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la main sur le collet : « vous allez au Jardin
de l'Harmonie, je vous suis » c’était M. Meis-
sonnier riant de son franc et joyeux rire.
Nous prîmes le Tram à la rue des Tan-
neurs. Cinq minutes plus tard, bras dessus
bras dessous, nous étions à l'Harmonie.
XI.
Le local de la Société royale d’Harmonie
dont M. le bourgmestre L. de Waël est le
directeur-président, est situé chaussée de Ma-
lines, vis-à-vis de la Pépinière, parc bien
planté qui deviendra bientôt l’une des plus
belles promenades de la Belgique. Emondé,
ratissé, entretenu avec une propreté mé-
ticuleuse à l’excès peut-être, le Jardin
de l’Harmonie fait songer aux mirliflores
et aux dandys de l’art de La Quintinie. Le
soir les légers défauts de ce beau jardin
disparaissent, les masses s’estompent grasse-
ment et les arbres de la Pépinière lui ser
vent à merveille de perspective lointaine.
Le Jardin de l’Harmonie avait reçu
une illumination à Giorno et la fête devait
se terminer par un splendide feu d’artifice.
La vue de cette masse de verdure sombre
avec ses cordons et ses girandoles de gaz, ses
verres de couleur aux lucioles scintillantes,
ses ballons polychromes lumineux et ses lan-
ternes vénitiennes qui dansent en tremblot
tant comme des feux-follets, nous rappelait
bien Florence et les fêtes Michelangesques
de 1875.
Non loin de la Porta Romana en effet,
Place Galilée, au dessus d’un gigantesque
parterre de fleurs, tous ceux qui ont visité
Florence, connaissent Tivoli et ses jardins.
Le soir du 12 septembre, en revenant du
Piazzale nous y allâmes entendre la Gran
marcia di Michelangiolo composée pour la
circonstance par M. Enrico del Lungo et
d’autres morceaux de circonstance.
Raffaello Turchi le fameux artificier nous
offrit un splendide spécimen de l’art de la
pyrotechnie. Chose singulière, le programme
de la fête de l’Harmonie semblait avoir été
calqué sur celui de Florence. Au lieu du
nom d’Enrico del Lungo mettez Jan Blockx,
remplacez la banda Principe Umberto par la
musique des Amis réunis de Roubaix et la
métempsycose sera complète.
Quand nous franchîmes la grille de l’Har-
monie on exécutait les mesures de l’ouver-
ture d’Hamlet de Stadfeldt. Nous n'étions
cependant pas si fort en retard. Notre éton-
nement cessa quand nous apprîmes qu’on
avait dû supprimer la marche triomphale
de la Reine de Chypre qui devait être
exécutée à double orchestre parce que le
gaz placé d’une façon défectueuse où de-
vait se tenir l’harmonie de Roubaix, avait
fait défaut au dernier moment. Ce malen-
contreux accident fit encore rayer du pro-
gramme la fantaisie sur Aida arrangée par
M. Alph. Lemaire. Les musiciens de nos
jours sont passablement pointilleux et exi-
geants pour leurs accessoires; ignorent-ils,
cependant, que les virtuoses qui avaient
l’heur d’exécuter la musique de Haydn,
Gluck ou Mozart, ne faisaient usage que de
communes chandelles de suif et prouvaient
leur dextérité en les mouchant avec leurs
doigts de virtuose.
Nous passâmes l’audition à double orches-
tre au chapitre : profits et pertes. Au fond,
la principale attraction x'ésidait dans l’exécu-
tion de Y Hommage à Rubens, ouverture
couronnée au concours ouvert par la Société
royale d Harmonie à l’occasion des fêtes ju-
bilaires. On disait beaucoup de bien de l’au-
teur et de la partition.
M. Jean Blockx, l’heureux lauréat, nous
semble marche sur les traces de M. Peter
Benoît ; nous trouvons même qu’il suit un
peu trop servilement le sillon tracé par le
célèbre maestro flamingant.
La facture de l’introduction où M. Blockx
a voulu offrir la synthèse harmonique de la
vie et des œuvres de Rubens, est large, har-
die, mais les grandes lignes sont embarras-
sées de linéaments tracés de main d’écolier.
