CÉRÉMONIES PUBLIQUES
célébrées aux Pays-Bas du XVI au XV11I siècle,
(suite.)
LIVRES PUBLIÉS A CETTE OCCASION
(Vente Olivier du 7 Avril 1872).
Par édit du 15 Mai 1580, Philippe II
promit « en parole de roy et comme mi-
» nislre de Dieu » à quiconque tuerait le
Prince d’Orange, vingt six mille écus d’or
en argent comptant ou terres seigneuriales
et des lettres de noblesse pour lui et ses
complices, auxquels la même ordonnance
promettait d’autres « mercedes. »
Alexandre Farnèse, Gouverneur général
des Pays-Bas, n’approuvant pas une pareille
violence envers un adversaire qu’il avait
appris à estimer, différa de publier l’édit
dans nos provinces jusqu’au mois de Juin
suivant; encore ne le lit-il que sur les ordres
formels et les instances pressantes et réité-
rées de Philippe II.
A celte ordonnance inique, le Taciturne
répondit par le manifeste du 4 Février
1581, œuvre littéraire de Pierre Villiers,
son secrétaire, dont les dernières paroles,
d’une chevaleresque loyauté, sont devenues
le cri de guerre de la Néerlande : « Je
maintiendrai équité et justice. »
La récompense était vraiment royale: les
bourreaux volontaires se montrèrentàpres à
la curée. Au milieu des fêtes de l’inaugura-
tion du duc d’Anjou, à Anvers et dont nous
nous occupions récemment, Jean Jauregui,
valetdu banquier biscaïen Anastro, fanatisé
par un moine jacobin, lui tira un coup de
pistolet et le manqua, le 28 Mars 1582.
L’assassin fut assommé sur place et ses
complices écartelés.
Dès lors, le prince d’Orange dut se défier
de tout son entourage : malgré ses précau-
tions, le 10 Juillet 1584, en sortant de table
à Delft,un jeune francomtois, natif de ViI-
lesar et qui se faisait appeler Guyon, mais
dont le véritable nom était Balthasar Gérard,
réussit à lui tirer une balle au cœur qui
lui fit une courte agonie.
Guillaume de Nassau, IXe du nom, lils de
Guillaume leviel et de Julienne Van Stol-
berg, avait moins de cinquante deux ans.
François Hoogenberg nous a laissé trois
eaux-fortes contemporaines,palpitantes d’in-
térêt, des particularités de ce drame.
Le 24 Juillet suivant, on fit la Pompe
funèbre du prince. Son fils cadet n’ayant que
huit ans, son aîné, le comte de Buren, arra-
ché violemment par le duc d’Alne des bancs
de Y Alma mater étant aux mains des es-
pagnols, le puîné, Maurice, conduisit le
deuil, ayant à sa droite, Gérard Truchses,
ex-Electeur de Cologne, à sa gauche, le
comte de Ilohenlohe. Puis venaient les com-
tes de Nassau, ses cousins germains, suivis
du comte de Solms qui fermait le deuil.
Le corps du Taciturne fut porté à la
grande église de Delft, jadis dédiée à la
Stc-Vierge et à Ste-Ursule, appelée de nos
jours la Groote ou SSieuwe Kerk.
L’exemplaire de i Enterrement du prince
d'Orange,de la vente Olivier,est d’un premier
étal,à l’adresse de Henri Goltzius seul. Celte i
suite de douze estampes, gravées à l’eau-
forte, de la plus insigne rareté, porte pour
litre : « Hæc pompa funebris spectata fuit
Batavorum Delphis tertio die Augusti A0
MDLXXXIV. » La première page contient
un cartouche et à côté le Bogus ou céno-
taphe. Goltzius n’a pas oublié de graver
également le cabinet d’armes qui se voit
encore aujourd’hui au-dessus de la statue
du Taciturne, au monum ent qu’on éleva
depuis, d’après les dessins de Hendrick de
Iveyser, sur l’emplacement de l’ancien autel
de l’église où furent célébrées les obsèques
du premier Sladlhouder de ia République
balave.
