163 —
du tout que la matière commande son adap-
ation. Le bois, le fer, la pierre, etc., répu-
gnent à telle ou telle forme, d’accord. Mais
est-il possible de dire pour cela qu’ils exigent
telle ou telle forme ILa forme est au contraire,
commandée par l'emploi. Le bois, le 1er, la
pierre se modifient selon qu’ils devront être
meuble ou porte, grille ou landiers, corniche
ou statuette ; mais il est clair que, en les tra-
vaillant, la pensée première de l’ouvrier est
de faire tel objet avec telle matière, d’adapter
cette matière à l’objet, et non pas de chercher
simplement un nouveau développement de la
matière. Un chêne ne porte pas en lui le ré-
pertoire des formes qu’il pourra revêtir; mais
les divers ouvriers qui portent ces formes
dans leur imagination, suivant les cas, lui
demanderont de se convertir en charpente,
en meuble, en trumeau, etc, La classification
technologique présente en outre ce grand
inconvénient de séparer les métiers qu’il fau-
drait rapprocher; elle aurait pour résultat de
favoriser précisément l’une des grandes er-
reurs que nous voulons combattre, la ten-
dance moderne à la division excessive du tra-
vail, à la spécialisation des industries et des
arts, et d’encourager encore les habiletés
spéciales et limitées bien plus que de déve-
lopper l’intelligence des ensembles décora-
tifs. »
C’est ainsi que les fondateurs du Musée des
arts décoratifs se montrent non-seulement
hommes de goût, artistes pleins de sens et
de logique, mais encore économistes. Ils ne
négligent point de se tenir en éveil à l’endroit
d’une des tendances les plus funestes de l’in-
dustrie et des arts industriels, celle de la di-
vision du travail.
On comprend que la création nouvelle étu-
diée dans toutes ses parties et sous tous ses
aspects avec cette ampleur de vues dut rece-
voir l’approbation du comité qui s’était ras-
semblé avec le sentiment encore mal défini
peut-être d’une lacune à combler, d’une
œuvre importante ù édifier.
Le Musée des arts décoratifs s’ouvrira donc
à Paris sous quelques mois. Une société est
formée dans ce but; des dons en objets lui
sont faits, des souscriptions lui arrivent, l’œu-
vre marche, elle sera bientôt prospère. M. le
duc d’Audiffret-Pasquier, président du sénat,
M. le duc de Chaulnes, M. Berger, professeur
à l’école des Beaux-Arts, M. Ballue, membre
de l’institut, M. Dalloz, directeur du Moniteur
Universel, MM. Gérome, Paul Mantz, Guil-
laume, Duc, Lafenestre et Louvrier de Lajo-
lais qui après avoir été Pâme de l’utile société
l'Union Centrale des Arts appliqués à l'Indus-
trie sera l’un des plus actifs et des plus auto-
risés parmi les promoteurs de l’œuvre nou-
velle, figurent au nombre des hommes
d’initiative qui ont entrepris de doter Paris
du «Louvre de l’industrie)) et nous ne pou
vons qu’applaudir à cette grande pensée.
Henuy Jouin.
(Jïrontgue generale. * *
— Le 22 de ce mois a été inauguré dans le cime-
tière de Namur, le monument élevé à Jules Borgnet.
Cette touchante cérémonie avait réuni un groupe
ûe nombreux amis restés fidèles à la mémoire du
défunt. Deux discours ont été prononcés; l'un par
M. Del Marmol, président du Cercle archéologique
de Namur qui doit sa prospérité à Jules Borgnet,
* autre parM. S. Bormans qui a remplacé le défunt
c°mme archiviste de l’Etat. Le monument dessiné
Par M. Alph. Balat est d’une noble simplicité. Il
porte pour inscription : A Jules Borgnet, ses amis.
1824-1872. Sur le sommet sont posés quelques
livres avec sceaux et une lampe. Parmi les assis-
tants figuraient le fils unique du défunt, M. Gode-
froid Borgnet.
