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N° 15,

15 Août 1877.

Dix-neuvième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE

paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. S1RET, membre de l’Académie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l’Institut des provinces de France, de la Société française d’Archéologie, etc.

OIN" S’.A.DBOIN’N’IC : à Anvers, chez TESSARO, éditeur; à Bruxelles, chez DECQ et
DÜHENT et chez MUQUARDT; à Gand, chez HOSTE et chez ROGGHÉ ; à Liège, chez DE SOER
et chez DECQ : à Louvain, chez Ch. PEETERS ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour
l’Allemagne, la Russie et l’Amérique : C. MUQUARDT. La France : DUSACQ et Cie, Paris. Pour
la Hollande : MARTINUS NYHOFF, à la Haye. — PRIX D’ABONNEMENT :
pour toute la Belgique (port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle-

terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même prix, le port en sus. —
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nistration, rued Progrès, 28, ù St-Nicolas (Flandre orientale) ou a Louvain, rue Marie-Thérèse, 22.
—- Il pourra être rendu compte des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

SOMMAIRE : Belgique : De Crayer. — Quelques
prix de la vente Hugo Garthe. — Pensées et
maximes. — Caveau de Rubens. — Chronique
générale. — Annonces.

Belgique.

L’excellente notice que nous donnons ici est due à
M. Ed. de Busscher. Elle est extraite de la Biogra-
phie Nationale et renferme sur le célèbre peintre des
indications inédites qui en font un article entièrement
neuf. Les fêtes du troisième centenaire de Rubens don-
nent à ce travail d’une exceptionnelle valeur historique
une saveur d’actualité que nos lecteurs apprécieront.

DE CRAYER OU DE CRAYER.

De Crayer ou de Crayer (Gaspard), peintre
d’histoire et de portrait, né à Anvers, où il
fut baptisé, dans la chapelle de N.-D. de
Refuge, le 18 novembre 1584; et mort à
Gand, le 27 janvier 166g. L’extrait baptis-
taire de Gaspard De Crayer infirme les as-
sertions de plusieurs de ses biographes et les
preuves invoquées. Le millésime de 1584 est
en contradiction, notamment, avec l’inscrip-
tion du artyre de saint Biaise, tableau
du Musée de Gand: G. D. Crayer F. A0 1668,
aet. 86. Mais ces sortes d’indications an-
ciennes sont souvent inexactes, Descamps,
dans sa Vie des peintres flamands (1753-
1763), nous dit que De Crayer ne put mettre
la dernière main à cettre œuvre. L’inscription
est peut-être posthume. Et connaissait-on
l’âge réel du peintre anversois? L’enregistre-
ment mortuaire, à Gand, ne le mentionne
ni à son décès, ni au décès de sa femme.
Plusieurs actes authentiques, signés par De
Crayer pendant son séjour en cette ville, et
rédigés en flamand, portent : Jaspar De
Craijer. Au 27 janvier 1669, B n’avait que
84 ans et deux mois.

Gaspard De Crayer, le peintre, est appelé
Gaspard De Crayer le Jeune, dans les actes
où il intervint avec son père, le maître
d’école, dit Gaspard De Crayer le Vieux. Ce
dernier, né en 1551 et fils unique de Valentin
De Crayer, maître maçon, ctde Catherine van
Uyttrecht, se maria le 4 février 1579, dans
l’église de Saint-André, à Anvers, avec Chris-
tine van Abshoven, fille de Barthélemy et de
Christine Schampaerts. Leur union fut in-
scriteaussi àl’églisede Saint-Jacques, paroisse
de l’époux. Christine van Abshoven mourut
le 8 ou le 9 janvier 1592, laissant son mari
veuf avec trois enfants, issus de leur mariage :