Il est curieux d’observer les différences
de coupe et d’ajustement que la mode a
déjà apportées au costume de nos ancêtres
depuis les funérailles de Charles-Quint. Par
malheur, l’étiquette de la cérémonie enjoi-
gnant le port du long manteau de deuil ; bon
nombre de détails sont ainsi perdus pour
une foule de personnages. Quoi qu’il en
soit, nous recommandons spécialement l’é-
tude de ces divers cortèges historiques.
Généralement nos artistes vont puiser un
renseignement banal dans les recueils étran-
gers, puis ils affublent nos personnages na-
tionaux de l’époque célèbre de la révolution
des Pays-Bas, de costumes français, italiens
ou anglais.
Nous avons constaté à ce sujet les plus
réjouissants anachronismes dans des œuvres
d’ailleurs méritantes. Nous nous rappelons
avoir signalé jadis, dans un tableau connu,
des ajustements féminins portés à trente
années de distance, ce qui, pour des dames
de Cour, témoignait un inadmissible mépris
de l’art d'honneslemenl s'accouslrer.
On ne connaît que deux ou trois exem-
plaires en bon état de la célèbre Pompe
funèbre de Delft. Nous les avons vus aux
bibliothèques d’Amsterdam et de la Haye.
Bien qu’un savant libraire hollandais nous
ait affirmé l’existence d’un second tirage où
manque la signature « Henricus Goltzius
excudebat; » nous ne l’avons jamais rencon-
trée. MM. Brunet etGraesse n’en font aucu-
ne mention.
Débarrassé de son ennemi mortel, Phi-
lippe II tint parole ; les Seigneuries de
Livremont, Dampmartin et Ilostal, en Fran-
che-Comté, furent données aux héritiers du
faux Guyon ; en 1590, le roi d’Espagne en-
joignit de plus, au prince de Parme, de leur
payer quatre mille florins carolus, en dé-
dommagement du délai que cette récom-
pense avait souffert.
Nous avons dit que la bibliothèque de La
Haye possède un magnifique exemplaire de
cette suite à laquelle se rattachent tant de
souvenirs historiques ; au musée du Mau-
ritshuys, de la même ville, charmant cas in
bâti en 1665 par Pierre Post pour Louis de
Nassau, dans l’angle du Vivier de la Cour,
l’on peut voir encore aujourd’hui, aux vitri-
nes de l’étage, l’hahillement complet du Ta-
citurne avec l’épée, la montre en or émaillé
et la médaille qu’il portait le jour où il fut j
assassiné. Tout à côté se trouvent la halle |
extraite de la blessure, les pistolets de Gé- j
rard et l’original de la sentence par laquelle
il fut condamné à la peine des parricides.
Si nous parlons en passant des funérailles
du roi Frédéric II, de Danemark, (1592),
c’est d’abord à cause de la signature d’Hoo-
genberg, ensuite pareeque nous y trouvons
un document sérieux des relations des ar-
tistes flam.nJs avec les contrées Scandi-
naves.
L’exemplaire de la vente Olivier que nous
avons sous les yeux, contient vingt estampes
in-f° oblong, gravées par Hoogenberg et
S. Novelani ; cette suite a été décrite par
Nagler.
François Hoogenberg, de Malines, qui
florissait dans le dernier tiers du XVIe siècle,
a gravé une foule d’eaux-fortes très inté-
ressantes au point de vue qui nous occupe.
La bibliothèque royale de Bruxelles en pos-
sède un superbe recueil. La planche 295
nous donne une représentation de l’entrée
de l’Archiduc Ernest à Bruxelles, le 50 Jan-
vier 1594. Nous parlerons plus loin des
dessins qu’ütto Vœnius fit pour l’inaugura-
tion à Anvers du gendre putatif de Philippe
IL D’après celte planche d’IIoogenbergJ’on
avait élevé sur la Grand’ Place, deux arcs
triomphaux prodigalement enrichis d’appa-
reils luminaires, (détail typique sur lequel
nous nous sommes déjà appesanti,) et la
voie triomphale que suivait l’Archiduc était
bordée d’édicules abritant des personnages
historiques. Nous y distinguons Maximilien,
Marie de Bourgogne, Frédéric, Albert,
Rodolphe, Charles et Ferdinand.
