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N° 12.

30 Juin 1876.

Dix-huitième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTERATURE

paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. SIRET, membre de l'Académie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, etc.

ON" S'ABONNE : à Anvers, chez TESSAEO, éditeur; à Bruxelles, chez DECQ et
DUHENT et chez MUQUARDT; à Gand, chez HOSTE et chez EOGGHÉ; à Liège, chez DE SOEE
c t chez DECQ : à Louvain, chez Ch. PEETEES ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour
l'Allemagne, la Eussie et l'Amérique : C. MUQUAEDT. La France : DUSACQ et Cie, Paris. Pour
la Hollande : MAETINUS NYHOFF, à la Haye. — PRIX D'ABONNEMENT :
pour toute la Belgique (port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle-

terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même prix, le port en sus.
l'Kl X 3?_A-R NUMÉRO : 50 c. — EBCLAMES et Insertions extraordi-
naires : 2 fr. la ligne. — Pour les grandes annonces on traite à forfait. — ANNONCES :
40 e. la ligne. — Pour tout ce qui regarde l'Administration ou les annonces s'adresser à l'Admi-
nistration, rue du Progrès, 28, à St-Sicolas (Flandre orientale) ou à Louvain, rue Marie-Thérèse, 22.
— Il pourra être rendu compte des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

SOMMAIRE : Belgique : Les grands architectes de
la Renaissance aux Pays-Bas. — Hans Vredeman
De Vries. — A propos de Baraques. — Bibliogra-
phie.— Publications nouvelles de la maison Firmin
Didot. — France : Le Salon de Paris : Les peintres
belges. — MM. Alexandre Hesse et Bonnassieux.

— Allemagne : Les expositions. — Hollande :
Collection Van Romondt. — Chronique générale.

— Annonces.

Bel

Les grands architectes de la Renaissance
aux Pays-Bas.
I.

HANS VREDEMAN DE VRIES.

{Suite).

Citons encore le charmant Buen Betiro de
Borcht, qui s'étendait de la chaussée de
Molenbeek au Doncker Molen, commencé
le 25 avril 1860 par J.-Baptiste Houwaert,
le poëte flamand et connu jusqu'au commen-
cement de ce siècle sous le nom de Kleijn
Venetië.

L'engouement pour les jardins « à l'ita-
lienne » ne fit que s'accroître après ces illus-
tres exemples. Vredeman prouva à son tour
qu'il était bon «jardiniste» en publiant, en
1563, à Anvers, une série de Labyrinthes et
de Jardins « modernes » rapportés aux cinq
ordres de Vitruve. C'est un petit in-folio
oblong, assez rare. Le titre que nous avons
sous les yeux présente une table centrale
entourée d'une ordonnance ionique canton-
née de deux caryatides en gaines. A droite,
une jeune femme, nue jusqu'à la ceinture,
tient du bras droit une bêche ; à gauche,
une figure semblable est armée d'un râteau.
Toutes deux arrosent de l'autre main, à l'aide
d'un vase élégant, des plantes de rosiers et
de lys. Leur coiffure est formée de la clas-
sique corbeille évidée de l'Ecole d'Anvers ;
des fruits et des légumes se montrent aux
ouvertures. Au premier plan trois pots à
fleurs, et, dans les coins, leurs ennemis na-
turels : chenilles, limaces, escargots. Des
trophées de jardinage accompagnent les ca-
ryatides. La composition de ce titre est char-
mante et vraiment digne du maître. On lit
sur la table centrale : Hortorum viridario-
rumque elegant.es et multiplicis fonnœ ad ar-
chitectonicae artis normam aff'abre delineatœ
a loanne Vredemano Frisio, etc. (4). Philippe
Galle en donna une seconde édition à An-
vers en 1383, avec la traduction du titre au
bas de la page en français et en flamand.

(1) Modèles élégants de nombreux jardins et
vergers concordant avec les règles de l'architecture.
Dessinés soigneusement par Jean Vredeman frison.

Ces jardins sont ajustés, avons nous dit,
aux édifices des ordres antiques.

Ordre dorique . . . planches 1-6
—1 ionique ... — 7-13
— corinthien . . — 14-20
Sans titre (composite). — 21-28

Les planches 29 à 34 sont historiées de
scènes familières où nos peintres pourraient
puiser plus d'un groupe d'une véritable cou-
leur locale ; ces dernières gravures mérite-
raient une description détaillée.

Quant aux motifs typiques d'ensemble,
l'architecture semble disputer le pas à la vé-
gétation : c'est une série de labyrinthes, de
parterres de « compartiment, » damassés
comme les brocarts et les velours ciselés
vénitiens ; des débauches d'ifs et de buis
taillés; des héronnières et des volières ; des
tonnelles, des pergoles et des berceaux ; des
vérandas, des cabinets et des coupoles de
verdure. Enfin toute la fantaisie de ces lé-
gères constructions de treillage, soutenues
par des balustres fuselés, peints en vermil-
lon vif, que l'on retrouve si souvent dans
les tableaux et les tapisseries contemporai-
nes.