— Il y aura bientôt vingt ans que le Journal
des Beaux-Arts a demandé la création d’un or-
chestre permanent chargé d’exécuter les œuvres
nationales et de venir ainsi en aide à nos composi-
teurs. Enfin, notre vœu s’est réalisé par la création,
par une société privée, de Concerts nationaux .Salut
à cette nouvelle institution à laquelle nous souhai-
tons tous les succès et tous les encouragements
qu’elle mérite.
—• Une députation composée de délégués de
sociétés artistiques et littéraires d’Anvers, de Gand,
de Bruxelles et de Liège, s’est rendue auprès de
M. le ministre de l’intérieur pour lui présenter une
requête ayant pour objet de signaler à son attention
l’insuffisance des lois belges au point de vue de la
protection qu’il convient d’accorder à la propriété
artistique et littéraire. M. le ministre a promis de
ne rien négliger pour faire droit à cette légitime
réclamation dont les chambres, du reste, ont été
saisies depuis longtemps. Rappelons ici que l’Aca-
démie royale de Belgique a été la première a éveil-
ler l’attention du gouvernement sur ce point.
— M. De Haas vient d’être promu au grade d’of-
ficier de la couronne de Chêne.
— On annonce la mort de Magimel. un des bons
élèves d’Ingres ; de Bovy, graveur de médailles ; de
Gué, directeur de l’école de dessin, à Bordeaux ; de
MUe Tietjens, cantatrice célèbre.
— L’administration de la Bibliothèque nationale
de France vient de réaliser un progrès important.
Les bulletins de demande formulés par les lecteurs
sont envoyés aux extrémités des galeries par des
tubes pneumatiques analogues à ceux employés
dans les bureaux télégraphiques pour le transport
des dépêches à destination de Paris.
Une sonnerie électrique annonce chaque fois le
départ du bulletin expédié. Il en résulte que l’em-
ployé stationnant à l’autre bout de ligne se trouve
à son poste lors de l’arrivée. On n’a pas cru devoir
adopter ce mode rapide de transport pour les livres
eux-mêmes, de crainte de leur faire subir des chocs
dangereux. Mais déjà, grâce à cette locomotion, le
temps nécessaire au servive du public est réduit
d’un tiers.
Cette disposition ingénieuse est adoptée à l’avance
pour les nouvelles galeries de la rue Colbert, dont
l’administration entrera en possession dans une
quinzaine de jours, et dont le développement est
immense. Le transport des livres sera facilité par
des dispositions d’un autre genre.
— MM. Van Beers, Cermak, Gussow, Burnier,
Melis et De Yogel ont reçu les médailles d’or mises
par l’administration communale d’Amsterdam à la
disposition de la commission de l’exposition des
Beaux-Arts.
— Le lion colossal de la Gileppe sera formé de
203 blocs de pierres énormes, pesant en moyenne
2 à 3,000 kil. chacun. Sa hauteur sera de 12m50
sur une longueur de 16m00 environ. Placé sur un
piédestal en granit de 8m00 d’élévation, au sommet
du barrage, ce lion monumental dominera toute la
vallée de la Gileppe. Les pattes du lion mesureront
lm40 en largeur, l’oeil aura 0m40 de diamètre et les
narines 0m80 d’ouverture. Enfin derrière chaque
griffé, un homme pourra aisément se cacher.
Le piédestal est achevé. Les ouvriers travaillent
en ce moment au fini des sculptures ébauchées sur
les lieux d’extraction, à assembler les blocs numé-
rotés et à les hisser sur le piédestal, pour en former
le colosse de pierre dont les dimensions gigan-
tesques paraîtront encore petites en face des mon-
tagnes qui l’entoureront.
— On annonce la prochaine exposition de 300
paysages, peints par Jean Yan Beers.
— On lit dans les grands journaux quotidiens :
Une allocation de cent mille francs est inscrite
aux dépenses extraordinaires du prochain budget
de la ville de Bruxelles, sous la rubrique travaux
de voirie, pour le dégagement des abords de l’église
de Notre-Dame au Sablon.
D’après les explications qui ont été fournies l’an
dernier au conseil communal, M. le ministre des
travaux publics a communiqué à l’édilité les plans
dressés pour la création du square que son dépar-
tement a l’intention d’établir place du Petit-Sablon.