Quelques-unes de ses descriptions rythmi-
ques peignent avec bonheur à l’imagination
des sujets connus de toiles célèbres du maître
mais la musique sous ce rapport est un art
qui dispose de ressources bien minces et bien
précaires ; je ne sais comment s’y prendrait
le compositeur le plus adroit pour exprimer
à ses auditeurs que ses bottes sont éculées et
son habit percé au coude.
La Marche héroïque de M. Camille
St-Saëns, est une symphonie essentiellement
française ; les phrases ont un tour particuliè-
rement original qui fait reconnaître aux pre-
mières mesures la musique du maître. Il y a
dans ce morceau des beautés supérieures mais
ce n’est point un chef-d’œuvre comme le Dé-
luge ni même une création vraiment origi-
nale comme la Danse Macabre.
La Great attraction était émoussée ; nous
nous levâmes et, dans cette foule compacte,
il nous fallut chercher une aiguille dans une
botte de foin, c’est-à-dire le jeune fils de
M. V. Lynen, l’hôte de M. Meissonnier,
chargé de reconduire le grand peintre au
logement qu’il occupait en ville. Contre
notre attente, nous réussîmes très-vite à le
rencontrer et, après une dernière poignée
de main, nous nous donnâmes rendez vous
— à l’Académie — au tombeau de Rubens.
A ce moment le Vesuve en éruption gronda
sourdement, des entrailles delà terre sortirent
de profonds mugissements. Une lueur fuli-
gineuse illumina les flancs de la montagne,
la lave fondue du cratère s’écoula lentement
stérilisant tout sur son passage. Une immense
colonne de fumée s’éleva dans les airs... Est-
ce une hallucination ou bien un rêve, som-
mes-nous àTorre del Grecco ou à Résina?
Tout à coup, une étincelle part du cratère et
sur le ciel sombre apparaissent des caractères
ardents : HOMMAGE A P. P. RUBENS. 1577-
1877.
Le feu d’artifice se terminait.
XII.
Le lundi 20 août 1877 devait voir se dé-
rouler trois importantes manifestations en
l’honneur du grand peintre anversois :
i° L’inauguration du buste en marbre au
piédestal de bronze de P. P. Rubens, com-
mandé par la ville à M. Jules Pecher pour
être offert au Musée; 20 le Te Deum en ac-
tions de grâce du 3oome anniversaire de la
naissance du roi des coloristes ; 3° la visite
solennelle à l’église St-Jacques, le défilé du
cortège officiel des députations étrangères et
des autorités nationales allant couvrir de
couronnes et de fleurs la tombe du plus cé-
lèbre des enfans d’Anvers.
Jusqu’alors, le magistrat de la cité fla-
mande avait fait les honneurs de la réception
et présidé aux festivités officielles ; il comprit
qu’il devait s’effacer vis à-vis d’une manifes-
tation internationale exclusivement artisti-
que. Héritière légitime et incontestée du glo-
rieux patrimoine « rubénien »—de par David
Teniers, son élève, Deken de la St-Lucas-
gilde, qui obtint du roi Philippe IV, en
i663, l’octroi d’érection daté de Madrid, le
6 juillet, — l’Académie d’Anvers prenait pos-
session du premier rôle.
Quelles séances historiques et mémorables
que celles où s’assembla le Conseil des pro-
fesseurs les i3 et 3o juin, le 18 juillet et le
17 août ! Alors furent discutées chaleureuse-
ment et résolues, haut le pied, les multiples
questions pratiques de la décoration du local
et surtout de la part d’initiative incombant
à 1 Académie le 20 août à la manifestation
solennelle en 1 honneur du glorieux jubilaire.
Il nous souviendra longtemps, en parti-
culier, de la séance suprême du vendredi 17.
L’on était à la veille de la réception officielle
des artistes étrangers, un grand nombre
étaient déjà arrivés, l'atmosphère était sa-
turée d’effluves d’enthousiasme, l’exaltation
faisait bouillonner toutes les cervelles et...
il s’agissait d’organiser froidement tous les
détails d’un cortège ou des délégués des
nations, hier encore ennemies, devaient se
coudoyer et où les épineuses questions de
préséance se dressaient implacables et ar-
dues.
