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talent est loin d'avoir dit son dernier mot.

M. Louis Artan n'a qu'une seule Marine,
oeuvre d'envergure ordinaire mais où l'on
reconnaît aisément la griffe du lion.

M. Edmoud De Schampheleer— encore
un enrôlé sous le pennon du Scaldis — nous
montre deux fois son fleuve favori à Rupel-
monde et à Tamise. Hoezee! Hoezee! en
l'honneur du peintre et un peu aussi de ces
perspectives si chères à tous les touristes qui
se souviennent des plaines fertiles du pays
de Waes et de la pittoresque excursion d'An-
vers à Terneuzen.

Le Gros Temps de M. Bouvier est une
marine un peu... « bâclée » sans cependant
tomber dans le réalisme. Nous aimons mieux
ses « Bords de l'Escaut » toile faite de jet,
pleine de transparence. Ciel douteux mais
ensemble attrayant.

Les Dunes de Blankenberghe de M. Louis
de Burbure, valent mieux que son autre toile
En partance sur lest. Le peintre a un vrai
sentiment de la mer, mais il ne traduit pas
toujours avec une égale conscience ses modè-
les, de là des inégalités choquantes dans un
même cadre et un manque d'effet primesau-
tier. Il suffira sans doute de signaler ce dé-
faut à M. de Burbure pour qu'il veille désor-
mais à sauvegarder la « persistance » de
justesse dans une impression quelque fugitive
qu'elle se soit montrée. Ce sera un grand pas
d'accompli vers la perfection qu'il ne peut
manquer d'atteindre.

M. J. De Haas a deux bonnes études. Une
Rivière hollandaise, tableau lumineux, pro-
fond, aquatique. Des Falaises picardes ou le
soucis de la brosse perce un peu. En somme,
toiles excellentes.

La Vite prise à Dordrecht de M. Neu-
mans, père, est un clair de lune piquant
d'une bonne facture. Nous aimons peut-être
encore d'avantage ses Pécheurs à la ligne,
vue prise près d'Aerschot, site également
éclairé par la lumière lunaire que l'artiste
semble affectionner. Nous conseillons à
M. Neumans de ne pas se départir par fol ca-
price d'un genre où il réussit si bien.

Signalons, de peur d'oubli, le Signal de
Nieuport de M. Théod. Hannon et le Sou-
venir de Blankenberghe de M. Adolphe
Franck; disons enfin à l'auteur de Y Escaut
à Santvliet M. P. Parmentier , qu'il lui reste
beaucoup à travailler encore avec assiduité
avant d'atteindre le but qu'il convoite,et,pour
terminer dignement cette revue navale et ce
défilé des « marinistes » par un maître-cou-
ple en peinture de marines, saluons les
Bruyères de Drenthe de Mme H. W. Mes-
dag — Damen en Heeren — et les trois vi
goureux tableaux de M. H. W. Mesdag. Bon
vin peut se passer de réclames d'enseigne.

La mer à Ostie par M. Vertunni, citoyen
romain et mariniste, est un véritable tire l'œil
à la Jan Van Beers. De toutes les «machines »
picturales du salon c'est la plus effrontément
risquée, mais aussi il faut lui rendre cette jus-
tice la plus « faisandée de chic. »

— Une zone glauque; ■— une zone bleue
« barbeau » ; — une troisième zone encre de
Chine et « de la petite vertu mêlées, voilà
tout. Telle est,suivant M. Vertunni, l'aspect
de la mer à Ostie, la ville d'Ancus Martius
de classique mémoire.

Nous, qui de Torre di Boacciano à l'Isola
Sacra, avons par un temps d'orage, contemplé
à loisir les effets de ciel des golfes d'azur de la
méditerrannée, nous n'avons jamais rien ren-
contré de.pareil — comme solidité de «truel-
lage. »

Cadre superbe en bois d'ebène — moulu-
res à profils « ondés » — ingénieuse allusion
aux flots de l'onde amère de la mare Tir-
reno.

Ce tableau a été commandé par M. Ray-
mond Geelhand.

IX.

Il y a nombre de bons paysages au salon
d'Anvers. Allons d'abord à M. Lamorinière.
Le Pinse Vijver est un paysage romantique
à la façon des ballades hollandaises, pris dans
l'île de Walcheren et dépendant de la pro-
priété de M. de Jonge van Ellement, l'ora-
teur hollandais qui répondit au nom de ses
compatriotes au discours de bienvenue de
M. Anspach, bourgmestre de Bruxelles lors
de la réception solennelle à l'hôtel de-ville
des membres du XVme Congrès Néerlandais.

Tous ceux qui ont assisté au Congrès tenu
à Middelburg ont gardé souvenir du Prinse
Vijver traduit de main de maître par M. La-
morinière.

La Vue aux environs de Berlin est un
petit tableau d'une saveur exquise. La mare
transparente, l'ordonnance d'un si puissant
effet contribuent à donner un type qui ne
s'oublie pas à ce maître tableautin ceuilli peut-
être à Postdam dans les bosquets du Gros-
sen Frit\.

La Wartburg : Une allée d'arbres en pleine
futaie, au fond comme un décor féerique, la
silhouette farouche du castel féodal. Nous
ne savons lequel de ces trois tableaux obtien-
drait notre préférence. M. Lamorinière est
dans cette période de haute virtuosité qu'il
est donné à bien peu d'artistes d'atteindre et
surtout de ménager.

