Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
- 50 —

prétexte qu'il avait encouru une amende de
douze florins.

Outre la perte de son manteau qu'il n'a
cessé de réclamer, De Coster déplore le
déshonneur qui le menace d'avoir à retour-
ner à Anvers sans ce vêtement : quant au
manteau même, il l'a, à diverses reprises,
redemandé, par l'intermédiaire des agents
de la garde, au lieutenant; Gilles Verbeeck,
cordonnier, de son côté, a réitéré plusieurs
fois cette demande en restitution en termes
fort polis, — ce dernier a même offert en
échange la somme de un ou de deux esca-
lins.

De Coster accuse personnellement le lieu-
tenant de l'écoutète de l'avoir maltraité :
cet officier lui ayant jeté autour des jambes
les ciseaux, instrument avec lequel on prend
les voleurs, lui a occasionné des blessures
graves et l'a fait tomber par terre. Non con-
tent de ces violences, Remi Vrients s'est
encore permis de lancer contre le plaignant
un grand dogue et un petit chien. Ces ani-
maux se ruèrent sur lui et lui déchirèrent
les mollets et les cuisses ; ils l'auraient iné-
vitablement tué, si, attirée par les cris du
peintre, la femme du lieutenant ne fût venue
et n'eût rappelé à elle les deux chiens. —
Les lamentations de De Coster se firent en-
tendre jusque dans le corps de garde; il
exbiba même aux gens du guet les blessures
que lui avait faites le dogue.

A la suite de ces cruautés, l'artiste fut
sérieusement malade, et, bien qu'il eût gardé
le lit pendant trois semaines à l'hôpital de
Malines, il souffrait à ce moment encore des
effets des traitements barbares qu'il avait
endurés.

En conséquence des faits énumérés,Daniel
De Coster demanda la condamnation du lieu-
tenant; il demanda, en outre, que celui-ci
fût contraint au paiement des médicaments
et des mêts délicats qu'il reçut à l'hôpital,
des frais de la nourriture qu'il prend jusqu'à
ce jour dans l'hôtellerie où il se trouve ac-
tuellement, ainsi qu'au remboursement des
honoraires dûs au barbier qui le traite.
Comme dommages et intérêts, il réclama le
double des frais susmentionnés, juste com-
pensation pour la perte de son temps et pour
le tort fait à sa santé pour la suite de ses
jours.

A celte demande produite le 26 mai 1626,
le lieutenant opposa une réplique.—Celui-ci
assure dans cette pièce que le peintre Daniel
De Coster est un homme entêté, difficile,
querelleur et de mauvaise réputation ; qu'il
est récidiviste et qu'il avait encore autrefois
été arrêté et poursuivi à Malines du chef de
bruit dans une maison bourgeoise et pour
bris de carreaux de vitres; qu'il avait attaqué
à coups de poing une personne inoffensive
sur la Grand'place; que l'ayant rencontré
d'abord à 11 heures du soir dans la rue
d'Adeghem, il l'invita alors à se retirer de

la voie publique ; que nonobstant il le re-
trouva ensuite à une heure de la nuit dans
la rue Sainte Catherine; que l'ayant en-
gagé alors à ôter son manteau, il ne voulut
pas le faire et qu'il fut obligé de le lui en-
lever de force ; que le chien, dont se plaint
le peintre, est un animal doux et inoffeusil
qui n'a jamais mordu personne.

Aux pièces du procès est annexée une
déclaration de François Hovius, curé de la
paroisse de Sainte Walburge, à Anvers,attes-
tant que Daniel De Coster est né dans cette
paroisse et qu'il a été bien élevé par des
parents catholiques.

Si le pelit dossier que nous venons de
dépouiller donne une idée peu favorable de
la justice d'autrefois, il prouve aussi que
quelques-uns de nos anciens artistes n'é-
chappent pas complètement au grief u'ivro-
guerie que l'on s'est plu à leur imputer si
fréquemment.

Emmanuel Neeffs.

UNE LETTRE DE M. ALFRED MICH1ELS.

(Nous recevons la curieuse lettre que
voici. Elie était accompagnée d'une missive
comminatoire parfaitement inutile, car rien
au monde ne pouvait nous obligera insérer
la prose de M. A. Michiels. Si nous lui ou-
vrons nos colonnes c'est que nous aurions
été désolés de priver nos lecteurs d'un aussi
friand morceau.)

