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76 EXPLICATION DES PLANCHES.

pies des provinces voisines, tels que les habitants de Soles en Cilicie, qui, par leur mauvaise
prononciation du grec, avaient fourni letymologie du mot solécisme. L'imagination peut facilement
replacer cette assemblée brillante dans le vaste hémicycle, composé de deux précinctions et de
vingt-neuf gradins; la première précinction entourée d'une galerie, et l'édifice couronné d'un
portique de cinquante arcades. Mais c'est toute la partie de la scène qui, conservée intacte, donne
l'importance d'un événement archéologique à cette découverte.

« La scène est ornée de deux ordres de colonnes, ionique et corinthien. Le rang inférieur a
douze colonnes de face : elles sont en marbre blanc veiné de rouge. L'entablement est orné de
la plus riche sculpture ; dans la frise sont des têtes de victimes couronnées de guirlandes ; entre les
entre-colonnements, de petites niches ornées de frontons d'une extrême délicatesse de sculpture
et dont la conservation a lieu d'étonner. Cinq portes conduisent de la salle des mimes sur la
scène; elles étaient décorées de chambranles à consoles, qui ont été enlevés. L'ordre supérieur
est supporté sur des piédestaux très-bas; chaque couple de colonnes soutient un fronton. Celui
du milieu est orné dans son tympan d'une statue de femme nue, qui tient des rinceaux de
feuillage. La pose de cette figure est très-gracieuse. Nous dirons tout à l'heure quel effet cette statue
a produit sur l'imagination des Turcomans.

«La scène était couverte par une toiture en charpente, dont l'inclinaison était dirigée vers le mur.
Le vide qui existait entre le toit et le plafond de la scène servait pour quelques machines : cette
espèce de comble communique de plain-pied avec la salle supérieure. On voit encore les attaches
des solives et la trace de la pente du toit qui indiquent parfaitement cette disposition. Tout le reste
du mur de la scène était couvert par des peintures et des placages de marbre. La scène sur la-
quelle les acteurs se tenaient était aussi en bois, et s'étendait jusqu'aux deux vomitoires latéraux.

« Pour que rien ne manque à ce monument des arts de la Pamphylie sous la domination
romaine, tous les renseignements sur sa fondation se trouvent dans des inscriptions qui, trans-
crites sur place, deviendront elles-mêmes des monuments intéressants de l'épigraphie.

« Deux grandes portes latérales conduisent dans les galeries intérieures ; elles portent des
inscriptions qui nous apprennent que ce monument est dû à la munificence d'Aulus Curtius
Crispinus, qui légua par testament les sommes nécessaires à sa construction. Titianus et Arrun-
tianus furent les exécuteurs testamentaires. Une autre inscription, placée sur un piédestal, dans
l'intérieur du théâtre, fait connaître que Zenon fut l'architecte. H était en même temps direc-
teur des travaux de la ville. La même inscription apprend que ce chef-d'œuvre lui mérita les
suffrages de ses concitoyens, au point qu'ils lui élevèrent une statue dans le théâtre, et lui firent
présent d'un jardin près de l'hippodrome.

« Ce furent les récits des Turcomans qui firent connaître à M. Texier qu'il existait non loin
du fleuve Manurgat et à six lieues de la mer, de vastes ruines qu'ils appellent Balgis-Seraï ( le
palais de la fille du miel). Ils content, à ce sujet, une histoire digne des Mille et une nuits: «Ce
«palais, disent-ils, fut bâti par le roi des serpents pour la reine du miel, qui régnait dans la
« forêt voisine. Les malheurs de cette pauvre reine font frémir. Vaincue et prise par le roi des
« serpents, elle mourut en laissant au monde une fille d'une grande beauté. Le prince lui fit cons-
« truire le palais que vous voyez : le portrait de la jeune princesse est sculpté sur le fronton qui
« le domine. »

« Ce palais est le théâtre d'Aspendus, dont la grandeur et la richesse surprennent les sauvages
habitants de cette contrée, au point qu'ils ne peuvent en attribuer la construction qu'aux Fées.
Ils regardent généralement les autres ruines comme des constructions génoises. »
 
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