M. Van Luppen a deux bonnes toiles Après
la pluie, quatre vaches que l'on ramène dans
un chemin creux ; Vue prise à Villenhoj dont
les hêtres aux troncs blancs et à la rousse
frondaison nous montrent sous le jour le plus
avantageux la manière et le talent de M. Van
Luppen, moins heureux, osons le dire tout
bas, dans son Effet de Brouillard pris à
Waulsort.

En parlant des paysages de M. Coose-
mans, le chef actuel, incontesté, de l'école de
Tervueren, n'oublions pas, en passant, un
souvenir à la mémoire du pauvre Boulanger
si tôt ravi à l'art au moment où s'ouvrait
pour lui le grand chemin d'une carrière dont
il avait connu toutes les amertumes. Les
trois tableaux de M. Coosemans sont pris
dans la forêt de Fontainebleau.

Le Chemin de la mare aux Fées, fouillis
clair et chaud, est de sa seconde manière.
La route des artistes et Y Entrée de la Gorge
aux Loups nous plaisent d'avantage. Il y a
plus de naïveté, plus d'originalité native,
moins de recettes de Barbizon et de Fontai-
nebleau, plus à'Ecole de Tervueren, enfin,
la bonne école où M. Coosemans a conquis
ses éperons et sa place honorable à la cimaise.
Que M. Coosemans relise, s'il a un instant
de loisir, une petite fable du bon La Fon-
taine « Le chien qui lâche sa proie pour
l'ombre » puis qu'il applique lui-même la
« moralité. » Il y trouvera profit. Le Thabor
est au-dessus du Calvaire, mais la Roche
Tarpéienne est au bas du Capitole.

M. Huberti possède un talent qui nous
est éminemment sympathique. Son Etang de
la Ramée et sa Campine sont deux petits
morceaux de roi que l'on est heureux de se
mettre sous la dent après avoir grignoté ces...
morceaux de-pain bis qui forment le « fond

de panier » de tout stock de paysagistes.

Nous en dirons autant de l'étude de Chênes
roux, dépouillés, que M. Bouvier intitule
Forêt de tHunsrûck, malgré sa couleur un
peu monotone; des deux vues de M. Qui-
naux, sites de PAmblève : Le matin et Le soir.
Nous préferons Le matin, chaud automne
rendant avec puissance et justesse la nature
des environs de Spa ; enfin du Souvenir de
Leijde, paysage de M. W. Roelofs où tout
serait à louer si l'éminent artiste avait voulu
donner un peu plus d'air à ses derniers plans.

M. L. Kuhnen, père, est un paysagiste
dont la notoriété date de loin. Nature rêveuse
un peu germanique, il affectionne d'ordinaire
les sujets où la « folle de la maison » peut se
donner libre carrière. C'est aussi la note domi-
nante de l'effet de crépuscule que nous avons
sous les yeux. Le Château féodal de M. Kuh-
nen est une oeuvre sérieuse, voulue, exempte
de poncifs comme de ficelles et qui ne fera
que gagner à mesure que le temps la glacera
de sa patine.

Les Grands chênes du rendez-vous de
chasse de M. Kindermans donneraient à
réfléchir à feu Fourmois, pour bien des mo-
tifs même, si nous totalisons les bons points
que l'examen réfléchi de cette œuvre nous
a fait inscrire à l'avoir du peintre. Sa Vue
dans les Ardennes est un peu banale, un
peu vulgaire ; quand on possède le talent de
M. Kindermans on ne prend pas pour thème
la première vallée venue, nous n'aurions pas
La Source si Ingres s'était contenté d'envoyer
comme modèle « au plateau » la première
Gothon qui venait s'offrir à lui.

Des Ardennes prenons Yexpress pour arri-
ver en Campine, un coin « dédaigné de Cérès
et de Bacchus mais favorisé d'Apollon et des
neuf Sœurs » comme on disait sous le Direc-
toire. Nous y admirerons, à loisir, un site
ceuilli en fin connaisseur par M. Keelhoff
dont nous nous garderons bien d'oublier
Y Abreuvoir.

Celà dit —^avec justice et vérité —nous de-
manderons pour l'acquit de notre conscience
pourquoi M. Keelhoff a mis une sourdine
inaccoutumée à sa palette pour peindre ces
deux toiles ?

Anseremme doit être un coin béni de cette
poétique vallée de la Meuse dont les beautés
agrestes dépassent souvent les charmes, tant
vantés, des vallons de la Moselle et égalent,
parfois même, les sites classiques du « Rhin
allemand ». MM. Fontaine et Vola ont peint
la commune dinantaise : c'est la carte de vi-
site des yeux reconnaissants. Deux toiles
bonnes à regarder ; à vrai dire un peu «faites»
pour une si riche nature qui posait sans
atours.

M. Fontaine expose encore une Vue d'Her-
beumont d'une touche facile et gracieuse,
mais d'une couleur peut-être un peu forcée.

Des études qui ne sont pas sans valeur
sont : Lisière du bois de la Cambre de M. Kru-
seman; ajoutons le Lavoir de Consdorf et
Un matin à Bohan d'un peintre dinantais,
M. André Sodar ; Une matinée de prin-
temps, site campinois tout imprégné d'efflu-
ves de M. W. T'Scharner que nous avons
particulièrement distingué.

M. Alph. Asselbergs habite Barbison en
été et le Quai au bois de construction à
Bruxelles en hiver; il ne sort donc jamais de
ses bois... favoris et il n'a pas tort. Son Hi-
ver et sa Mare à Fontainebleau ont les quali-
tés et les défauts de l'Ecole de Barbison —
nos préférences sont acquises à Tervueren—
qui peut faire florès par delà la frontière,
 
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