Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
s* ESSAI

erreurs humaines touchant la Divinité. C'est dire que d'un coté comme de l'autre, nous voyons
une première époque religieuse remarquable par l'absence complète d'édifices sacrés.

Partout où .l'on adora les dieux-planètes, les célestes coureurs, selon la magnifique étymologie
que Platon assigne au mot ©sot (i), le seul temple qu'on jugeât digne d'eux, ce fut la voûte immense
qui leur sert d'éternelle carrière.

Ainsi, chez les Grecs, le lieu sacré, ispov, n'est d'abord qu'une enceinte placée sur les hauts lieux;
ce n est qu'un Téfxevoç (2), un terrain séparé des champs communs par un mur grossier, ou même
par une simple haie. De même chez les habitants du Latium, et chez les Etrusques si fameux
parleurs sciences aruspicines et fulgurales (3), le templum primitif ne nous apparaît que comme
une division du ciel et de l'horizon tracée par le lituus augurai, et dans laquelle on prend les
auspices : l'enceinte tracée sur le sol, dans un lieu découvert, n'est elle-même qu'une image du
champ céleste (4).

Mais bientôt l'imagination ardente d'un peuple peintre et poète personnifie les astres mêmes : elle
donne également une existence et un corps à toutes ces forces de la nature qui, sous le beau climat
de l'Hellénie, devaient lui apparaître si vivantes et si belles. Ce peuple s'accoutume à se représenter
ses dieux sous une forme humaine, afin d'entrer dans un commerce plus intime avec eux. Dans
son enthousiasme reconnaissant, il veut élèvera la divinité les héros qui ont affranchi, fertilisé,
assaini le sol de la nouvelle patrie, et il ne s'aperçoit pas que c'est la divinité même qu'il abaisse
au niveau de ses grands hommes! Généreuses erreurs! confusion pleine de grâce et de poésie!

L'influence des Hellènes sur l'Italie fut immense, en ce point comme en tous les autres, soit
par une conséquence nécessaire de la communauté d'origine, soit par le fait seul des colonies
ioniennes et doriennes qui se succédèrent incessamment sur les côtes de la grande Grèce. Les traits
principaux de la théogonie étaient communs aux deux peuples, puisque des deux côtés on prenait
pour point de départ la marche des corps célestes. Les noms des principaux dieux, sans être
parfaitement identiques dans les deux pays, avaient pourtant plus d'une ressemblance. Dans cet état
de choses, les rapports de l'histoire fabuleuse des deux peuples se trouvèrent sans cesse ravivés
par des envois de colonies, des contacts commerciaux, ou des relations d'hospitalité. Enfin, quand
les Romains s'assimilèrent la littérature hellénique, en même temps à peu près qu'ils absorbaient
la Grèce et ses colonies dans leur empire immense, il se trouva peu de chose à faire pour re-
coudre les mythes du Latium à ceux de la péninsule orientale. Il suffît alors d'attribuer aux
divinités de Rome, sans leur ôter pour cela leurs noms latins, toutes les inventions successives
des poètes grecs. Ovide, Virgile, Horace aidèrent à cette fusion, qui s'opéra sans secousses ? il
n'y eut qu'à oublier quelques dieux indigètes un peu grossiers, et à remplacer le chant inculte
des frères Arvales par les strophes élégantes du carmen sœculare.

fond de l'Inde, à des époques différentes et probablement dans l'ordre que nous avons suivi en les nommant, en ont apporté
des idiomes-frères, qui se sont modifiés sous un nouveau climat et au sein d'une civilisation nouvelle. Ces idiomes forment
la famille indo-européenne : la langue qui approche le plus d'un type commun, ou, suivant le langage des anciens philologues
la langue mère, est le sanskrit. Dans cette famille le rameau indo-hellénique et le rameau indo-italique se séparant et se
confondant à diverses reprises, ont donné naissance aux langues modernes du midi de l'Europe. Le rameau indo-germanique
a produit une partie de celles du Nord : il conserve avec le Zend une affinité particulière qui indiquerait que les peuplades
qui l'ont apporté ont eu quelque chose de commun avec l'antique race des Perses. L'histoire et les affinités du rameau indo-
slave ne sont pas aussi bien connues. Jusqu'à présent on a tenté des efforts inutiles pour rattacher d'une manière quelconque
à cette famille indo-européenne la langue celtique, qui paraît avoir devancé toutes les autres sur le sol européen.

(1) Platon, Cratyle, 397.

(2) DeTÉpw, je coupe; et ces deux mots pourraient bien avoir produit templum, quoique Varron fasse venir celui-ci de
tueor, je regarde.

(3) Cic, Div. 1, 33.

(4) Voyez, dans les ouvrages de M. deBallanche, son admirable exposition des anciens rites religieux du Latium.
 
Annotationen