La partie pratique de cette tâche ingrate
fut admirablement résolue par notre infati-
gable et dévoué administrateur. Une fois de
plus, M. Gustave Kempeneers réussit son
rôle habituel de Deus ex machina : le ven-
dredi, à onze heures du soir, on levait la
séance ; le lendemain à midi, l’Académie
adressait le programme imprimé à la régence
anversoise et son Greffier convoquait le
corps professoral et les membres du Conseil
d’administration pour le Lundi 20 août, à
9 1/2 heures précises, place Verte, au pied
delà statue de Rubens.
XIII.
A huit heures du matin, tous les membres
de l’Académie qui devaient prendre part au
cortège étaient réunis dans la Salle de la Di-
rection ; les massiers en grand uniforme s’ap-
puyant sur les keersen historiques, les huis-
siers en livrée portant la couronne que
l’Académie déposera sur la tombe de Rubens.
Les membres du corps professoral, en frac
de cérémonie , ont revêtu comme insigne
distinctif, une écharpe de satin bleu et blanc,
couleurs de l’écusson de la St-Lucas-gilde,
portée en travers du gilet.
A neuf heures précises, conduit par M. le
directeur De Keyzer, le corps académique
prenait place autour du piédestal du roi de
la fête.
Le temps favorisait la manifestation, la
chaleur accablante de la veille avait fait place
à une température moins torride, cependant,
l’on se montrait à l’horizon du côté de l’Es-
caut de gros nuages, trop éloignés pourtant
pour causer des inquiétudes immédiates.
Soudain éclate une fanfare c’est la musi-
que de la garde civique d’Anvers et un grand
nombre d’officiers ayant à leur tête, M. le
colonel David. Bientôt arrivent les huit dé-
légués de l’Institut de France. Leur tenue
officielle avec l’habit à palmes vertes, attire
tous les regards ; ils sont accompagnés
d’huissiers, vêtus de noir, en claque et l’épée
à garde d’argent au côté. Bientôt il plut des
uniformes et des tenues officielles. Le Gou-
verneur, le corps échevinal, M. Rousseau,
directeur des Beaux-Arts, délégué du Mi-
nistre de l’intérieur, empêché de prendre part
la main sur le collet : « vous allez au Jardin
de l'Harmonie, je vous suis » c’était M. Meis-
sonnier riant de son franc et joyeux rire.
Nous prîmes le Tram à la rue des Tan-
neurs. Cinq minutes plus tard, bras dessus
bras dessous, nous étions à l'Harmonie.
XI.
Le local de la Société royale d’Harmonie
dont M. le bourgmestre L. de Waël est le
directeur-président, est situé chaussée de Ma-
lines, vis-à-vis de la Pépinière, parc bien
planté qui deviendra bientôt l’une des plus
belles promenades de la Belgique. Emondé,
ratissé, entretenu avec une propreté mé-
ticuleuse à l’excès peut-être, le Jardin
de l’Harmonie fait songer aux mirliflores
et aux dandys de l’art de La Quintinie. Le
soir les légers défauts de ce beau jardin
disparaissent, les masses s’estompent grasse-
ment et les arbres de la Pépinière lui ser
vent à merveille de perspective lointaine.
Le Jardin de l’Harmonie avait reçu
une illumination à Giorno et la fête devait
se terminer par un splendide feu d’artifice.
La vue de cette masse de verdure sombre
avec ses cordons et ses girandoles de gaz, ses
verres de couleur aux lucioles scintillantes,
ses ballons polychromes lumineux et ses lan-
ternes vénitiennes qui dansent en tremblot
tant comme des feux-follets, nous rappelait
bien Florence et les fêtes Michelangesques
de 1875.
Non loin de la Porta Romana en effet,
Place Galilée, au dessus d’un gigantesque
parterre de fleurs, tous ceux qui ont visité
Florence, connaissent Tivoli et ses jardins.
Le soir du 12 septembre, en revenant du
Piazzale nous y allâmes entendre la Gran
marcia di Michelangiolo composée pour la
circonstance par M. Enrico del Lungo et
d’autres morceaux de circonstance.