Christine, Anne et Gaspard De Crayer. Leur
père convola en secondes noces le 28 septem-
bre i5g3, dans leglise de Notre-Dame, avec
Élisabeth de Coqueel, née en 1566. fille de
Nicolas et d’Anne Noblet et qui décéda le
24 août 1644. De ce nouveau lien conjugal
naquirent plusieurs enfants : aucun d’eux ne
devint'artiste. L’un des fils, Jacques De Crayer,
fut quelque temps, à Anvers, maître d’école,
comme son père. Les deux mariages de Gas-
pard De Crayer le Vieux, qui ont fait errer
maints biographes et généalogistes, sont attes-
tés par des actes échevinaux de 160 5, 1607,
1608, 1611, où figurèrent respectivement Gas-
pard De Crayer le Jeune et ses deux sœurs du
premier lit : Christine et Anne ; puis, par un
acte de 1612, pour lequel comparurent aussi
Gaspard De Crayer le Vieux et sa femme,
« leur belle-mère. » Dans l’un des actes de
1608, concernant la succession de l’aïeule
maternelle Christine Schampaerts, la veuve
de Barthélemy van Abshoven, acte passé de-
vant les échevins d’Anvers le 20 juin, Gas-
pard De Crayer le Jeune, peintre, se déclare
âgé d’environ xxlIII ans [18 novembre 1584
à 20 juin 1608], demeurant à Bruxelles et
ayant obtenu des archiducs, en leur conseil
de Brabant, des lettres de dispense d’âge
(venia aetatis) datées du 3i mai 1608, pour
comparaître sans assistance de tuteur. Toutes
ces données, dues aux recherches de M. le
chevalier Léon de Burbure et de M. l’archi-
viste P. Genard, sont concordantes et irré-
cusables.

Gaspard De Crayer le Vieux, bourgeois
d’Anvers (poorter), que les examinateurs ec-
clésiastiques avaient, le 8 juin 1576, reconnu
apte à l’enseignement, ne figure dans les
registres de la corporation anversoise des
maîtres d’école (Gilde de Saint-Ambroise et
Saint-Cassian) qu’à partir de 1586-1587, à
l’époque où il fut également inscrit dans la
confrérie artistique de Saint-Luc. On pré-
sume qu’il s’est absenté pendant que cette
ville était sous le régime protestant. En i6o3,
il habitait l’ancienne maison des Orientaux
(Oosterhuys), au Vieux Marché au Bled, et
avait pour élève-pensionnaire messire Fran-
çois van Marselaer, depuis 1599 apprenti-
peintre chez Ambroise Francken, en 1602
chez le paysagiste Frans Borsse, et qui fut
admis franc-maître dans la gilde de Saint-
Luc le 23 mars i6o3, sous le décanat de Jean

Breughel et d’Otto van Veen. A deux reprises,
en 1608 et en 1621, Gaspard de Crayer le
Vieux a été élu doyen de la corporation des
maîtres d’école; en 1636, il fut, comme an-
cien doyen, dispensé du payement de la ré-
tribution annuelle. Il avait alors 85 ans et,
probablement, ne pratiquait plus l’enseigne-
ment. Depuis longtemps, il avait joint à sa
profession de maître d’école le commerce de
tableaux. Mais il n’y fit point fortune : dans
son testament, du 24 février i636, il déclare
qu’au décés de sa première femme, l’état de
ses biens a été exagéré, pour lui faciliter la
conclusion d’un second mariage, et qu’ainsi
ses enfants du premier lit ne peuvent s’en
prévaloir après sa mort.

Son commerce, qui le mettait en relation
continuelle avec les peintres contemporains,
flamands et étrangers, exerça une influence
décisive sur son fils Gaspard. Le contact des
artistes et la vue de leurs œuvres durent, tout
naturellement, lui inspirer le désir d’em-
brasser la carrière qu’il a glorieusement par-
courue. Ses parents n’y mirent point obsta-
cle ; ils le laissèrent se livrer à son penchant,
devenu de jour en jour plus irrésistible et
plus réfléchi. Les premiers guides ne lui
manquèrent point, sans doute, parmi les ar-
tistes qui fréquentaient la maison paternelle.
C’est à leurs jugements, aussi bien qu'à l’ap-
préciation personnelle de nombreuses pro-
ductions picturales, qu’il faut, peut-être, at-
tribuer la voie dans laquelle Gaspard De
Crayer est entré dès son apprentissage, et
dans laquelle il a persévéré si résolûment,
malgré des influences contraires. Vers 1604,
il quitta sa ville natale, pour se rendre à
Bruxelles, où il fut reçu dans l’atelier de Ra-
phaël van Coxcie, fils de Michel van Coxcie,
dit le Raphaël flamand. Ce surnom a trompé
quelques biographes, qui ont donné pour
maître au jeune De Crayer le père au lieu du
fils. Raphaël van Coxcie s’était fixé à Bru-
xelles en 1587. Il ne tarda pas à s’apercevoir
des remarquables dispositions de sou élève,
à apprécier la rectitude de son jugement.
Quand son style et sa manière propre s’ac-
centuèrent, Raphaël van Coxcie lui laissa
suivre la voie toute flamande qu’il avait
choisie, sans lui imposer l’imitation du faire
italien de l’école de Bernard van Orley et de
Michel van Coxcie, dont lui, Raphaël van
Coxcie, était le continuateur. Les premiers
 
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