

M. Dansaert n’a jamais été plus heureux
que dans son Café sous le Directoire et ses
Courtisans. Le premier de ces tableaux est
une superbe élude de mœurs qui prend tou-
tes les proportions d’un tableau d’histoire.
La synthèse entière de l’époque est là. et, sous
chacun des habits que porte ce monde va-
rié représentant les agitations de la France,
 
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