Raffaello Turchi le fameux artificier nous
offrit un splendide spécimen de l’art de la
pyrotechnie. Chose singulière, le programme
de la fête de l’Harmonie semblait avoir été
calqué sur celui de Florence. Au lieu du
nom d’Enrico del Lungo mettez Jan Blockx,
remplacez la banda Principe Umberto par la
musique des Amis réunis de Roubaix et la
métempsycose sera complète.
Quand nous franchîmes la grille de l’Har-
monie on exécutait les mesures de l’ouver-
ture d’Hamlet de Stadfeldt. Nous n'étions
cependant pas si fort en retard. Notre éton-
nement cessa quand nous apprîmes qu’on
avait dû supprimer la marche triomphale
de la Reine de Chypre qui devait être
exécutée à double orchestre parce que le
gaz placé d’une façon défectueuse où de-
vait se tenir l’harmonie de Roubaix, avait
fait défaut au dernier moment. Ce malen-
contreux accident fit encore rayer du pro-
gramme la fantaisie sur Aida arrangée par
M. Alph. Lemaire. Les musiciens de nos
jours sont passablement pointilleux et exi-
geants pour leurs accessoires; ignorent-ils,
cependant, que les virtuoses qui avaient
l’heur d’exécuter la musique de Haydn,
Gluck ou Mozart, ne faisaient usage que de
communes chandelles de suif et prouvaient
leur dextérité en les mouchant avec leurs
doigts de virtuose.
Nous passâmes l’audition à double orches-
tre au chapitre : profits et pertes. Au fond,
la principale attraction x'ésidait dans l’exécu-
tion de Y Hommage à Rubens, ouverture
couronnée au concours ouvert par la Société
royale d Harmonie à l’occasion des fêtes ju-
bilaires. On disait beaucoup de bien de l’au-
teur et de la partition.
M. Jean Blockx, l’heureux lauréat, nous
semble marche sur les traces de M. Peter
Benoît ; nous trouvons même qu’il suit un
peu trop servilement le sillon tracé par le
célèbre maestro flamingant.
La facture de l’introduction où M. Blockx
a voulu offrir la synthèse harmonique de la
vie et des œuvres de Rubens, est large, har-
die, mais les grandes lignes sont embarras-
sées de linéaments tracés de main d’écolier.
Quelques-unes de ses descriptions rythmi-
ques peignent avec bonheur à l’imagination
des sujets connus de toiles célèbres du maître
mais la musique sous ce rapport est un art
qui dispose de ressources bien minces et bien
précaires ; je ne sais comment s’y prendrait
le compositeur le plus adroit pour exprimer
à ses auditeurs que ses bottes sont éculées et
son habit percé au coude.
La Marche héroïque de M. Camille
St-Saëns, est une symphonie essentiellement
française ; les phrases ont un tour particuliè-
rement original qui fait reconnaître aux pre-
mières mesures la musique du maître. Il y a
dans ce morceau des beautés supérieures mais
ce n’est point un chef-d’œuvre comme le Dé-
luge ni même une création vraiment origi-
nale comme la Danse Macabre.
La Great attraction était émoussée ; nous
nous levâmes et, dans cette foule compacte,
il nous fallut chercher une aiguille dans une
botte de foin, c’est-à-dire le jeune fils de
M. V. Lynen, l’hôte de M. Meissonnier,
chargé de reconduire le grand peintre au
logement qu’il occupait en ville. Contre
notre attente, nous réussîmes très-vite à le
rencontrer et, après une dernière poignée
de main, nous nous donnâmes rendez vous
— à l’Académie — au tombeau de Rubens.
A ce moment le Vesuve en éruption gronda
sourdement, des entrailles delà terre sortirent
de profonds mugissements. Une lueur fuli-
gineuse illumina les flancs de la montagne,
la lave fondue du cratère s’écoula lentement
stérilisant tout sur son passage. Une immense
colonne de fumée s’éleva dans les airs... Est-
ce une hallucination ou bien un rêve, som-
mes-nous àTorre del Grecco ou à Résina?
Tout à coup, une étincelle part du cratère et
sur le ciel sombre apparaissent des caractères
ardents : HOMMAGE A P. P. RUBENS. 1577-
1877.
Le feu d’artifice se terminait.
XII.