Quelques-unes des planches de ce recueil
nous offrent des scènes de la Bible et de la
Mythologie : la chaste Suzanne, David et
Bethsabée, le Jugement de Paris, Jupiter et
Leda. D'autres sont plus réalistes et nous
montrent des groupes de dames et de jeunes
gentilshommes se livrant à divers jeux et
badinages, scènes très-intéressantes comme
costumes et détails accessoires à trois siècles
de distance. L'on trouve une toile curieuse
à ce point de vue au Musée du Belvédère,
à Vienne. Elle fut peinte, en 1587, par
Lucas van Valkenborg, de Malines, et fait
partie d'une série de scènes rapportées
aux Quatre Saisons. Des seigneurs et des
châtelaines assistent, au printemps, à une
joûte solennelle dans un parc splendide non
loin des murs d'une ville. Ces jardins fla-
mands nous intéressent d'autant plus que
van Valkenborg fut l'ami de Vredeman et
l'accompagna, selon van Mander, à Aix-la-
Chapelle et à Liège.

A la planche xxix°, sous une fontaine a
vasque surmontée d'une statue de Vénus
rejetant l'eau par les seins, des groupes de
jeunes cavaliers et de demoiselles s'amusent
à s'asperger, en dépit de leurs golilles em-
pesées. Un chien se met de la partie, l'un
des gentilshommes est maintenu renversé
par une dame, tandis qu'une autre l'inonde
à pleines mains ; au fond un castel flamand.

Cette aspersion est un des éléments ca-
ractéristiques des mœurs de l'époque. L'hôte
le plus noble et le plus sérieux ne se gênait
pas, en manière de spirituelle plaisanterie,
de tremper jusqu'au os ses visiteurs. Le
« Labyrinthe » de la Granja de la Fresneda,

maison royale sur la route de Madrid à Sé-
govie, a conservé de nos jours toutes les
surprises et les ruses dont on s'ingéniait ja-
dis dans la création des « Jardins de plaisir.»

On lit dans 1' « Itinéraire des députés que
les Ligues suisses envoyèrent à la cour de
Henri III, roi de France, » relation écrite en
latin par Georges Cellarius, publiée dans les
Archiv fur schweizerische Gëschichte, une des-
cription curieuse de l'aspect que présentait
au XVIe siècle le palais italien que le chan-
celier Granvelle, père du Cardinal, s'était
fait élever à Besançon :

« On admire également......un jardin très-

» agréable. A l'entrée du jardin a été disposé
» ingénieusement un jet d'eau à deux becs;
» quand on les ouvre, l'eau s'élève en l'air,
» et l'on peut ainsi arroser facilement ceux
» qui se tiennent autour. »

Bernard dePalissy, dans un rare opuscule,
intitulé le Jardin délectable, s'il réprouve les.
pièges qui ouvrent sous les pieds des pro-
meneurs des bassins et des ruisseaux, se
tient les côtes de rire s'il voit une nymphe
de marbre renverser son urne sur la tête
d'un curieux absorbé par le pénible déchif-
frement d'une sentence de Salomon gravée
sur le piédestal.

Le livre de Vredeman nous permet de ré-
sumer les éléments constitutifs d'un jardin
flamand dans la seconde moitié du XVIe siè-
cle. Par malheur, il ne comporte pas de
texte, et bien des détails nous échapperaient
si un auteur contemporain, Olivier de Serres,
sieur de Pradel, gentilhomme huguenot,
n'avait laissé à ce sujet un gros traité bien
explicite où l'art de tracer des dessins végé-
taux, des parterres de « Broderie et de Com-
partiment » des Dedalus ou Labyrinthes, est
développé à fond comme composition, ter-
rains et végétaux appropriés.

Les parterres (du latin parliri) sont fort
anciens : on fait mention de parterres dans
la description du palais de Scaurus. On dis-
tinguait deux espèces de parterres : ceux de
« Broderie » et ceux de « Compartiment »
(compertimenta). Un tableau de Denis van
Alsloot, au Musée de Bruxelles, nous montre
la curieuse représentation topographique de
l'ancien parc et château de Marie-Mont en
1610. Les parterres sont « ramagés » comme
le vieux damas et portent au centre des chif-
fres entrelacés. Les jardins modernes de
Y Escortai et de la Granja ont conservé ces
tapis de buis taillé.

Les parterres de « Compartiment » diffé-
raient de ceux de Broderie, » en ce que,
dans un même ensemble, le dessin était sy-
métriquement répété quatre fois dans la
même pièce. Les parterres de « Broderie »
pouvaient cependant être symétriquement
répétés dans les quatre sens, mais le dessin
de chaque pièce était arbitraire.
 
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