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Millin, Aubin L.
Dictionnaire des beaux-arts (Band 2): Dictionnaire des beaux-arts — Paris, 1806 [Cicognara, 2167B]

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https://doi.org/10.11588/diglit.23928#0141
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J E S

i o J

les monumens offerts par la piélé
des fidèles , et principalement sur
ceux de la primitive église. Vofez
les collections d’ARnsomus , Bo-
sius , Buonarroti , Alec ranza ,
Bottari, etc. que nous avons déjà
citées plusieurs fois. Malheureuse-
ment les premiers chrétiens étoienl
pauvres , et lorsque notre religion
fut plus répandue parmi les hom-
mes riches et puissans , l’art avoit
beaucoup dégénéré ; de sorte qu'on
ne trouve point de monument .de
la primitive église qu’on puisse
mettre au nombre des ouvrages du
bel art; ainsi l’idéal du christ, de
la vierge et des saints , celui des
personnages de l’ancien et du nou-
veau testament 11’a pu être créé
qu’après la renaissance des arts , sur
les productions des grands artistes
modernes, et on voit qu’ils ont pris
peu de soin de donner à Jésus-Christ
cette nature divine anthrupomor-
phosée , qui doit être le caractère de
ïafigure d’un dieu qui s’est fait hom-
me pour sauver le genre humain.

Dans la plupart des ouvrages
où le Sauveur du monde est fi-
guré , sa fête a quelque chose d’igno-
ble , elle a moins de caractère et
d’expression que toutes celles du
tableau ; et c’est ainsi que les artistes
semblent être convenus de le re-
présenter. Les Grecs ont donné
une beauté divine à tous les objets
de leur culte , et les artistes chré-
tiens n’ont pas su donner même
une beauté humaine à leur dieu.
Ou doit dire , avec Winckelmann ,
que les sublimes conceptions des
anciens auroient dû faire naître aux
modernes , lorsqu’ils ont eu à traiter
la figure du christ , l’idée de l’ac-
corder avec les prophéties qui l’an-
noncent. comme le plus beau parmi
les enfans des hommes. Mais dans
la plupart de ces figures , à com-
mencer par celle de Michel-Ange,
l’idée paroit empruntée des pro-
ductions barbares du moyen âge:
on ne peut rien voir de plus ignoble

J É S

en physionomie que les airs de tète
du christ. Raphaël a eu des concep-
tions plus élevées. C’est ce qu’on
renias que sur-tout dans un petit
dessin qui se trouvoit au cabinet
Famés,e à Naples , et qui représente
le christ porté en terre : la tête offre
la beauté d’un jeune homme sans
barbe. Annibal Carrache est à-peu-
près le seul qui ail suivi Raphaël ,
comme ou en peut juger par trois
tableaux représentant le même su-
jet : le premier se voyoil au cabinet
Farnèse; le second, à Rome , à San
Francesco a Ripa ; elle troisième,
dans la même ville, au palais Pan-
fili. Cependant si on regardoil com-
me une innovation choquante de
représenter le christ imberbe , l’ar-
tiste qui voudroit lui donner de la
barbe, devroit contempler et pren-
dre pour .modèle le christ de Léo-
nard de Vinci. Selon Wiuckel-
marm', il n’est rien de plus beau
dans ce genre qu’une tête de Jésus
de la main de ce maître. Celte tète
admirable se trouvoit dans le cabi-
net du prince de Lichtenstein à
Vienne relie est barbue , mais elle
porte l’empreinte de la plus grande
beauté virile , et on peut la recom-
mander comme le plus parfait mo-
dèle. Les artistes paroissent en gé-
néral avoir plus réussi à représenter
Jésus dans la première enfance,
qu’à le figurer dans la virilité, parce
que les premiers traits de 1 enfance
ne peuvent exiger l’idéal qui con-
vient au christ dans la virilité ; les
tableaux délicieuxde Raphaël qui re-
présentent la Sainte - Famille , le
sommeil de Jésus , la Vierge et la
Charité, sont des modèles pour ce
genre de composition. Les anciens
artistes ont donné au christ une tu-
nique avec une bordure Relava) de
pourpre et quelquefois d’or; mais
ceux qui l’ont faite d’or se sont éloi-
gnés des roules ordinaires , parce
qu’ils ont cru honorer ainsi l’image
du Sauveur ; on lui donne encore
un ample manteau blanc , symbole
 
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