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IDE
mêmes , les bonnes ou les mauvai-
ses qualités, on doit se former un
idéal. C’est ce que fait le sculpteur et
le peinlre qui veulent figurer, non
pas la belle Phryné ni la belle Hé-
lène, mais la beauté de la femme
en général, sans y mêler ce qui dé-
pend du caractère personnel. En
général, l’idéal sert à figurer des
idées abstraites d’une manière sen-
sible et avec la plus grande exacti-
tude possible. C’est pourquoi on ne
peut pas toujours donner le nom
d’idéal à toute création de l’imagi-
nation de l’artiste, ni à toute image
composée de différentes beautés em-
pruntées à plusieurs individus , com-
me Zeuxis avoit fait pour peindre
son Hélène. Pour mériter le nom
d’idéal, il faut qu’une figure ex-
prime de la meilleure manière l’idée
de son espèce ou de son genre, sans
y mêler celle de l’individu. C’est
pourquoi l’idéal convient sur-tout
aux statues , et aux figures isolées
en peinture ; parce qu’alors il ne
s’agit pas de donner le portrait exact
des personnes qu’on représenle ,
mais de faite sentir le caractère
qu'elles avoient. Les statues de Ju-
piter, de Neptune, de Plufon , de
Jupon , de Cérés, de Vénus, de
Diaue, de Mercure , de Bacchns ,
ct’Hercüle, de Minerve , d’Adonis ,
d’Antinoiis, etc. etc., ont chacune
un idéal qui leur convient.
L idéal est toujours l’ouvrage du
génie , et souvent le fruit d’un mo-
ment heureux, lorsque les facultés
de lame exaltées par l’enlhousias—
me, se réunissent pour ainsi dire
subitement pour le créer. 11 est pro-
bable qu’il n’y a que les plus grands
génies qui réussissent à créer l’idéal,
lorsque pendant long-temps ils ont
concentré , avec assiduité , toutes
les facultés de leur ame pour rendre
parfaite une'' seule idée. Par rap-
port au génie , on peut diviser les
artistes en trois classes La premiè-
re comprend ceux qui s’attachent
avec fidélité à copier la nature, et
I D É
qui prennent les objels tels qu’ils
les trouvent , sans s’embarrasser du
choix ; tels sont la plupart des pein-
tres de l’école hollandaise et fla-
mande, et ceux de Fancienne école
allemande. ( V. ces mois. ) Dans la
seconde classe se trouvent ceux qui
se tiennent aussi à la nature, mais
qui y choisissent avec goût et dis-
cernement ce qu’elle offre de plus
beau. La troisième classe, qui est à
la fois la plus élevée , comprend
ceux qui ne se contentent pins de la
nature, qui emploient leur génie à
supprimer dans leurs ouvrages ce
qui , dans les objets de la nature „ ne
peut pas servir à leur but, à n y
choisir que ce qui peut leur conve-
nir, et à créer de ces divers élé—
mens des formes idéales qui leur
sont propres. Mengs , dans ses Ré-
flexions sur la beauté et sur le goût
dans la peinture , avance qu’aucun
des artistes modernes n a pris la
route de la perfection que les an-
ciens Grecs ont tracée. Malgré cela
ou nesauroit guère disconvenir que
Raphaël, Annibal Carrache, et quel-
ques autres grands maîtres aient
cherché à atteindre l’idéal le plus
élevé , du moins dans plusieurs de
leurs ouvrages. Il paroîtque Mengs
a voulu dire seulement qu’aucun des
artistes modernes n’est parvenu en-
core à la grande perfection idéale
où les Grecs étoient arrivés : à cet
égard il ne sera contredit par per-
sonne.
Les Ægyptiens ont élé très-loiu
dans la partie mécanique de l’arl et
dans l’imitation exacte de la nature ,
mais ils ne se sont pas élevés jus-
qu’au beau idéal; les Etrusques ne
sont arrivés au bel art que par leur
communication . avec les Grecs ;
ceux-ci se sont pour ainsi dire
élancés vers le bel'art, en imagi-
nant l’idéal.
