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belles théories mais comme toujours il n’a
point présenté de côté pratique. Plus que
jamais les idées s’embrouillent sur le su-
jet, plus on avance moins on s’entend, plus
on voit le but qu’il faut atteindre moins on en
approche. La cause de cette situation réside
au fond dans une vérité qu’il faut bien finir
par s’avouer. C’est que si la Belgique veut
tenter une réforme sérieuse dans l’ensei-
gnement des arts il est de toute nécessité
qu’on taille avec une excessive vigueur dans
la situation et qu’on se résigne à des sacri-
fices douloureux peut-être mais indispen-
sables. La réussite n’est possible qu’en pas-
sant par ce feu dévorant mais renovateur.

Nous disions plus haut que la Belgique
n’était pas assez intelligemment éclairée sur
la nécessité d’un enseignement obligatoire
du dessin. Dans un pays comme le nôtre
n’est-ce pas jouer un jeu dangereux et ou-
vrir la porte à d’autres exigences que d’éta-
blir un enseignement spécial obligatoire
au préjudice d’une autre branche qu’on n’a
pas de raison de considérer comme inférieure
à celle préférée. Est-il bien prouvé que le
dessin soit un art primordial absolument
indispensable à tous les membres d’une so-
ciété où il y a lieu de remarquer que la pros-
périté se développe parfaitement sans lui?
Ne serait-il pas dangereux de faire éclore
des vocations factices et de provoquer avec
le temps un état général plétorique très gê-
nant en ce sens que disparaîtraient alors les
spécialités sur lesquelles reposent une par-
tie de la fortune publique?Ne vaudrait-il pas
mieux fournir à la nation les moyens d’ar-
river au même but sans y obliger tous ses
membres? Nous avons déjà obtenu par la
création d’écoles de dessin dont la fréquen-
tation est facultative, dans les communes
rurales,des avantages considérables à preuve
que celles-ci trouvent maintenant chez elles
les éléments vitaux qui jadis leur étaient four-
nis par les grandes localités voisines . N’est-ce
pas là la véritable voie à suivre, n’est-ce
pas dans ce résultat acquis que des yeux
clairvoyants peuvent chercher l’avenir. Une
fois ces questions mûrement pesées, non
pas d’abord par un Conseil de perfection-
nement, mais par toutes les communes,
toutes les députations permanentes, tous les
corps constitués et aussi par les avis offi-
cieux des hommes spéciaux et de toutes les
personnes de bonne volonté; une fois tous
ces avis réunis, les remettre alors au Con-
seil de perfectionnement, et attirer sur eux
la discussion publique par la presse, voilà ce
qu’il faut faire.On peut espérer produire ainsi
quelque chose et surtout éviter les congrès
qui n’ont jamais rapporté que des positions
et des honneurs à ceux qui les organisent.

La question d’une méthode ou de plu-
sieurs méthodes pourrait être examinée de
la même manière. Il est évident que les
esthéticiens ne considérant l’art que comme

point de départ et les modernes comme point
d’arrivée, voudront, les premiers,la méthode
uniforme, les autres, les méthodes faculta-
tives. Là encore il faut tâter le pouls de
l’opinion publique qui, nous le croyons, se
prononce pour les méthodes facultatives. Il
ne nous parait pas impossible de concilier
ces deux formules en apparence contradic-
toires : il suffirait de partir de principes gé-
néreux pour aboutir à des méthodes spé-
ciales dont les éléments convergeraient à
des traditions ou des nécessités d’art indus-
triel locales. En effet, il est utile de remar-
quer que plusieurs zones de notre pays
entendent l’art industriel avec des tempéra-
ments différents auxquels elles doivent la
renommée dont elles jouissent. Certes, les
principes sont, en définitive, les mêmes par-
tout mais à peine éclos, ces principes pren-
nent un corps particulier et reçoivent une
application afférente à l’endroit où ils doivent
se développer et vivre.

Donc, si on le voulait bien, si au lieu d’im-
pulsions diverses, et de compétitions ja-
louses, s’élevait énergiquement une volonté
nettement et clairement formulée, sans mé-
nagement pour qui que ce soit, une volonté
qui puisât sa conviction dans les intérêts
bien auscultés de la nation, cette question
se viderait profitablement et honorablement.
Il n’y à en elle de redoutable que ce que les
intéressés veulent y voir.