La planche 514 du même recueil, nous
donne une vue d’ensemble de l’Entrée de
l’Archiduc Albert à Bruxelles, encore paré
des insignes cardinalices, le 11 Février
1596. On y trouve le menu ordinaire de
ces sortes de solennités inaugurales; les
théâtres à personnages vivants, les jolies
llamandes mythologiquement déshabillées
en nymphes ou svrènes; la galère La victoire,
de cinquante pieds de haut, ornée d’inscriy-
tions, bannières, cartels allégoriques, dont
nous avons parlé plus haut et qui fut offerte
à la ville de Bruxelles après avoir servi
aux Funérailles de Charles Quint. Ajoutons
à cela les huyskens, les monstres terrestres
et marins,la lignée gigantesque à la marche
titubante imprimantà leursatours un meneo
comique, etc., etc.
Signalons spécialement, comme type ar-
chitectural, un arc de triomphe à fronton
circulaire et regrettons sincèrement queces
planches de Hoogenberg soient dessinées à
une trop petite échelle pour en entreprendre
la description détaillée qu’elles mériteraient.
Au fond, les spirituelles vignettes de la
pointe facile de l’aquafortiste malinois, ont
rempli leur but en nous fournissant, pour
ces années de cataclysme, des témoignages
irrécusables de la puissante vitalité des in-
stincts artistiques de nos pères qui s’étaient
raccrochés à celte dernièreplanche de salut.
Prêt à mourir faute de moyens de se pro-
duire, l’art flamand se voyait sauvé par
l’engouement séculaire des habitants de nos
provinces à lutter d'ingéniosité et de splen-
deur dans les sorti es de l’antique Ommeganck,
célébrées aux Pays-Bas du XVI au XV11I siècle,
(suite.)
LIVRES PUBLIÉS A CETTE OCCASION
(Vente Olivier du 7 Avril 1872).
Par édit du 15 Mai 1580, Philippe II
promit « en parole de roy et comme mi-
» nislre de Dieu » à quiconque tuerait le
Prince d’Orange, vingt six mille écus d’or
en argent comptant ou terres seigneuriales
et des lettres de noblesse pour lui et ses
complices, auxquels la même ordonnance
promettait d’autres « mercedes. »
Alexandre Farnèse, Gouverneur général
des Pays-Bas, n’approuvant pas une pareille
violence envers un adversaire qu’il avait
appris à estimer, différa de publier l’édit
dans nos provinces jusqu’au mois de Juin
suivant; encore ne le lit-il que sur les ordres
formels et les instances pressantes et réité-
rées de Philippe II.
A celte ordonnance inique, le Taciturne
répondit par le manifeste du 4 Février
1581, œuvre littéraire de Pierre Villiers,
son secrétaire, dont les dernières paroles,
d’une chevaleresque loyauté, sont devenues
le cri de guerre de la Néerlande : « Je
maintiendrai équité et justice. »
La récompense était vraiment royale: les
bourreaux volontaires se montrèrentàpres à
la curée. Au milieu des fêtes de l’inaugura-
tion du duc d’Anjou, à Anvers et dont nous
nous occupions récemment, Jean Jauregui,
valetdu banquier biscaïen Anastro, fanatisé
par un moine jacobin, lui tira un coup de
pistolet et le manqua, le 28 Mars 1582.
L’assassin fut assommé sur place et ses
complices écartelés.
Dès lors, le prince d’Orange dut se défier
de tout son entourage : malgré ses précau-
tions, le 10 Juillet 1584, en sortant de table
à Delft,un jeune francomtois, natif de ViI-
lesar et qui se faisait appeler Guyon, mais
dont le véritable nom était Balthasar Gérard,
réussit à lui tirer une balle au cœur qui
lui fit une courte agonie.
