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N° 19.

i5 Octobre 1876.

Dix-huitième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE

paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. SIRET, membre de l'Académie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, etc.

03ST S'ABONM : à Anvers, chez TESSABO, éditeur; à Bruxelles, chez DECQ et
DUHENT et chez MUQUABDT; à Gand, chez HOSTE et chez BOGGHÉ ; à Liège, chez DE SOEB
et chez DECQ : àLouvain, chez Cn. PEETEES ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour
l'Allemagne, la Eussie et l'Amérique : C. MUQUABDT. La France : DUSACQ et Cie, Paris. Pour
la Hollande : MAETINUS NYHOFF, à la Haye. - PRIX 3D'A.BON3STBM;EIsrT :
pour toute la Belgique (port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle-

terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même prix, le port en sus. —
PRIX NTTMÉiRO : 60 e. — RECLAMES et Insertions extraordi-

naires : 2 fr. la ligne. — Pour les grandes annonces on traite à forfait. — ^JNnjNTOjN"CIES :
40 c. la ligne. — Pour tout ce qui regarde l'Administration ou les annonces s'adresser à l'Admi-
nistration, rue du Progrès, 28, à St-Nicolas (Flandre orientale) ou à Louvain, rue Marie-Thérèse, 22.
— Il pourra être rendu compte des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

SOMMAIRE : Belgique : Revue musicale. — Les
peintures murales de Courtrai. — Le Salon d'An-
vers. — Les miettes du Salon d'Anvers. — Vente
de Poortere. — Chronique. — Annonces.

BeLgtq

ue.

REVUE MUSICALE.
I.

Nous avons annoncé à nos lecteurs, il y a
trois mois, que nous nous proposions de
consacrer quelques uns de nos articles à des
établissements musicaux dont, à notre sens,
la critique ne s'occupe pas suffisamment.
Commençons aujourd'hui par parler de la
célèbre manufacture de pianos Berden de
Bruxelles, dont le chef, M. François Berden,
vient de se retirer, en cédant ses affaires à
deux neveux MM. Campo, ceux-ci associés
depuis plusieurs années à l'établissement de
leur oncle.

Cette maison existe depuis 1827. Son his-
toire est celle de tous les progrès que la
facture a réalisés en un demi siècle; et l'on
peut dire que le plus grand nombre de nos
virtuoses pianistes ont fait leur éducation
sur des instruments sortant de ses ateliers.

En 1827, la raison sociale était Lichten-
thal et Compagnie. M. Lichtenthal, homme
capable, très actif, mais aventureux, se jetait
volontiers dans les nouveautés et ne calcu-
lait guère si ses inventions constituaient
en réalité un progrès vrai pour la fabrication
des pianos. C'est ainsi que vers 1830, il pro-
duisit un instrument qu'il appela piano-violon
et que l'on jouait avec un archet, à peu près
comme si c'était une contrebasse. Le piano-
violon possédait cinq octaves complètes,don-
nait des sons agréables tant qu'il ne s'agis-
sait que de mélodies lentes et onctueuses,
mais s'écartait absolument de ce que désire
uu amateur quand il veut s'acheter un piano.
Les magasins de M.Lichtenthal étaient situés
Montagne de la Cour à Bruxelles. Je me
rappelle encore y avoir entendu dire par de
grands artistes, tels que Kalckbrenner : «Le
«Piano-violon est un rêve. Rien de plus.»

Dès 1834, la maison Lichtenthal construisit
des pianos carrés à cordes croisées et, si je
ne me trompe, dès la même année elle ap-
pliqua les cordes croisées au format Buffet.
Ce n'est donc pas depuis l'exhibition faite à
l'Exposition Universelle de 1867 à Paris, par

la maison Steinway d'Amérique, que date
le croisement des cordes.

Je pourrais en dire autant, dans un autre
ordre d'idées, à propos des cordes obliques.

En 183o l'établissement reçut sa première
médaille d'or (Exposition de Bruxelles de
1835). En 1840, la raison sociale changea et
devint la firme Clermont-Berden et Cojipic.
Les associés commanditaires de M. Lichten-
thal lui laissèrent la direction de la fabri-
cation. Enfin, en 1842, le départ imprévu de
M. Lichtenthal pour l'étranger amena la dis-
solution de la société, laquelle se reconstitua
immédiatement sous le titre de société Fran-
çois Berden et Compagnie.

