ü54 LAI
noître ce qu’il y a de laid dans son
ame.
Il n’y a donc pas de doute que
les bons artistes peuvent employer
le laid dans leurs ouvrages ; mais
cela n’est nullement contraire au
principe qu’ils doivent embellir leur
sujet. Cet axiome n’exclut pas l’au-
tre , pourvu qu’on détermine les
idées d’après la nature et l’essence
des beaux-arts qui consistent évi-
demment à présenter l’objet par le-
quel nous desirons agir sur l’esprit,
de manière que les sens ou l'imagi-
nation puissent le saisir avec viva-
cité dans toute sa clarté et sous son
véritable point de vue. Il est abso-
lument nécessaire qu il captive l’at-
tention et qu’il s’imprime avec faci-
lité et d’une manière sûre dans l’i-
magination. 11 faut donc que cet
objet ne soit ni confus , ni obscur,
ni contradictoire ni absurde , qu’jl
ne présente rien qui rende difficile
à l’imagination l’impression vive
qu’elle doit en recevoir , parce
que dans c.e cas le but de 1 artiste
seroil manqué. L’artiste peut être
considéré comme un orateurqui,par
son discours , veut produire une
certaine impression sur l’esprit de
ses auditeurs. Que cette impression
soit agréable ou désagréable, il faut
que les idées par lesquelles il doit
parvenir à son but se distinguent
par leur clarté,, par leur justesse,
par leur force, parleur ordre, afin
de frapper vivement l’imagination.
Un discours diffus, obscur, en-
nuyeux , des idées vagues et con-
fuses sont toujours contraires au
but de l’orateur , parce que les
auditeurs ne saisissent pas alors ce
qu’il a voulu dire. 11 en résulte que,
même pour exciter des sensations
désagréables, il faut que. l’orateur
parle bien, ou, si l’on veut, que
son discours soit beau. Far - là il
nous oblige à l’écouler, même lors-
qu’il dit des choses désagréables.
En un mot , il faut qu’il sache
attacher *ux images désagréables
LAI
cette perfection æslhéfique à la-
quelle on donne souvent le nom de
beauté. C’est aussi de cette manière
que l’artiste doit traiter les objets
qu’il veut représenter. Il faut qu’il
sache offrir aux yeux les objets
beaux, ainsi que les objets laids ,
de manière à nous obliger de les
saisir et de les concevoir facile-
ment et avec vivacité.
Sur les diiïérensi effets du laid
clans les beaux-arts, on peut con-
sulter la Théorie des Beaux-Arts
( en allemand) par Sulzer au mot
Hœsslich ; le Laocoon de Lks-
sing , dont M. Vanjderboürg a
publié une traduction française ;
Paris , chez Renouard, i 802 , in-8°.
Nous ne saurions assez engager les
artistes à étudier cet excellent ou-
vrage. Lairesse, dans le dix-sep-
tième chapitre du sixième livre de
son Grand livre des Peintres , traite
d-es objets dégradés et mutilés aux-
quels on donne le nom de pittores-
ques. On peut encore consulter sur
l’objet de cet article la neuvième
des Considérations sur la peinture.
par Hagedorn , en allemand.
Laideur ; elle est représentée
sous la figure d’une femme maigre
qui a les yeux petits, la bouche
grande , le front chauve, la gorge
pendante , les mains sèches , les
pieds larges, l’air triste, chagrin,
et sur-tout jaloux.
Lait ( Peinture au ). Ce nou-
veau genre de peinture est dû à
M. Cadet-de-Vaux. H paroît avoir
été ignoré des anciens ; on n’en
trouve du moins aucune trace dans
leurs auteurs. J’observerai seule-
ment , avec M. Darcet , que les
Indiens se servent du lait pour dé-
layer les couleurs dont ils couvrent
les parois de leurs cabanes , et que
peut-être cet usage aura donné la pre-
mière idée de l’emploi de la partie
caseuse seule avec, la partie séreuse ,
pour l’encollage des substances colo-
rantes. 11 faut encore ajouter que
pour la peinture de l'intérieur des
noître ce qu’il y a de laid dans son
ame.