Guillaume de Nassau, IXe du nom, lils de
Guillaume leviel et de Julienne Van Stol-
berg, avait moins de cinquante deux ans.
François Hoogenberg nous a laissé trois
eaux-fortes contemporaines,palpitantes d’in-
térêt, des particularités de ce drame.
Le 24 Juillet suivant, on fit la Pompe
funèbre du prince. Son fils cadet n’ayant que
huit ans, son aîné, le comte de Buren, arra-
ché violemment par le duc d’Alne des bancs
de Y Alma mater étant aux mains des es-
pagnols, le puîné, Maurice, conduisit le
deuil, ayant à sa droite, Gérard Truchses,
ex-Electeur de Cologne, à sa gauche, le
comte de Ilohenlohe. Puis venaient les com-
tes de Nassau, ses cousins germains, suivis
du comte de Solms qui fermait le deuil.
Le corps du Taciturne fut porté à la
grande église de Delft, jadis dédiée à la
Stc-Vierge et à Ste-Ursule, appelée de nos
jours la Groote ou SSieuwe Kerk.
L’exemplaire de i Enterrement du prince
d'Orange,de la vente Olivier,est d’un premier
étal,à l’adresse de Henri Goltzius seul. Celte i
suite de douze estampes, gravées à l’eau-
forte, de la plus insigne rareté, porte pour
litre : « Hæc pompa funebris spectata fuit
Batavorum Delphis tertio die Augusti A0
MDLXXXIV. » La première page contient
un cartouche et à côté le Bogus ou céno-
taphe. Goltzius n’a pas oublié de graver
également le cabinet d’armes qui se voit
encore aujourd’hui au-dessus de la statue
du Taciturne, au monum ent qu’on éleva
depuis, d’après les dessins de Hendrick de
Iveyser, sur l’emplacement de l’ancien autel
de l’église où furent célébrées les obsèques
du premier Sladlhouder de ia République
balave.
Il est curieux d’observer les différences
de coupe et d’ajustement que la mode a
déjà apportées au costume de nos ancêtres
depuis les funérailles de Charles-Quint. Par
malheur, l’étiquette de la cérémonie enjoi-
gnant le port du long manteau de deuil ; bon
nombre de détails sont ainsi perdus pour
une foule de personnages. Quoi qu’il en
soit, nous recommandons spécialement l’é-
tude de ces divers cortèges historiques.
Généralement nos artistes vont puiser un
renseignement banal dans les recueils étran-
gers, puis ils affublent nos personnages na-
tionaux de l’époque célèbre de la révolution
des Pays-Bas, de costumes français, italiens
ou anglais.
Nous avons constaté à ce sujet les plus
réjouissants anachronismes dans des œuvres
d’ailleurs méritantes. Nous nous rappelons
avoir signalé jadis, dans un tableau connu,
des ajustements féminins portés à trente
années de distance, ce qui, pour des dames
de Cour, témoignait un inadmissible mépris
de l’art d'honneslemenl s'accouslrer.
On ne connaît que deux ou trois exem-
plaires en bon état de la célèbre Pompe
funèbre de Delft. Nous les avons vus aux
bibliothèques d’Amsterdam et de la Haye.
Bien qu’un savant libraire hollandais nous
ait affirmé l’existence d’un second tirage où
manque la signature « Henricus Goltzius
excudebat; » nous ne l’avons jamais rencon-
trée. MM. Brunet etGraesse n’en font aucu-
ne mention.
Débarrassé de son ennemi mortel, Phi-
lippe II tint parole ; les Seigneuries de
Livremont, Dampmartin et Ilostal, en Fran-
che-Comté, furent données aux héritiers du
faux Guyon ; en 1590, le roi d’Espagne en-
joignit de plus, au prince de Parme, de leur
payer quatre mille florins carolus, en dé-
dommagement du délai que cette récom-
pense avait souffert.