Redire ici tous les progrès que la manu-
facture Berden accomplit dans ces 35 der-
nières années; tous les brévets de perfec-
tionnement qu'elle obtint ; le grand nombre
de médailles et de récompenses de premier
rang qu'elle remporta; comment, par un
travail assidu et persévérant, elle réussit à
construire des pianos-buffet qui sont de vrais
chefs-d'œuvre et n'ont à craindre la con-
currence d'aucun établissement d'Europe,
nous paraît chose inutile. Quel est le vir-
tuose, quel est le professeur qui n'ait attesté
les mérites de ces instruments?

Nous n'avons nullement pour but, en écri-
vant ces lignes, de déprécier d'autres établis-
sements belges de grande valeur, mais nous
n'aurions pas de patriotisme si, au moment
où M. François Berden se retire de la fabri-
cation, nous ne consacrions un article à
l'homme intelligent et modeste qui a étendu
au loin la renommée de notre pays.

Depuis 1855 ou 1856, M. Berden s'appliqua
à la construction de pianos destinés à sup-
porter les longs voyages et les climats des
tropiques. Ce que bien peu de nos amateurs
et de nos artistes savent, c'est que son
établissement a une clientelle toute faite à
Java, Sumatra, aux Célèbes, aux Philippines,
au Mexique, à la Plata, au Brésil.

Depuis l'obtention, par M. Berden, de la
Prize Medal à l'Exposition universelle de
1862 à Londres, il s'est établi également en
Angleterre un écoulement régulier de ses
instruments. J'ose dire que dans ces divers
pays les pianos Berden jouissent d'une re-
nommée aussi incontestable que la considé-
ration dont la maison et son chef sont en-
tourés en Belgique.

Mais aussi, il faut le remarquer, les ma-
nières d'agir du facteur, ses relations bien
veillantes avec tous les artistes, sa probité
parfaite, ses procédés loyaux, et — ce qui
ne gâte rien —sa grande modestie, lui ont
créé un vaste réseau d'amitiés solides, de
justes et de légitimes dévouements. Je ne me
trompe point en disant ici que je suis l'or-
gane de tous ceux qui, depuis 40 ans, ont
traité avec lui. M. Berden n'a pas un seul
ennemi. Il n'en a jamais eu.

Au moment où je termine cettte note,
échoit encore à l'établissement une nouvelle
et brillante distinction à Utrecht. C'est au
moins le vingt cinquième diplôme depuis
1842.

Le grand nombre de commandes que re-
çoit la maison-Berden, a forcé depuis 1868
les chefs de la fabrication à imaginer des
moyens mécaniques pour multiplier et hâter
les livraisons. L'établissement en est arrivé
aujourd'hui a pouvoir produire, dans ses
splendides ateliers d'Ixelles, plus de 800 pia-
nos par an !

Avais-je raison de dire qu'une pareille
manufacture fait honneur à la Belgique et
mérite une mention spéciale dans notre
Revue musicale ?

II.

Parmi les nouvelles publications parues
depuis trois mois, je signalerai tout d'abord
une Nouvelle méthode h'orgue expressif de
M. Moonen, l'un des chefs de la maison Alexan-
dre père et fils à Paris. Ce livre, parfaitement
bien écrit, résume tout ce qui concerne la
fabrication et l'usage artistique des excel-
lents Harmoniums Alexandre. Il sera de la
plus grande utilité pour les artistes et pour
les amateurs.

L'Harmonium, à la différence du piano,
est peu sujet à s'altérer. Ceux de MM. Alexan-
dre sont si solides qu'ils font mille et deux
mille lieues sans subir la moindre variation
dans leur accord. Néanmoins quand un or-
gane quelconque de l'instrument vient à être
dérangé, son possesseur se trouve bien plus
embarrassé que s'il s'agissait d'un piano. Je
parle par expérience personnelle. Rarement
dans les villes de province on rencontre des
ouvriers capables de remédier au mal.

La méthode de M. Moonen explique tout,
clairement, avec une connaissance parfaite
 
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