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— 82 —

» des cinq ordres ; priant ensuite V. G., de
» recevoir avec, indulgence ce petit ouvrage.
» — Gérard de Jode (i)-

Cet endos de l'éditeur du Livre de Vrede-
man a fait verser un archéologue et critique
d'art français, bien connu,,M. Auguste Dem-
rain, dans une erreur tellement grossière
que nous nous voyons contraint à la relever
ici pour qu'elle n'aille pas s'accréditer da-
vantage et grossir encore la confusion de
l'état civil artistique des maîtres néerlandais.

Dans le premier volume d'une compilation
illustrée : Encijclopédie des Beaux-Arts plas-
tiques, ouvrage considérable, d'ailleurs rem-
pli d'érudition et appelé à rendre de grands
services, comme aide-mémoire, aux artistes
et aux amateurs, nous constatons avec éton-
nement que M. Demmin prétend réunir en
une seule individualité, Vredeman De Vries
et son second éditeur Gérard de Jode (Gérard
le Juif) ou Gerardus Judœus suivant la ver-
sion latinisée de son nom patronymique fla-
mand de Gheeraert de Jode.

«Pendant que Borromini et Bernini, en
» I tal ie, et Pedro de Bibera et Chieriguera (sic),
» en Espagne, appliquaient à toutes sauces,
» a i'architecture,.la rocaille appelée baroque
» en Allemagne, et chieriguera (sic) en Es-
» pagne, la France et l'Allemagne rivali-
» saient aussi pour inonder les appartements
» et les petits arts de l'Industrie. Ces désar-
» ticulations de la ligne n'avaient cependant
» rien de nouveau, puisqu'on les. trouve déjà
» dans les gravures de plusieurs petits mai-
■> très hollandais et allemands du seizième
» siècle, comme dans le Grotesco de Vrede-
» m an Vries, dit Gérard de Jode !________»

Que l'on n'aille pas croire à un lapsus ca-
lami ou à une inadvertance invololontaire;
cette bévue colossale est soulignée cou
amore à l'égal d'une trouvaille et se voit
r épétée dix fois au moins dans le corps de
Douvrage.

Au fond, si M. Demmin se montre récidi-
viste à l'égard du sobriquet de; « de Jode ».
infligé à un catholique devenu protestant,
il admet en toute impartialité l'influence des
œuvres de Vredeman et de son école sur
l'art français du règne d'Henri IV et de
Louis XIII.

«Le Grotesco, etc., par Johannes Viuese,
» dit Gérard de Jode, graveur hollandais du
» milieu du XVIe siècle, et l'Architecture,
» etc., par le maître Strasbourgeois Ditter-
» lin, livre publié en allemand à Nuremberg
» en 1598, démontrent que ce style dit de
s Henri IV a été pour ainsi dire créé par ces

» artistes, car on trouve dans leurs oeuvres
^ presque tout ce qui a été construit en ce
.- genre et qui y' paraît copié. »

Notons que le livre de Dietterlin qui con-
tinua, en la surchargeant.jusqu'au délire, la

(1) « Wel gheboren ghenadigher heer, na;den-
» maele dat V. G. een sonderlinghe lief'hebber is der
» Consten, ende in sonderheijt de Conste der Archi-
„ tecturaoft Boinringhe der Edificien ende oock in
» sonderheijt dat V. G. een goede ludicie ende ver-
» standt van der selver Conste van Architectural heeft,
» het welck oock betuijcht Meester Hans. Schille,
» Ingénieur ende Géographe der- Con. Majësteijt.
» Oock aen^hesien dat -V. G. is aenghenaem gheweeet
» dat Boeck van Perspectief, eertijts ghedruot bij
. Ieronijmus Cock saliger. _, '

„ So en hebbe ik met connen laten V. G. dit Boeck
» van de Architectura op de vijf Collummen V. G.
. toe te schrijven oft dedieeren, in de-V. fh onder;
, danich biddende dusdanige cleijne werk in ghena-
. den te nemen. » — Gheeraert de lodei

manière de Vredeman De Vries parut seule-
ment plus de vingt ans (18.99) après le vo-
lume dont nous nous occupons (1577) et plus
de trente ans après les trois premières suites
qui s'y rattachent publiées à Anvers chez
Gérard de Jode (1565).

Ces trois premières parties: sont jointes
d'ordinaire ad calcem aux diverses éditions
à partir de 1577.

Le premier recueil (oblong) contient douze
planches, éditées chez Gock, Aux quatre
Vents. Ils ont rapport à l'ordre Bustique.

Les bossages prodigués par l'Architecture
flamande, nés dès assises rustiques floren-
tines du xve siècle, constituent évidemment
encore une interprétation voulue quoique
erronée de certains monuments antiques.
Les tambours à' peine ébauchés enlevés aux
carrières de Paros pour construire le Palais
de Dioclétien à Spalatro ; les piliers inache-
vés des Arènes de Vérone sont incontesta-
blement les prototypes des piliers rustiques
si souvent mis en œuvre par les architectes
de la Benaissance, Vredeman De Vries en
abusa quelque peu. Disons toutefois que les
ordonnances rustiques de ce livre étaient
faites en vue d'être employées aux construc-
tions hydrauliques ou militaires «bouleverds
et tuitions. »

Le deuxième recueil, dont les dix-huit
planches sont marquées AS, se rapporte
aux ordres Dorique et Ioniques. Bases, en-
tablements, gaines, de fûts y présentent déjà
toute la plantureuse flore imaginative, rémi-
niscence involontaire de lai broderie plate-
resque, crée par l'Ecole:d'Anvers.