Nous avons dit que la bibliothèque de La
Haye possède un magnifique exemplaire de
cette suite à laquelle se rattachent tant de
souvenirs historiques ; au musée du Mau-
ritshuys, de la même ville, charmant cas in
bâti en 1665 par Pierre Post pour Louis de
Nassau, dans l’angle du Vivier de la Cour,
l’on peut voir encore aujourd’hui, aux vitri-
nes de l’étage, l’hahillement complet du Ta-
citurne avec l’épée, la montre en or émaillé
et la médaille qu’il portait le jour où il fut j
assassiné. Tout à côté se trouvent la halle |
extraite de la blessure, les pistolets de Gé- j
rard et l’original de la sentence par laquelle
il fut condamné à la peine des parricides.
Si nous parlons en passant des funérailles
du roi Frédéric II, de Danemark, (1592),
c’est d’abord à cause de la signature d’Hoo-
genberg, ensuite pareeque nous y trouvons
un document sérieux des relations des ar-
tistes flam.nJs avec les contrées Scandi-
naves.
L’exemplaire de la vente Olivier que nous
avons sous les yeux, contient vingt estampes
in-f° oblong, gravées par Hoogenberg et
S. Novelani ; cette suite a été décrite par
Nagler.
François Hoogenberg, de Malines, qui
florissait dans le dernier tiers du XVIe siècle,
a gravé une foule d’eaux-fortes très inté-
ressantes au point de vue qui nous occupe.
La bibliothèque royale de Bruxelles en pos-
sède un superbe recueil. La planche 295
nous donne une représentation de l’entrée
de l’Archiduc Ernest à Bruxelles, le 50 Jan-
vier 1594. Nous parlerons plus loin des
dessins qu’ütto Vœnius fit pour l’inaugura-
tion à Anvers du gendre putatif de Philippe
IL D’après celte planche d’IIoogenbergJ’on
avait élevé sur la Grand’ Place, deux arcs
triomphaux prodigalement enrichis d’appa-
reils luminaires, (détail typique sur lequel
nous nous sommes déjà appesanti,) et la
voie triomphale que suivait l’Archiduc était
bordée d’édicules abritant des personnages
historiques. Nous y distinguons Maximilien,
Marie de Bourgogne, Frédéric, Albert,
Rodolphe, Charles et Ferdinand.
La planche 514 du même recueil, nous
donne une vue d’ensemble de l’Entrée de
l’Archiduc Albert à Bruxelles, encore paré
des insignes cardinalices, le 11 Février
1596. On y trouve le menu ordinaire de
ces sortes de solennités inaugurales; les
théâtres à personnages vivants, les jolies
llamandes mythologiquement déshabillées
en nymphes ou svrènes; la galère La victoire,
de cinquante pieds de haut, ornée d’inscriy-
tions, bannières, cartels allégoriques, dont
nous avons parlé plus haut et qui fut offerte
à la ville de Bruxelles après avoir servi
aux Funérailles de Charles Quint. Ajoutons
à cela les huyskens, les monstres terrestres
et marins,la lignée gigantesque à la marche
titubante imprimantà leursatours un meneo
comique, etc., etc.
Signalons spécialement, comme type ar-
chitectural, un arc de triomphe à fronton
circulaire et regrettons sincèrement queces
planches de Hoogenberg soient dessinées à
une trop petite échelle pour en entreprendre
la description détaillée qu’elles mériteraient.
Au fond, les spirituelles vignettes de la
pointe facile de l’aquafortiste malinois, ont
rempli leur but en nous fournissant, pour
ces années de cataclysme, des témoignages
irrécusables de la puissante vitalité des in-
stincts artistiques de nos pères qui s’étaient
raccrochés à celte dernièreplanche de salut.
Prêt à mourir faute de moyens de se pro-
duire, l’art flamand se voyait sauvé par
l’engouement séculaire des habitants de nos
provinces à lutter d'ingéniosité et de splen-
deur dans les sorti es de l’antique Ommeganck,