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quement acclamé l’enfant de Bruges à l’ex-
ception de L'art de Pains,dirigé par un belge.

Voici quelques extraits de l’article de l'Il-
lustration du 17 )uin que nous recomman-
dons spécialement à qui de droit :

« On se sent froissé par la cruauté de la
mort, qui fauche sans pitié la fleur ouverte
trop tôt et qui la punit pour ainsi dire de sa
hâte à s’ouvrir. On éprouve un serrement de
cœur en songeant à cette jeune tête qui ne
put supporter le poids de son génie, à cet
enfant qui, au lieu de briser des hochets, s’en
composait pour lui-même que la postérité
recueillera comme des chefs-d’œuvre.

» Si touchante que soit cette destinée d’un
enfant mort à onze ans laissant une œuvre
considérable, elle n’a point désarmé l’envie.
Lorsque la Belgique était fîère d’avoir donné
le jour à un enfant de génie, lorsque l’ad-
miration publique était acquise à sa jeune
mémoire, au milieu des regrets de sa famille,
des témoignages de sympathie qui arrivaient
de toutes parts à ses parents désolés, une voix
s’éleva pour mettre en doute l’authenticité de
ces productions charmantes qui ne faisaient,
après tout, qu’annoncer un grand peintre.
Une fois le premier doute élevé, il ne man-
qua pas de gens pour propager la défiance,
ni d’autres plus nombreux pour l’accueillir.

» Le débat auquel donna lieu la contestation
soulevée dura deux années et tout un volume
de pièces et de documents sur ce sujet indique
à quel degré d’intensité fut poussée la discus-
sion. Le père était accusé d’avoir composé la
plupart des tableaux de son fils et de les avoir
presque tous retouchés. Qu’il en fût en partie
l’auteur, il y avait à cela peu d’apparence :
c’est bien partout la même main mise au ser-
vice d’un sentiment très-particulier de la
nature : la nature, avant d’être interprétée à
l’aide du dessin et de la couleur, sur ces pan-
neaux démesurément petits, la nature a passé
par les yeux d’un enfant ; un enfant lui a
visiblement ajouté quelque chose de son âme.
Qu’un maître eût fait à ces tableaux des retou-
ches vulgaires, c’était moins admissible en-
core. On peut aujourd’hui s’en convaincre.
Il y a dans toute cette œuvre, si variée dans
sa petitesse, une évidente unité. Ces trans-
parences profondes, ces Joins infinis, cette
exquise sensibilité d’impression, sont d’un
vrai et grand artiste II faut qu’on s’y résigne :
il n’y a pas à accuser le père d’une supercherie,
il y a à admirer l’enfant.

» Quel sera le résultat de cette Exposition ?
Déjà ces tableaux ont passé réunis sous les
yeux du public de diverses villes. Paris les
possède aujourd’hui pour la première fois.
Paris mettra le sceau de la célébrité sur ce
jeune et pâle visage à jamais endormi. Paris
verra dans ces tableaux ce qu’il faut y voir,
à savoir une promesse merveilleuse. L’homme
eût été obligé de la tenir et de se surpasser.
Tout est relatif, même dans un chef-d’œuvre.

Cela est vrai de l’œuvre de Frédéric Van de
Kerkhove, plus que de toute autre : ce sont
des chefs-d’œuvre d’enfant. Il n’en est pas
moins vrai que quelques-uns porteraient,
sans leur faire tort, des noms de maîtres
renommés. Le fait a eu lieu : quelques-uns
ont passé pour des Diaz et des Rousseau et
ont, à ce titre, été fort admirés. Paris jugera
enfin et rendra à cet enfant la justice qui lui
est due. Sa vie si courte aura de la sorte été
complète : il ne lui aura rien manqué, pas
même des ennemis, et on lui aura contesté
presque son existence, ni plus ni moins qu’au
vieil Homère. ))

EXPOSITION DU CERCLE ARTISTIQUE
DE BRUXELLES.

CATALOGUE RAISONNÉ.

(Fin).