Il n’y a donc pas de doute que
les bons artistes peuvent employer
le laid dans leurs ouvrages ; mais
cela n’est nullement contraire au
principe qu’ils doivent embellir leur
sujet. Cet axiome n’exclut pas l’au-
tre , pourvu qu’on détermine les
idées d’après la nature et l’essence
des beaux-arts qui consistent évi-
demment à présenter l’objet par le-
quel nous desirons agir sur l’esprit,
de manière que les sens ou l'imagi-
nation puissent le saisir avec viva-
cité dans toute sa clarté et sous son
véritable point de vue. Il est abso-
lument nécessaire qu il captive l’at-
tention et qu’il s’imprime avec faci-
lité et d’une manière sûre dans l’i-
magination. 11 faut donc que cet
objet ne soit ni confus , ni obscur,
ni contradictoire ni absurde , qu’jl
ne présente rien qui rende difficile
à l’imagination l’impression vive
qu’elle doit en recevoir , parce
que dans c.e cas le but de 1 artiste
seroil manqué. L’artiste peut être
considéré comme un orateurqui,par
son discours , veut produire une
certaine impression sur l’esprit de
ses auditeurs. Que cette impression
soit agréable ou désagréable, il faut
que les idées par lesquelles il doit
parvenir à son but se distinguent
par leur clarté,, par leur justesse,
par leur force, parleur ordre, afin
de frapper vivement l’imagination.
Un discours diffus, obscur, en-
nuyeux , des idées vagues et con-
fuses sont toujours contraires au
but de l’orateur , parce que les
auditeurs ne saisissent pas alors ce
qu’il a voulu dire. 11 en résulte que,
même pour exciter des sensations
désagréables, il faut que. l’orateur
parle bien, ou, si l’on veut, que
son discours soit beau. Far - là il
nous oblige à l’écouler, même lors-
qu’il dit des choses désagréables.
En un mot , il faut qu’il sache
attacher *ux images désagréables
LAI
cette perfection æslhéfique à la-
quelle on donne souvent le nom de
beauté. C’est aussi de cette manière
que l’artiste doit traiter les objets
qu’il veut représenter. Il faut qu’il
sache offrir aux yeux les objets
beaux, ainsi que les objets laids ,
de manière à nous obliger de les
saisir et de les concevoir facile-
ment et avec vivacité.
Sur les diiïérensi effets du laid
clans les beaux-arts, on peut con-
sulter la Théorie des Beaux-Arts
( en allemand) par Sulzer au mot
Hœsslich ; le Laocoon de Lks-
sing , dont M. Vanjderboürg a
publié une traduction française ;
Paris , chez Renouard, i 802 , in-8°.
Nous ne saurions assez engager les
artistes à étudier cet excellent ou-
vrage. Lairesse, dans le dix-sep-
tième chapitre du sixième livre de
son Grand livre des Peintres , traite
d-es objets dégradés et mutilés aux-
quels on donne le nom de pittores-
ques. On peut encore consulter sur
l’objet de cet article la neuvième
des Considérations sur la peinture.
par Hagedorn , en allemand.
Laideur ; elle est représentée
sous la figure d’une femme maigre
qui a les yeux petits, la bouche
grande , le front chauve, la gorge
pendante , les mains sèches , les
pieds larges, l’air triste, chagrin,
et sur-tout jaloux.
Lait ( Peinture au ). Ce nou-
veau genre de peinture est dû à
M. Cadet-de-Vaux. H paroît avoir
été ignoré des anciens ; on n’en
trouve du moins aucune trace dans
leurs auteurs. J’observerai seule-
ment , avec M. Darcet , que les
Indiens se servent du lait pour dé-
layer les couleurs dont ils couvrent
les parois de leurs cabanes , et que
peut-être cet usage aura donné la pre-
mière idée de l’emploi de la partie
caseuse seule avec, la partie séreuse ,
pour l’encollage des substances colo-
rantes. 11 faut encore ajouter que
pour la peinture de l'intérieur des