Le lundi 20 août 1877 devait voir se dé-
rouler trois importantes manifestations en
l’honneur du grand peintre anversois :
i° L’inauguration du buste en marbre au
piédestal de bronze de P. P. Rubens, com-
mandé par la ville à M. Jules Pecher pour
être offert au Musée; 20 le Te Deum en ac-
tions de grâce du 3oome anniversaire de la
naissance du roi des coloristes ; 3° la visite
solennelle à l’église St-Jacques, le défilé du
cortège officiel des députations étrangères et
des autorités nationales allant couvrir de
couronnes et de fleurs la tombe du plus cé-
lèbre des enfans d’Anvers.
Jusqu’alors, le magistrat de la cité fla-
mande avait fait les honneurs de la réception
et présidé aux festivités officielles ; il comprit
qu’il devait s’effacer vis à-vis d’une manifes-
tation internationale exclusivement artisti-
que. Héritière légitime et incontestée du glo-
rieux patrimoine « rubénien »—de par David
Teniers, son élève, Deken de la St-Lucas-
gilde, qui obtint du roi Philippe IV, en
i663, l’octroi d’érection daté de Madrid, le
6 juillet, — l’Académie d’Anvers prenait pos-
session du premier rôle.
Quelles séances historiques et mémorables
que celles où s’assembla le Conseil des pro-
fesseurs les i3 et 3o juin, le 18 juillet et le
17 août ! Alors furent discutées chaleureuse-
ment et résolues, haut le pied, les multiples
questions pratiques de la décoration du local
et surtout de la part d’initiative incombant
à 1 Académie le 20 août à la manifestation
solennelle en 1 honneur du glorieux jubilaire.
Il nous souviendra longtemps, en parti-
culier, de la séance suprême du vendredi 17.
L’on était à la veille de la réception officielle
des artistes étrangers, un grand nombre
étaient déjà arrivés, l'atmosphère était sa-
turée d’effluves d’enthousiasme, l’exaltation
faisait bouillonner toutes les cervelles et...
il s’agissait d’organiser froidement tous les
détails d’un cortège ou des délégués des
nations, hier encore ennemies, devaient se
coudoyer et où les épineuses questions de
préséance se dressaient implacables et ar-
dues.
La partie pratique de cette tâche ingrate
fut admirablement résolue par notre infati-
gable et dévoué administrateur. Une fois de
plus, M. Gustave Kempeneers réussit son
rôle habituel de Deus ex machina : le ven-
dredi, à onze heures du soir, on levait la
séance ; le lendemain à midi, l’Académie
adressait le programme imprimé à la régence
anversoise et son Greffier convoquait le
corps professoral et les membres du Conseil
d’administration pour le Lundi 20 août, à
9 1/2 heures précises, place Verte, au pied
delà statue de Rubens.
XIII.
A huit heures du matin, tous les membres
de l’Académie qui devaient prendre part au
cortège étaient réunis dans la Salle de la Di-
rection ; les massiers en grand uniforme s’ap-
puyant sur les keersen historiques, les huis-
siers en livrée portant la couronne que
l’Académie déposera sur la tombe de Rubens.
Les membres du corps professoral, en frac
de cérémonie , ont revêtu comme insigne
distinctif, une écharpe de satin bleu et blanc,
couleurs de l’écusson de la St-Lucas-gilde,
portée en travers du gilet.
A neuf heures précises, conduit par M. le
directeur De Keyzer, le corps académique
prenait place autour du piédestal du roi de
la fête.
Le temps favorisait la manifestation, la
chaleur accablante de la veille avait fait place
à une température moins torride, cependant,
l’on se montrait à l’horizon du côté de l’Es-
caut de gros nuages, trop éloignés pourtant
pour causer des inquiétudes immédiates.
Soudain éclate une fanfare c’est la musi-
que de la garde civique d’Anvers et un grand
nombre d’officiers ayant à leur tête, M. le
colonel David. Bientôt arrivent les huit dé-
légués de l’Institut de France. Leur tenue
officielle avec l’habit à palmes vertes, attire
tous les regards ; ils sont accompagnés
d’huissiers, vêtus de noir, en claque et l’épée
à garde d’argent au côté. Bientôt il plut des
uniformes et des tenues officielles. Le Gou-
verneur, le corps échevinal, M. Rousseau,
directeur des Beaux-Arts, délégué du Mi-
nistre de l’intérieur, empêché de prendre part