INVENTAIBE DES BICHESSES D’ART
DE L ABELGIQUE.

Il y a quinze ans, lorsque la commission
royale des monuments fut reconstituée sur de
nouvelles bases et que furent en même temps
établies les commissions provinciales, on avait
mis en première ligne, parmi les travaux à
l’ordre du jour, un inventaire général des
objets d’art national possédés par nos églises
et nos monuments publics. Aux termes des
réglements, tous les ans, au mois de septem-
bre, toutes les commissions se réunissaient
en une assemblée générale où se discutaient
les questions dépendant de leurs attributions.
Pendant trois ou quatre ans ces assemblées
eurent lieu, mais, par suite de difficultés nées
de l’institution elle-même, ces assemblées fu-
rent supprimées de fait sinon réglementaire-
ment.

On s’était beaucoup occupé,lors des réunions
générales, de l’inventaire et l’on avait même
à cet égard pris des engagements qui n’ont
pas été tenus. Un modèle .devait être soumis
aux commissions provinciales pour être dis-
cuté et adopté. Un commencement d’instruc-
tion eut lieu, mais ce fut tout. Le projet resta
dans le néant.

A la suite d’une demande formulée par
quelques commissions il fut convenu que
M. Charles Piot serait chargé de préparer et
de rédiger un projet d’inventaire pour l’église

de Sainte -Gudule à Bruxelles. Ce modèle
devait être communiqué aux commissions
qui auraient eu à'se prononcer sur la mé-
thode adoptée ou imposée à M. Piot.

U y a de cela environ douze ans. Depuis
lors le projet annoncé ne s’est pas réalisé et
la question n’a pas fait un pas.

Nous n’avons donc pas d’inventaire et rien
ne semble indiquer que nous soyons à la veille
d’en avoir un.

Il y a quelque vingt ans, (sous le ministère
de M. Rogier croyons-nous) une circulaire
fut adressée à toutes les villes et communes
du pays, avec un modèle imprimé renfermant
les questions auxquelles il fallait répondre.

Le résultat de cette mesure fut risible :
S’il fallait en croire les réponses, données le
plus souvent par des personnes incompé-
tentes, toutes les communes possédaient des
chefs-d’œuvre. Tous les tableaux provenaient
de Rubens, de VanDyckoU de quelque grand
maître, etc., presque tous les Christs sculptés
étaient de Duquesnoy ! Comme on le pense
bien cette affaire ne fut point jugée digne
d’une instruction complète. Seul, l’inventaire,
dirigé et rédigé par M. Couvez, pour la Flandre
occidentale, tint bon et fut publié en un gros
volume. Mais, cette publication où il y avait
du reste de bonnes choses, renfermait une
foule d’inexactitudes.

Nous n’avons donc pas d’inventaire et lors-
que l’administration des Beaux-Arts de France
cite la Belgique comme exemple pour la
confection d’un inventaire complet, j elle se
trompe du tout au tout.

Dans ce même journal nous avons,à maintes
reprises,entretenu nos lecteurs de la nécessité
de cet inventaire. Pour nous les difficultés
n’existent point ; il s’agit, d’utiliser avec intel-
ligence le rouage, très précieux en cette cir-
constance, des commissions provinciales,après
une préalable entente sur la marche uniforme
à suivre. Cinq années suffiraient à notre
sens pour constituer d’une façon exacte le
bilan de nos richesses d’art. Il y a en Bel-
gique 2,572 communes. Les commissions
représentent un total d’environ 80 membres.
Si chacun de ces membres prenait1 à tâche
d’examiner, de rechercher, d’étudier à fond
l’inventaire, seulement pour 6 communes par
an, le travail serait terminé, comme nous
l’avons dit, au bout de cinq ans. Quant à la
dépense, reportée sur cinq exercices, elle se-
rait peu considérable ; nons ne pensons pas
qu’elle excéderait annuellement la somme
d’environ 22,000 fr. soit en moyenne une qua-
rantaine defr.une fois dépensés,par commune.
A la rigueur il n’y aurait aucune injustice à
faire figurer la moitié de cette dépense aux
charges communales puisque le résultat inté-
resse tout le monde à un degré égal.

La simplicité de ce rouage, le résultat in-
faillible après une entente commune, la mé-
diocrité des frais en présence surtout du
grand œuvre accompli, nous semblent de na-
 
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