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sique et la geste- dans la déclamation. Les
considérations de M. Domergue nous con-
duisent plus loin et nous croyons devoir
engager tous nos confrères en musicologie
à lire l’intéressant travail de ce publiciste.

La revue musicale la plus intéressante de
toute l’Allemagne, la Zeitschrift fur katholi-
sche Kirchenmusik, de M. Johann Habekt,
vient de réapparaître à Gmunden, en Au-
triche Nous sommes bien heureux de pou-
voir annoncer cette excellente nouvelle aux
amateurs de l’art; nous ne connaissons pas
de critique plus sérieux, plus capable, plus
consciencieux, que M. Habert, lequel est en
même temps un compositeur très-distingué.

L’Italie possède un noble Mécène dont la
grande fortune et tout le zèle sont consa-
crés, depuis bien des années, à la diffusion
des bons principes en matière d’art classi-
que et religieux. C’est son Altesse Séréni-
sime le duc di San Clemente, à Florence. Il
est l’organisateur de nombreux concours,
tant de musique sacrée que de composi-
tions profanes, soit pour quatuor, soit pour
orchestre complet. Nous espérons que d’ici
à peu de temps la phalange artistique des
concerts populaires de Bruxelles, fera con-
naîtreà nos compatriotes une ouverture com-
mandée par le duc di San Clemente, à M. Baz-
zini , l’excellent violoniste italien que la
Belgique connaît et qui a échangé les lauriers
de la virtuosité contre les palmes de la
haute composition au Conservatoire royal
de Milan.

Terminons notre revue par deux mots sur
la Belgique. La maison Schott vient de faire
paraître le Mémoire, adressé à l’institut de
Genève, sur la question du diapason, par
M. Charles Meerens, de Bruxelles. Nous
n’avons jamais rien lu de plus substantiel,
de plus concis, de plus lucide, que ce petit
travail. Il vaut, à lui seul, plusieurs gros
volumes sur la question et tranche la matière
d’une façon absolue. Nous en félicitons cha-
leureusement le zélé et laborieux auteur.

Citons, enfin, de très-gracieuses composi-
tions enfantines pour piano, éditées chez
M. Mahillon. par M. J. B. De Lannoy, com-
positeur à Wavre et une élégante Marche
Haïtienne, également pour piano, écrite par
un de nos amateurs les plus distingués de
la capitale, M. Charles Mêlant.

Chevalier van Elewvck.

L’ART ET LES ARTISTES
par M. Emile Leclercq.

(3me article).

« Wiertz est digne de l'attention et de l'étude
des petits historiens modernes» dit l’auteur au
début de son étude. Est-ce un sarcasme?
On ne sait et on ne saurait s’en assurer
même après avoir lu le travail de M. Leclercq
où Wiertz est tour à tour déifié et ridiculisé.
Il est fâcheux que l’historien du peintre Di-

nantais n’ait pas su déposer pour un instant
sa haine contre le catholicisme; cette préoc-
cupation l’absorbe au point de troubler plus
d’une fois son jugement et c’est dommage
car cette monographie, quoiqu’elle pêche en
bien des endroits, est tracée avec une verve,
une concision et une précision rares. Il faut
profondément déplorer que certains cri-
tiques d’art ne sachent pas rester assez indé-
pendants en face de leurs modèles et leur
donnent des physionomies qui les rendent
méconnaissables. M. Leclercq est de ce
nombre; il infuse à ses types ses propres
idées et, impuissant par son intolérance à
comprendre la religion des autres, il lui
arrive de fausser à tout bout de champ
l’idéal de ceux qu’il prétend expliquer.
Wiertz est évidemment dans l’ensemble de
son œuvre un peintre philosophique chré-
tien. Or, ceci gène M. Leclercq et ce n’est
qu’avec des heurts pénibles et des contra-
dictions manifestes que l’auteur arrive à
faire un Wiertz quelconque. Il doit être bien
entendu que nous parlons du Wiertz comme
penseur, car le Wiertz peintre n’a jamais
été mieux enlevé.

Quand Wiertz élève sa pensée vers les
régions profondes où les hommes de foi trou-
vent leur discipline, leur espérance et leur
force, M. Leclercq se plait à ternir le tableau
de sa brutale incrédulité comme pour en
diminuer la portée enseignante et consola-
trice. Que M. Leclercq vive de ses principes,
c’est son affaire et nous n’avons rien à y
dire, mais c’est pour nous un devoir de si-
gnaler les tentatives qu’il amasse autour de
l’œuvre de Wiertz pour en dénaturer la
portée chrétienne et vivifiante. Ces tenta-
tives sont visibles et nous allons les toucher
du doigt.

