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NOTICE SUR M. MAZOIS.

Paris, 3i juillet 1837.

Les Italiens n'ont jamais cessé de cultiver la noble science des antiquités : le sol offre à chaque pas des
débris de la grandeur de l'empire romain. Rien de plus naturel que cette sollicitude empressée qui, dans un tel pays,
recherche les monuments d'une gloire si étendue et si constante pendant tant de siècles, qui dispute à la terre les
dernières traces d'une architecture gigantesque en proportion avec les besoins, la puissance et les destinées
du peuple qui fut si longtemps roi. Avant Muratori, des écrivains célèbres avaient enrichi la littérature na-
tionale de publications précieuses, propres à devenir la règle et l'instruction préliminaire des génies qui devaient
s'illustrer dans cette science. Les papes et les princes voisins, toujours disposés à protéger de semblables études,
accueillaient avec bienveillance, même les étrangers qui venaient apporter de plein gré le tribut de leurs la-
borieuses investigations, et de leur amour pour une science si digne de la protection des gouvernements géné-
reux. L'antiquaria (nous n'avons pas de mot équivalent en français), cette science, beau et riche rameau des
connaissances humaines, qui embrasse une foule de subdivisions distinctes que nous détaillerons approximati-
vement, avait été cultivée d'abord avec ardeur par des savants modestes, qui souvent ne plaçaient pas leurs
noms sur le titre de leurs ouvrages. Sans remonter plus haut, nous observerons que Nicolas Buono, né dans l'île
de Candie en i635, élève de l'université de Padoue, mit en ordre à Venise plusieurs musées composés de statues
apportées du Levant; il prépara aussi une excellente édition de l'ouvrage de cet infatigable Vaillant, queColbert
avait envoyé en Italie pour recueillir des médailles. Jacques Spon parle avec éloge de Buono. Philippe Buonarroti,
neveu du grand Michel-Ange, se distingua par une érudition immense : monsignor Fabbroni lui applique ce
passage de Pline : «Il donna aux choses antiques la nouveauté; aux nouvelles, l'autorité; à celles qui étaient
«usées, l'éclat; à celles qu'il avait trouvées obscures, la lumière; aux choses ennuyeuses, la grâce; aux
«douteuses, la certitude; à toutes, le naturel, et tout ce qui appartient à l'essence de chacune (1). »

Une autre gloire incidente de Buonarroti, c'est celle d'avoir écrit à Rome des lettres très-courageuses, qui,
appuyées par plusieurs cardinaux, firent adoucir la situation de Galilée. Buonarroti eut pour élèves Sébastien
Bianchi Antoine François Gori, les frères Vénuti. Bianchini l'astronome devint aussi antiquaire. Boldetti publia
des observations précieuses sur les anciens cimetières de Rome. Mazzuchelli, Milanais, ne fut pas le dernier
à se distinguer. Le célèbre marquis Mafféi, qui se rendit recommandable par tant d'autres illustrations,
cultiva X antiquaria, écrivit sur le papyrus, publia des faits inconnus à Mabillon : une saine critique ne
cesse d'accompagner l'auteur dans sa dissertation sur les Italiens primitifs. Nous n'oublierons pas le cardinal
Quirini, Contuccio Contucci ; ce dernier enrichit le musée Kircher de peintures provenant d'Herculanum. Il
n'est pas permis de refuser un hommage à l'abbé comte de Guasco, ami de Montesquieu et membre de notre
Académie des inscriptions et belles-lettres. Le cardinal Garampi doit être encore cité : malheureusement il
n'a pas terminé le bel ouvrage qu'il avait entrepris et qui devait reproduire l'histoire de tous les évêchés, sous
le titre ôiOrbis christianus.

Banduri, dont Montfaucon commença la fortune, fit des études sévères auprès de nos religieux de Saint-
Benoît, et se montra digne de succéder à Magliabecchi, bibliothécaire du grand-duc de Toscane. Le comte de
Caylus et l'abbé Barthélemi firent connaître en France le haut mérite du P. Paciaudi, et proposèrent de le
nommer membre étranger de l'Académie des inscriptions. Mazzocchi écrivit sur P<estum. Enfin, on vit
paraître Winckelmann que Rome appela avec la plus délicate obligeance. L'histoire de lart appartient autant
à l'Italie qu'à l'Allemagne, par la magnifique hospitalité que le pape Benoit XIV accorda au savant Allemand
en 1756. C'est à Winckelmann qu'Herculanum est redevable surtout d'une partie de sa renommée au dehors.
Il ne paraissait pas un étranger en Italie, sans que ce savant, alors président des antiquités, après avoir expliqué
les monuments de Rome, ne recommandât au nouvel arrivé, un pèlerinage à Herculanum,àPortici et à Pompéi.

(1) Plin., Hist. Nat. in princ.

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