Le ministre a proposé en même temps à la ville
de contribuer à dégager complètement des construc-
tions qui l’entourent la susdite église, attendu que
ce travail constituerait un important embellissement
pour la capitale en mettant pleinement en relief
un monument si intéressant au point de vue de l’art
et en rétablissant ses abords d’après les données de
deux tableaux qui se trouvent au Musée royal de
peinture.
La dépense générale est évaluée à prés d’un mil-
lion et le devis] repartit les frais entre les départe-
ment des travaux publics et de la justice, la fa-
brique de l’église, la province et la ville, Celle ci
prendrait à sa charge une somme de 251,532,50 à
prélever sur deux ou trois exercices. Dans ces cir-
constances il a paru que la ville avait intérêt à ne
pas refuser son concours, sous réserve de l’examen
et de l’approbation des plans.
A propos de l’église du Sablon, parmi les plus
remarquables travaux de restauration qui viennent
d’être achevés à l’intérieur, on cite la pose de toutes
les parties du cénotaphe en marbre et albatre afri-
cain, de messire Flaminius Garnier, secrétaire du
duc de Parme en 1585. Cette restauration terminée
avec intelligence par le sculpteur Dupont, sous la
direction de l’architecte à qui est confiée la restau-
ration de l’église a obtenu l’entière approbation de
la commission royale des monuments.
— On nous communique l’observation suivante.
Le gouvernement belge vient d’acquérir un re-
marquable tableau. M. Gallait dont le sujet est la
Prise (JAntioche. Or, le même tableau figure
déjà au Musée de Versailles.
Le Palais Ducal possède aussi, parmi d’autres
chefs-d’œuvre, une superbe toile de Gallait : Jeanne
la folle. Le même tableau existe à Londres.
Nous nous demandons si les originaux de la
Prise d'Antioche et de Jeanne la folle sont à
Versailles et à Londres, — et malheureusement
toutes les apparences semblent l’indiquer. S’il en
était ainsi, la Belgique n’aurait donc que des copies
de deux des plus belles œuvres du grand artiste.
On peut se figurer Londres, Versailles et Bru-
xelles, revendiquant à qui mieux mieux, dans 300
ans d’ici, la possession du tableau original.
Selon nous, un peintre de la valeur de M. Gal-
lait ne devait pas se reproduire lui-même.
— M. l’architecte Winders d’Anvers vient d’être
nommé membre honoraire correspondant du Musée
royal et impérial d'art et d'industrie, à Vienne.
— La maison Buffa d’Amsterdam vient d’éditer
les trois dernières livraisons de son magnifique
Musée d’Amsterdam. L’ouvrage est actuellement
complet. La dernière livraison renferme la Ronde
de nuit, gravée, comme toutes les autres planches,
par Unger. A bientôt notre compte-rendu analytique
de ces livraisons (Voir aux annonces).
— Le quatrième fascicule de l’ouvrage de Charles
Garnier, Le nouvel opéra de Paris, vient de pa-
raître. On se ferait difficilement une idée de ce livre
étrange où l’auteur déploie un esprit très fin, très
caustique, une sincérité brutale et quelquefois
amère et une philosophie humouristique qui n’ap-
partient qu’à lui. Ce livre est à divers points de vue
un des plus curieux de l’époque; un grand nombre
d’artistes y sont jugés d'une façon nette et carrée et
avec une justesse effrayante. Si jamais le nouvel
opéra de Paris devait disparaître, la renommée de
M. Charles Garnier serait sauvée par son livre.
Nous ne saurions assez le recommander à ceux de
nos lecteurs qui aiment à reposer leur esprit sur
des œuvres fortes où le fond et la forme revêtent à
chaque page des aspects imprévus et charmants.
Le livre est édité par la maison Ducher, 51, rue
des Écoles, à Paris.
— Le deuxième fascicule de la « Grammaire élé-
mentaire du dessin » vient de paraître chez Ducher.
Le livre précieux de M. Cernesson est indispensable
aux académies et écoles de dessins. Cette grammaire
essentiellement pratique est destinée à devenir la
pierre angulaire de tout enseignement bien entendu
appliqué aux arts. Des gravures remarquablement
dessinées et gravées accompagnent ce fascicule.