Dans les Anges rebelles, il dit que la scène
se passe près des lieux où les chrétiens ont
placé' leur bagne éternel (o religion d’amour et
de justice avec ce bagne éternel !)—Dans l’édu-
cation de la Vierge : un petit ange qui tient un
livre où Marie cherche sa pauvre science. —
A propos du Suicide : Wiertz dans ce tableau
s’est laissé influencer par les fables religieuses
et la morale théologique. — C’est à chaque
pas une boutade contre les prêtres, le ciel,
les rebus enfantins (ce mot revient souvent)
de la religion ; c’est un dénigrement perpé-
tuel et systématique de l’idée religieuse qui
diminue, dans la pensée de l’écrivain, la va-
leur des tableaux de Wiertz qui ne sont plus
ainsi qu’il le dit plusieurs fois, que des pré-
textes à sa fougue et à son génie. Il n'avait
point de religion, affirme M. Leclercq, car il
est mort en philosophe et les épisodes religieux,
l’histoire du « divin crucifié » les scènes mys-
tiques l’ont préoccupé pendant toute sa vie.
Cela aussi—cette contradiction entre l’homme
et le peintre—a été une des causes de ces inces-
santes erreurs, de ses déviations, de ses illu-
sions, de ses égarements continuels.

M. Leclercq verse ici dans une erreur
complète. S’il avait, comme nous, connu
Wiertz il se serait bien gardé de produire
cette affirmation qui convient à sa thèse
favorite. Oui, Wiertz était un philosophe
comme Platon , comme Socrate, comme
St-Augustin, il voyait Dieu, il sentait l’âme
avec une ardeur extatique prodigieuse et il
n’avait rien trouvé de plus adéquat à sa phi-
losophie que la religion du Christ auquel il
rendait un hommage enthousiaste ; c’était
avec elle et par elle qu’il croyait au bonheur
et à la perfection de la société humaine. Il
est parti de ce principe à qui il doit son
génie et auquel nous devons ses œuvres.
Voilà la vérité sur Wiertz. Je suis bien loin
d’affirmer qu’il eut envers les dogmes reli-
gieux, n’importe leur essence et leurs lois,
une soumission absolue et aveugle; comme
beaucoup d’esprits géniaux il possédait un
amour-propre tourmenté et il avait en face
de l’immatérialité de notre existence une cu-
riosité maladive qui fut son perpétuel chagrin.
J’ai souvenance que dans nos conversations,
en face surtout du phare du Golgotha que je
ne saississais pas bien, il se fachait tout
rouge en me disant que si je ne comprenais
pas son tableau je ne comprendrais jamais
tout le parti que pouvait tirer l’humanité du
sacrifice volontaire de l’homme Dieu. J’ai
eu bien souvent l’occasion de pénétrer dans
les pensées intimes de Wiertz et si quelque
chose m’étonne c’est que ce grand peintre,
qui fut bien près d’être un grand catholique,
ne soit pas mort avec un crucifix sur son no-
ble cœur ou dans ses vaillantes mains. Oui,
M. Leclercq, vous aurez beau échafauder
votre dialectique à votre façon et nous par-
ler d’incessantes erreurs, de déviations, d'illu-
sions et d’égarements continuels, vous n’em-
pêcherez pas,pas plus ici qu’ailleurs,la vérité
de se faire jour. Wiertz est tout entier dans
son œuvre. Pesonne ne peut le contester.
Or, son œuvre vous dit assez ce qu’il fut et
vos suphismes ne prévaudront pas contre
cette écrasante évidence.Cette situation vous
arrache le cri suivant qui ressemble à une
pensée d’hésitation contre vous même par-
ceque vous êtes sorti volontairement ou in-
volontairement de la voie carrément ouverte
par Wiertz : Chose remarquable, comme Ru-
bens était un peintre sensuel ( ?) quoiqu’en
assistant à la messe tous les matins, Wiertz
était un libre penseur, quoiqu’en glorifiant le
christianisme.

On remarquera l’aplomb avec lequel M.
Leclerq pose ses prémisses et prend ses con-
clusions. Nous lui en laissons toute la res-
ponsabilité.

Il faudrait relever dans cette étude sur
Wiertz beaucoup d’autres choses. Bornons-
nous à soumettre au lecteur une petite quan-
tité de propositions où les tendances de
l’écrivain se dessinent avec une outrecui-
dante présomption : Une des grandes fautes
 
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