Selon Lessing, dans s es. Collée-
tanea , François Lana, jésuile ita-
lien , est le premier qui dans le pro-
drome de sou Magisterium natures
IDE
mêmes , les bonnes ou les mauvai-
ses qualités, on doit se former un
idéal. C’est ce que fait le sculpteur et
le peinlre qui veulent figurer, non
pas la belle Phryné ni la belle Hé-
lène, mais la beauté de la femme
en général, sans y mêler ce qui dé-
pend du caractère personnel. En
général, l’idéal sert à figurer des
idées abstraites d’une manière sen-
sible et avec la plus grande exacti-
tude possible. C’est pourquoi on ne
peut pas toujours donner le nom
d’idéal à toute création de l’imagi-
nation de l’artiste, ni à toute image
composée de différentes beautés em-
pruntées à plusieurs individus , com-
me Zeuxis avoit fait pour peindre
son Hélène. Pour mériter le nom
d’idéal, il faut qu’une figure ex-
prime de la meilleure manière l’idée
de son espèce ou de son genre, sans
y mêler celle de l’individu. C’est
pourquoi l’idéal convient sur-tout
aux statues , et aux figures isolées
en peinture ; parce qu’alors il ne
s’agit pas de donner le portrait exact
des personnes qu’on représenle ,
mais de faite sentir le caractère
qu'elles avoient. Les statues de Ju-
piter, de Neptune, de Plufon , de
Jupon , de Cérés, de Vénus, de
Diaue, de Mercure , de Bacchns ,
ct’Hercüle, de Minerve , d’Adonis ,
d’Antinoiis, etc. etc., ont chacune
un idéal qui leur convient.
L idéal est toujours l’ouvrage du
génie , et souvent le fruit d’un mo-
ment heureux, lorsque les facultés
de lame exaltées par l’enlhousias—
me, se réunissent pour ainsi dire
subitement pour le créer. 11 est pro-
bable qu’il n’y a que les plus grands
génies qui réussissent à créer l’idéal,
lorsque pendant long-temps ils ont
concentré , avec assiduité , toutes
les facultés de leur ame pour rendre
parfaite une'' seule idée. Par rap-
port au génie , on peut diviser les
artistes en trois classes La premiè-
re comprend ceux qui s’attachent
avec fidélité à copier la nature, et
I D É
qui prennent les objels tels qu’ils
les trouvent , sans s’embarrasser du
choix ; tels sont la plupart des pein-
tres de l’école hollandaise et fla-
mande, et ceux de Fancienne école
allemande. ( V. ces mois. ) Dans la
seconde classe se trouvent ceux qui
se tiennent aussi à la nature, mais
qui y choisissent avec goût et dis-
cernement ce qu’elle offre de plus
beau. La troisième classe, qui est à
la fois la plus élevée , comprend
ceux qui ne se contentent pins de la
nature, qui emploient leur génie à
supprimer dans leurs ouvrages ce
qui , dans les objets de la nature „ ne
peut pas servir à leur but, à n y
choisir que ce qui peut leur conve-
nir, et à créer de ces divers élé—
mens des formes idéales qui leur
sont propres. Mengs , dans ses Ré-
flexions sur la beauté et sur le goût
dans la peinture , avance qu’aucun
des artistes modernes n a pris la
route de la perfection que les an-
ciens Grecs ont tracée. Malgré cela
ou nesauroit guère disconvenir que
Raphaël, Annibal Carrache, et quel-
ques autres grands maîtres aient
cherché à atteindre l’idéal le plus
élevé , du moins dans plusieurs de
leurs ouvrages. Il paroîtque Mengs
a voulu dire seulement qu’aucun des
artistes modernes n’est parvenu en-
core à la grande perfection idéale
où les Grecs étoient arrivés : à cet
égard il ne sera contredit par per-
sonne.
Les Ægyptiens ont élé très-loiu
dans la partie mécanique de l’arl et
dans l’imitation exacte de la nature ,
mais ils ne se sont pas élevés jus-
qu’au beau idéal; les Etrusques ne
sont arrivés au bel art que par leur
communication . avec les Grecs ;
ceux-ci se sont pour ainsi dire
élancés vers le bel'art, en imagi-
nant l’idéal.
Selon Lessing, dans s es. Collée-
tanea , François Lana, jésuile ita-
lien , est le premier qui dans le pro-
drome de sou Magisterium natures