— La quatrième livraison de 1877 de la Gazette
du tout que la matière commande son adap-
ation. Le bois, le fer, la pierre, etc., répu-
gnent à telle ou telle forme, d’accord. Mais
est-il possible de dire pour cela qu’ils exigent
telle ou telle forme ILa forme est au contraire,
commandée par l'emploi. Le bois, le 1er, la
pierre se modifient selon qu’ils devront être
meuble ou porte, grille ou landiers, corniche
ou statuette ; mais il est clair que, en les tra-
vaillant, la pensée première de l’ouvrier est
de faire tel objet avec telle matière, d’adapter
cette matière à l’objet, et non pas de chercher
simplement un nouveau développement de la
matière. Un chêne ne porte pas en lui le ré-
pertoire des formes qu’il pourra revêtir; mais
les divers ouvriers qui portent ces formes
dans leur imagination, suivant les cas, lui
demanderont de se convertir en charpente,
en meuble, en trumeau, etc, La classification
technologique présente en outre ce grand
inconvénient de séparer les métiers qu’il fau-
drait rapprocher; elle aurait pour résultat de
favoriser précisément l’une des grandes er-
reurs que nous voulons combattre, la ten-
dance moderne à la division excessive du tra-
vail, à la spécialisation des industries et des
arts, et d’encourager encore les habiletés
spéciales et limitées bien plus que de déve-
lopper l’intelligence des ensembles décora-
tifs. »
C’est ainsi que les fondateurs du Musée des
arts décoratifs se montrent non-seulement
hommes de goût, artistes pleins de sens et
de logique, mais encore économistes. Ils ne
négligent point de se tenir en éveil à l’endroit
d’une des tendances les plus funestes de l’in-
dustrie et des arts industriels, celle de la di-
vision du travail.
On comprend que la création nouvelle étu-
diée dans toutes ses parties et sous tous ses
aspects avec cette ampleur de vues dut rece-
voir l’approbation du comité qui s’était ras-
semblé avec le sentiment encore mal défini
peut-être d’une lacune à combler, d’une
œuvre importante ù édifier.
Le Musée des arts décoratifs s’ouvrira donc
à Paris sous quelques mois. Une société est
formée dans ce but; des dons en objets lui
sont faits, des souscriptions lui arrivent, l’œu-
vre marche, elle sera bientôt prospère. M. le
duc d’Audiffret-Pasquier, président du sénat,
M. le duc de Chaulnes, M. Berger, professeur
à l’école des Beaux-Arts, M. Ballue, membre
de l’institut, M. Dalloz, directeur du Moniteur
Universel, MM. Gérome, Paul Mantz, Guil-
laume, Duc, Lafenestre et Louvrier de Lajo-
lais qui après avoir été Pâme de l’utile société
l'Union Centrale des Arts appliqués à l'Indus-
trie sera l’un des plus actifs et des plus auto-
risés parmi les promoteurs de l’œuvre nou-
velle, figurent au nombre des hommes
d’initiative qui ont entrepris de doter Paris
du «Louvre de l’industrie)) et nous ne pou
vons qu’applaudir à cette grande pensée.
Henuy Jouin.
(Jïrontgue generale. * *
— Le 22 de ce mois a été inauguré dans le cime-
tière de Namur, le monument élevé à Jules Borgnet.
Cette touchante cérémonie avait réuni un groupe
ûe nombreux amis restés fidèles à la mémoire du
défunt. Deux discours ont été prononcés; l'un par
M. Del Marmol, président du Cercle archéologique
de Namur qui doit sa prospérité à Jules Borgnet,
* autre parM. S. Bormans qui a remplacé le défunt
c°mme archiviste de l’Etat. Le monument dessiné
Par M. Alph. Balat est d’une noble simplicité. Il
porte pour inscription : A Jules Borgnet, ses amis.
1824-1872. Sur le sommet sont posés quelques
livres avec sceaux et une lampe. Parmi les assis-
tants figuraient le fils unique du défunt, M. Gode-
froid Borgnet.