Là aussi, se montrent les vraies créations
originales de: l'art architectural indigène.
Les décors riches et compliquées des ga-
bles ;: les lucarnes de pignons, aux volutes
étalées, sur le rampant comme les;vertuga-
dins des Infantes, offrent les types qui don-
nèrent si longtemps aux villes des Pays-Bas
ce cachet pittoresque, coloré' et vivant dont
le mauvais goût des constructeurs de la pre-
mière moitié de notre sièclepoursuivit avec
tant d'acharnement la destruction systéma-
tique.

Le troisième et dernier recueil constitue
le parangon des élégances, de : l'art italo-fla-
mand.

On peut apprécier toute la valeur du maître
en parcourant les vingt-deux planches da^
tées et signées sur l'un des piédestaux :

vriese inventor h. cock excvrebat: 1565; CeS:

planches se rapportent aux ordres corinthien
et composite. Les détails d'ornementation
architecturale y ruissèlent avec une prodiga-
lité désespérante. Le Pignon historié y trône
en suzerain. Il faudrait un volume: pour les:
analyser dignement..

Tels sont en synthèse les quatre livres de
ce recueil, véritable « Grammaire architec-
turale » de l'Ecole d'Anvers. Entrant dans
les idées favorites: du. vieux maître, nous
l'appellerons avec justice : LE VITBUVE
FLAMAND.

Il est curieux de constater qu'en 1597 la
première; partie de l'architecture était encore
réimprimée par Jan de Jode. La suprême
édition du Vignole Flamand voyait le jour
trois ans après qu'Otho Vœnius venait de
porter1 un coup, mortel à la manière italb-
flamande, par ses Arcs de triomphe en style
classique (1595).

Les idées politiques et religieuses de l'ar-
chitecte Frison avait varié beaucoup, comme
nous le verrons tout à l'heure, depuis

l'époque: où il publiait sa première édition
du « Livre des ordres. » En 1580, il était
devenu calviniste convaincu, avait embrassé
le parti des Gueux et son besoin de prosé-
lytisme se faisait jours dans des composi-
tions satyriques, véritables caricatures à
mettre en pendant avec le; fameux « Pabst
Ezel » de Martin Luther.

Par suite de cette conversion, Vredeman
dut. s'enfuir en Hollande,, après: la chute
d'Anvers et la capitulation: de Marnix de
Sainte-Aldegonde. En 1604, il habitait Am-
sterdam et y publiait sa « Perspective » sous
les auspices d'un adversaire implacable du
comte de Mansfeld, le prince Maurice de
Nassau, pour lequel il composa cette belle
devise après l'assassinat du Taciturne :
Tandem fit surculus arbor.

Au point de vue de l'archéologie, l'œuvre
gravé de Vredeman contient des pièces fort
curieuses que l'on-trouve quelquefois jointes
à la suite du « Livre de Géométrie et Perspec-
tive » de Samuel Marolois. C'est une série
de planches d'intérieurs marquées ll, mm,
nn, oo, se rapportant au style ogival flam-
boyant. Ils représentent une Place publique,
une Chambre , des Intérieurs d'église ; la
planche oo, offrant, au premier plan, une
femme à genoux, est tout à fait remarquable.
En général, les motifs sont gracieux et ori-
ginaux, mais le burin du graveur H. Hbndius
si net et si mordant,, au point de tomber
parfois dans la sécheresse en accusant Les
formes du style de la Benaissance, devient
flou, vague, incertain, et semble balbutier
en rendant, les motifs caractéristiques du
style ogival.

Cet art du;moyen âge devait donc être bien
dédaigné par les dessinateurs et les peintres,
qu'àTépopue où il se trouvait encore de loin
en loin quelque héritier des maîtres-ès-
pierres, pour bâtir une église un Tabernacle',
un Jubé, d?après la vieille tradition,, il n'y
avait plus un dessinateur, même parmi les
plus habiles, capable de copier un édifice et
un fragment gothique avec son cachet spé-
cial. Les peintres ne se montraient guère
plus habiles., Peter Neefs ou de Witte n'ont
jamais su rendre le caractère des: « me-
neaux » dans leurs nombreux intérieurs;cof
piés cependant d'après nature..

On s'étonnera moins de ce fait, quand on
voudra se rappeler que.les architectes furent
les derniers à abandonner le syle. ogivaL
Les peintres,, les sculpteurs,,les graveurs et
les verriers, se montrèrent les plus empres-
sés à adopter les doctrines: esthétiques de
l'art gréco-romain de la, Benaissance, qui les
émancipaient définitivement.,

La devise que Jérôme Cock grava, avons»-
nous dit, sur l'une des planches, dédiées à
Granvelle, cachait sous sa trivialité popu-
laire toute l'ardeur de l'esprit de propagande
dont étaient alors animés les partisans de
la Benaissance et ceux de la Béiorme, car
on peut appliquer, au propre comme au fi-
guré, cette étrange épigraphe, où le gra-
veur joue sur la signification flamande de
son nom patronymique et écrit :

Laet de Cock coke» om t'volckx voille..

Vredeman était bon « jàrdiniste ; » il a
laissé une suite curieuse : Hortorum virida-
riorumque, etc., publiée, à Anvers, en 15651

Nous avons autrefois dans ces colonnes
développé les féconds enseignements et les
curieuses révélations de ce livre qur jette
tant de jour sur un côté pittoresque etïhtë-
 
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