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ESSAI

SUR LES TEMPLES ANCIENS

Les édifices sacrés sont l'expression du sentiment religieux et des besoins du culte; leur
construction a varié selon les progrès de ce sentiment, selon les développements du rite et des
cérémonies.

*

L'homme primitif demande aux objets mêmes qui l'entourent la cause des impressions qu'il
éprouve, et, dans l'état misérable où vivent des hordes vagabondes, parmi les désordres des
éléments qui se ressouviennent du chaos, sous l'intempérie d'un climat encore indompté, au
milieu des privations de toute espèce, fruits naturels de l'ignorance et de l'incurie, ces im-
pressions tiennent plus de la terreur que de l'amour. L'homme adore donc la foudre au pied
de l'arbre que le feu du ciel a frappé; il adore le lion devant les rochers qui forment son
antre; le crocodile, au bord des eaux du lac. Tant qu'il ne connaît pas d'autres dieux, il ne lui
faut pas d'autres temples.

Dans une civilisation plus avancée, mais entée sur l'immobile barbarie des castes inférieures,
une sorte de fétichisme domine encore. Ainsi, le peuple de l'Egypte n'est point admis aux re-
ligieux mystères de l'aristocratie sacerdotale : il continue d'adorer les créatures inférieures ; et
quoique aidé par l'intelligence plus éclairée des castes privilégiées, il ne peut songer à tirer ces
créatures de leur élément, de leurs demeures naturelles. Aussi, le temple égyptien, malgré l'étendue
de ses proportions, malgré sa richesse et la majesté de ses ornements, n'est-il encore qu'une
caverne déguisée, vastes étables, splendide ménagerie, où chacun des dieux bêlants, sifflants et
mugissants, a sa loge et son repaire.

Rien de semblable chez les Grecs. D'une part à la vérité, la pierre, le granit, les bras serviles
abondent, tandis que de l'autre on emploie d'abord le bois et le travail des hommes libres;
mais ce n'est pas seulement pour cela qu'il ne faut point demander à l'Egypte le type primitif
des temples de la Grèce : c'est que, là-bas, à Thèbes et à Memphis, le principe architectural
repose sur la plus grossière et la plus absurde idolâtrie, sur ce culte de la brute déifiée, dont on
ne trouve ici aucune trace, même dans les temps les plus reculés de la civilisation hellénique.

Il importait d'éliminer, dès l'abord, cette donnée de la critique routinière, qui s'obstine à
chercher sur les bords du Nil ce que peut-être elle devrait demander à l'Indus et au Gange.

Les orientalistes se flattent de lever bientôt le dernier voile qui nous dérobe, au fond de l'Asie,
le berceau de la race hellénique et celui de la race italiote. Leurs découvertes confirmeront sans
doute ce que font déjà soupçonner tant de traits communs aux deux péninsules que l'on peut
appeler les deux Grèces (i). En effet, dans la religion des Étrusques comme dans celle des
Hellènes, nous voyons un point de départ pris dans le culte des astres, la plus magnifique des

(i) La linguistique peut déjà fournir à l'histoire des temps primitifs quelques bases fondées sur l'étude comparée des langues
de l'Inde et de celles de l'Europe.

Les Hellènes, les Italiotes, les Germains et les Slaves ne sont que des rameaux d'une même souche. Ces peuples, partis du

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