— Il y aura bientôt vingt ans que le Journal
des Beaux-Arts a demandé la création d’un or-
chestre permanent chargé d’exécuter les œuvres
nationales et de venir ainsi en aide à nos composi-
teurs. Enfin, notre vœu s’est réalisé par la création,
par une société privée, de Concerts nationaux .Salut
à cette nouvelle institution à laquelle nous souhai-
tons tous les succès et tous les encouragements
qu’elle mérite.
—• Une députation composée de délégués de
sociétés artistiques et littéraires d’Anvers, de Gand,
de Bruxelles et de Liège, s’est rendue auprès de
M. le ministre de l’intérieur pour lui présenter une
requête ayant pour objet de signaler à son attention
l’insuffisance des lois belges au point de vue de la
protection qu’il convient d’accorder à la propriété
artistique et littéraire. M. le ministre a promis de
ne rien négliger pour faire droit à cette légitime
réclamation dont les chambres, du reste, ont été
saisies depuis longtemps. Rappelons ici que l’Aca-
démie royale de Belgique a été la première a éveil-
ler l’attention du gouvernement sur ce point.
— M. De Haas vient d’être promu au grade d’of-
ficier de la couronne de Chêne.
— On annonce la mort de Magimel. un des bons
élèves d’Ingres ; de Bovy, graveur de médailles ; de
Gué, directeur de l’école de dessin, à Bordeaux ; de
MUe Tietjens, cantatrice célèbre.
— L’administration de la Bibliothèque nationale
de France vient de réaliser un progrès important.
Les bulletins de demande formulés par les lecteurs
sont envoyés aux extrémités des galeries par des
tubes pneumatiques analogues à ceux employés
dans les bureaux télégraphiques pour le transport
des dépêches à destination de Paris.
Une sonnerie électrique annonce chaque fois le
départ du bulletin expédié. Il en résulte que l’em-
ployé stationnant à l’autre bout de ligne se trouve
à son poste lors de l’arrivée. On n’a pas cru devoir
adopter ce mode rapide de transport pour les livres
eux-mêmes, de crainte de leur faire subir des chocs
dangereux. Mais déjà, grâce à cette locomotion, le
temps nécessaire au servive du public est réduit
d’un tiers.
Cette disposition ingénieuse est adoptée à l’avance
pour les nouvelles galeries de la rue Colbert, dont
l’administration entrera en possession dans une
quinzaine de jours, et dont le développement est
immense. Le transport des livres sera facilité par
des dispositions d’un autre genre.
— MM. Van Beers, Cermak, Gussow, Burnier,
Melis et De Yogel ont reçu les médailles d’or mises
par l’administration communale d’Amsterdam à la
disposition de la commission de l’exposition des
Beaux-Arts.
— Le lion colossal de la Gileppe sera formé de
203 blocs de pierres énormes, pesant en moyenne
2 à 3,000 kil. chacun. Sa hauteur sera de 12m50
sur une longueur de 16m00 environ. Placé sur un
piédestal en granit de 8m00 d’élévation, au sommet
du barrage, ce lion monumental dominera toute la
vallée de la Gileppe. Les pattes du lion mesureront
lm40 en largeur, l’oeil aura 0m40 de diamètre et les
narines 0m80 d’ouverture. Enfin derrière chaque
griffé, un homme pourra aisément se cacher.
Le piédestal est achevé. Les ouvriers travaillent
en ce moment au fini des sculptures ébauchées sur
les lieux d’extraction, à assembler les blocs numé-
rotés et à les hisser sur le piédestal, pour en former
le colosse de pierre dont les dimensions gigan-
tesques paraîtront encore petites en face des mon-
tagnes qui l’entoureront.
— On annonce la prochaine exposition de 300
paysages, peints par Jean Yan Beers.
— On lit dans les grands journaux quotidiens :
Une allocation de cent mille francs est inscrite
aux dépenses extraordinaires du prochain budget
de la ville de Bruxelles, sous la rubrique travaux
de voirie, pour le dégagement des abords de l’église
de Notre-Dame au Sablon.
D’après les explications qui ont été fournies l’an
dernier au conseil communal, M. le ministre des
travaux publics a communiqué à l’édilité les plans
dressés pour la création du square que son dépar-
tement a l’intention d’établir place du Petit-Sablon.