IIr:ymans. Fermes campinoises. De la dis-
tinction, de la grâce, de l’originalité (celle-ci
un péu cherchée) sont les qualités dominan-
tes de ces paysages auxquels un coloris plat
imprime de la sécheresse. — Hubert. A. La
Promenade. Petite toile excellente d’un joli
coloris, lumineux et dessiné avec cette fer-
meté et cet esprit que je ne retrouve nulle
part ailleurs. — Huberti. Toujours un peu
élégiaque dans ses paysages, mais d’une élé-
gie douce et tendre qui pousse l’esprit à la
rêverie et l’àme à la mélodie. — Impens. La
jeune Mère. Après la pose. Remarquables de
couleur et d’intention. Je ferai remarquer à
ce jeune et méritant artiste qu’il doit sur-
veiller son tempérament ; on pourrait crain-
dre que l’excès 'de ses qualités ne le con-
duise trop loin et ne le fasse tomber dans la
lourdeur et la dureté. — Jochams. Chevaux
de labour. On serait tenté d’applaudir n’était-
ce le procédé de brosse de l’auteur qui initie
trop à sa manière. Il en est de lp peinture
comme du théâtre : il ne faut pas qu’on voit
les coulisses. — Keelhoff. Saules à Neerhae-
ren Site du Limbourg.Je préfère de beaucoup
le dernier paysage plein de grandeur et peint
avec une réelle énergie. — Kruseman. Mou-
lin du Boc. Dans le Bois. Jolis effets, senti-
ment très-accentué des beautés de la nature
et beaucoup d’intelligence dans la manière
de les interpréter.

Lebrun. Parvis de Saint-Jean de Latran.
Sujet peu intéressant, on revanche œuvre
solide qui dénote chez son auteur des quali-
tés extrêmement précieuses et dont notre
jeune école fantaisiste cherche à s’affranchir
autant par impuissance que par mode : ce
sont celles du dessin et du modelé dont
M. Lebrun fait beaucoup de cas estimant
avec raison-que la science, dans la pratique
de l’art, ne gâte jamais rien.

Legendre. Galathea. Cette jeune personne,
un peu sculpturale, nous parait beaucoup
plus préoccupée de montrer tous ses char-
mes au public qu’à son jeune homme. C’est

un manque de tact que l’auteur aurait pu
éviter s’il avait su être plus virgilien que
peintre. C’est dommage : il y a dans cette
toile, en définitive peu chaste, des qualités
d’un grand prix qui placent M. Legendre
dans la catégorie de nos meilleurs artistes.
La commission du Cercle n’a pas jugé à pro-
pos de produire cette Galathea avec le même
sans gêne que celui qu’y met l’héroïne : elle
lui a trouvé, dans un petit salon, une place
sombre et discrète qui permet au public de
s’y faufiler sans bruit et de s’y livrer in petto à
la contemplation des appas par trop matéria-
lisés de cette nymphe robuste. — Le Mayeur
de Merprès. Bateaux à l'ancre sur VEscaut.
Les Polders. La manière de cet artiste s’est
considérablement modifiée et élargie. Il y a
dans ses tableaux du Cercle une observation
très-minutieuse et très-juste de la nature.
La note est grande et vibrante et il se dégage
de tout cela un sentiment qui vous pénétre.
C’est un progrès remarquable que nous som-
mes heureux de constater en même temps
que la victoire remportée par M. Le Mayeur
sur lui-même : en effet, lui aussi a sacrifié
pendant un certain temps à l’idole des faci-
listes. Aujourd’hui, la lumière s’est faite et
il est en train de conquérir une place envia-
ble dans l’école. Son Soleil couchant surtout
mérite de la part du critique une mention
particulière pour le caractère de majesté
vraie dont il est imprégné.

MM. Lenaerts, Lomas, Louai'n et Mascart
méritent des encouragements. M. Madiol a
une facture qui rappelle la facture des gothi-
ques, c’est émaillé et serré mais cela se
comprend peu. Il étudie Frans Floris dans
son Péril extrême ; il est plus libre dans le
Bonheur du ménage, petite scène un peu
niaise où il y a par ci par là des choses qui
ne sont pas du premier venu.

Mef.rts. Les Marguilliers. Un Tailleur. Ce
genriste est du bon coin. Il a de l’esprit, de
l’observation et de la palette. Les deux ta-
bleaux du Cercle ont un succès franc et mé-
rité. Je les considère comme étant des meil-
leurs de l’exposition — Mellery. La Gar-
deuse. Le Liseur. De la distinction et de la
poésie.

Meunier. Shylock. Je ne me suis jamais
représenté ce personnage de cette façon.
C’est une assez bonne étude de juif mais
voilà tout. La marchandise vaut mieux que
l’étiquette. Le Printemps est une nouvelle
façon allégorique de dire les choses mais ici
encore l’étiquette nous semble prétentieuse.
Le tableau est joli dans son ensemble mais
tout cela est un peu pesant. — M"e Mingers
intéresse.—M.J.Montigny, ne me semble pas
à la hauteur ordinaire. Je ne retrouve point
dans les Chevaux du cercle la distinction qui
caractérise ce peintre. — M. Musin doit viser
à varier les manifestations d’un talent plus
habile qu’inspiré. — M. Numans n’a pas de
spécialité bien tranchée ; il fait toutes choses
 
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