Monsieur,

Je viens de lire, dans votre numéro du 15
mars dernier, un article signé de votre nom,
qui contient cette phrase singulière, à pro-
pos du concours ouvert par la municipalité
d'Anvers :

« L'histoire de Rubens et de son école
était donc le seul thème à proposer à la
vaillance des lutteurs..., une histoire popu-
laire, moins passionnée que celle d'Alfred
Michiels, et surtout plus conforme aux docu-
ments qui, depuis une vingtaine d'années,
ont jailli de toutes parts. »

Comment avez-vuus osé, Monsieur, écrire
une phrase aussi injuste et aussi contraire à
la vérité? Ou vous n'avez pas lu mon livre,
et alors vous n'avez pas le droit d'en parler,
ou vous l'avez lu, et vous savez qu'en vous
exprimant de la sorte, vous avez commis
une imposture.

Non-seulement les onze cent trente quatre
pages, que j'ai consacrées à Rubens et à son
école, sont de la plus rigoureuse exactitude,
non-seulement j'y ai fait usage de tous les
documents imprimés depuis une vingtaine
d'années, mais j'ai eu, pour en extraire la
substance, un avantage considérable, c'est
que je lis à livre ouvert presque toutes les
langues de l'Europe. Les documents dont
vous parlez, et que vous ne connaissez pas,
sont rédigés en hollandais, en italien et eu
anglais ; je les ai tous sur les rayons de ma

bibliothèque; je les ai lus avec un soin ex-
trême, dans les texies originaux, et je vous
porte le défi, à vous ou à tout autre, de
prouver que j'ai omis un seul fait important,
intéressant ou curieux, qui s'y trouve relaté.
Vous avez donc fait preuve, monsieur, et de
malveillance et d'une blâmable irréflexion,
en vous permettant d'affirmer le contraire.

J'ai dit que vous ne connaissez point les
documents dont vous parlez : je vais vous en
donner la preuve à l'instant même. Dans
votre Dictionnaire, que je vous fais la grâce
de ne point juger, vous dites en parlant de
Rubens : - « Né à Cologne ou à Siegen. »
Or, si vous aviez lu les pièces judiciaires,
les actes authentiques imprimés en Hollande
par M. Rakhuizen van den Brink, vous sau-
riez que Rubens a vu le jour à Siegen et non
ailleurs. Vous ne vous êtes donc pas rensei-
gné sur son début dans la vie comme vous
auriez dû le faire, et vous avez ensuite l'au-
dace de m'accuser d'inexactitude(i) !

Une source unique de renseignements n'a
pas jusqu'ici été utilisée par moi : c'est le
pelit volume espagnol que M. Crusada Vil-
laamil a publié dans ces derniers temps à
Madrid ; mais il est déjà sur mon bureau, et
comme je sais très-bien l'espagnol, vous
pouvez être certain que j'y puiserai tout ce
qui mérite d'être mis sous les yeux du lecteur.
Je n'ai pu le faire jusqu'à présent pour un
motif bien simple : c'est que le volume n'a-
vait pas paru. Trouverez-vous cette raison
suffisante?

Du reste, Monsieur, vous suivez une tac-
tique adoptée depuis longtemps contre moi,
non pas en France, où tout le monde me res-
pecte et m'honore, mais en Belgique, dans
l'intention de déprécier mes travaux : elle
consisle à prétendre que, pour être exact,
il faut n'avoir ni style, ni goût, ni idées, ni
art de composition, ni talent d'aucune sorte.

(1) Un instant, M. Michiels. lo La livraison de
noire Dictionnaire des peintres, qui contient la bio-
graphie de Rubens, a paru à l'époque où on pouvait
raisonnablement dire du lieu de naissance de Rubens
ce que nous en avons dit. La lutte existait alors, et
existe encore entre MM. Backhuyzen, Van den
Briuck, Knnen et Du Mortier. Nous réclamons donc
le bénéfice d'une situation que. vous invoquez pour
vous même à propos du petit volume de Crusada
Villaamil. Si par hasard vous aviez consulté la troi-
sième ou la nouvelle édition de notre Dictionnaire
portant les dates de 1870 et 1875, il faut vous faire
remarquer que ces éditions ne sont que la deuxième
à laquelle l'éditeur, M. Lacroix, a mis une autre
date et une autre indic5tion d'édition. Ce procédé
peu délicat a f«it l'objet d'un jugement très sévè-
rement motivé du tribunal de la Seine en date du
27 août 1875. Ce jugement a paru dans notre n° du
SI janvier dernier En bonne justice, M. Michiels,
vous ne pouvez nous rendre responsable des fautes
que les agissements de M. Lacroix nous ont endos-
sées. 2o V ous voudrez bien remarquer qu'à l'heure
qu'il est (15 avril 1 876), et quoique vous en disiez,

on ne sait pas encore exactement où RuBENS a

vu le jour. Tout semble designer la ville d'Anvers.
Personne, que je sache, n'a réfuté l'article publié
sur ce point par M. Géuard, dans notre no du 15 no-
vembre 1875. Je vous y renvoie.

Ad. S.
 
Annotationen