Le ministre a proposé en même temps à la ville
de contribuer à dégager complètement des construc-
tions qui l’entourent la susdite église, attendu que
ce travail constituerait un important embellissement
pour la capitale en mettant pleinement en relief
un monument si intéressant au point de vue de l’art
et en rétablissant ses abords d’après les données de
deux tableaux qui se trouvent au Musée royal de
peinture.
La dépense générale est évaluée à prés d’un mil-
lion et le devis] repartit les frais entre les départe-
ment des travaux publics et de la justice, la fa-
brique de l’église, la province et la ville, Celle ci
prendrait à sa charge une somme de 251,532,50 à
prélever sur deux ou trois exercices. Dans ces cir-
constances il a paru que la ville avait intérêt à ne
pas refuser son concours, sous réserve de l’examen
et de l’approbation des plans.
A propos de l’église du Sablon, parmi les plus
remarquables travaux de restauration qui viennent
d’être achevés à l’intérieur, on cite la pose de toutes
les parties du cénotaphe en marbre et albatre afri-
cain, de messire Flaminius Garnier, secrétaire du
duc de Parme en 1585. Cette restauration terminée
avec intelligence par le sculpteur Dupont, sous la
direction de l’architecte à qui est confiée la restau-
ration de l’église a obtenu l’entière approbation de
la commission royale des monuments.
— On nous communique l’observation suivante.
Le gouvernement belge vient d’acquérir un re-
marquable tableau. M. Gallait dont le sujet est la
Prise (JAntioche. Or, le même tableau figure
déjà au Musée de Versailles.
Le Palais Ducal possède aussi, parmi d’autres
chefs-d’œuvre, une superbe toile de Gallait : Jeanne
la folle. Le même tableau existe à Londres.
Nous nous demandons si les originaux de la
Prise d'Antioche et de Jeanne la folle sont à
Versailles et à Londres, — et malheureusement
toutes les apparences semblent l’indiquer. S’il en
était ainsi, la Belgique n’aurait donc que des copies
de deux des plus belles œuvres du grand artiste.
On peut se figurer Londres, Versailles et Bru-
xelles, revendiquant à qui mieux mieux, dans 300
ans d’ici, la possession du tableau original.
Selon nous, un peintre de la valeur de M. Gal-
lait ne devait pas se reproduire lui-même.
— M. l’architecte Winders d’Anvers vient d’être
nommé membre honoraire correspondant du Musée
royal et impérial d'art et d'industrie, à Vienne.
— La maison Buffa d’Amsterdam vient d’éditer
les trois dernières livraisons de son magnifique
Musée d’Amsterdam. L’ouvrage est actuellement
complet. La dernière livraison renferme la Ronde
de nuit, gravée, comme toutes les autres planches,
par Unger. A bientôt notre compte-rendu analytique
de ces livraisons (Voir aux annonces).
— Le quatrième fascicule de l’ouvrage de Charles
Garnier, Le nouvel opéra de Paris, vient de pa-
raître. On se ferait difficilement une idée de ce livre
étrange où l’auteur déploie un esprit très fin, très
caustique, une sincérité brutale et quelquefois
amère et une philosophie humouristique qui n’ap-
partient qu’à lui. Ce livre est à divers points de vue
un des plus curieux de l’époque; un grand nombre
d’artistes y sont jugés d'une façon nette et carrée et
avec une justesse effrayante. Si jamais le nouvel
opéra de Paris devait disparaître, la renommée de
M. Charles Garnier serait sauvée par son livre.
Nous ne saurions assez le recommander à ceux de
nos lecteurs qui aiment à reposer leur esprit sur
des œuvres fortes où le fond et la forme revêtent à
chaque page des aspects imprévus et charmants.
Le livre est édité par la maison Ducher, 51, rue
des Écoles, à Paris.
— Le deuxième fascicule de la « Grammaire élé-
mentaire du dessin » vient de paraître chez Ducher.
Le livre précieux de M. Cernesson est indispensable
aux académies et écoles de dessins. Cette grammaire
essentiellement pratique est destinée à devenir la
pierre angulaire de tout enseignement bien entendu
appliqué aux arts. Des gravures remarquablement
dessinées et gravées accompagnent ce fascicule.
— La quatrième livraison de 1877 de la Gazette