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Niebuhr, Carsten
Description de l'Arabie: faite sur les observations propres et des avis recueillis dans les lieux mêmes — Amsterdam, 1774 [Cicognara, 2539A]

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https://doi.org/10.11588/diglit.5545#0296
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LE PAYS D'YEMEN.

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présent sa ruse & sa valeur font qu'il est redoutable à ses voisins & même aux
états éloignés. Il n'y a pas longtemps qu'il passa par Hafclid u Bekîl avec divers
détachemens, qu'il pénétra jusques dans les états de Ylmâm & s'empara tout à coup
du petit pays de Sasân, dont Ylmâm n'a pu reprendre jusques à ce jour la plus
forte citadelle située sur une montagne (p. 217.) Pendant l'hyver de 1762. à
1763. il Vint jusques à Abu àrîsch & battit l'armée du Scberis Mohâmmed près de sa
résidence, comme nous l'avons dit p. 231. Sur la fin de 1753. ou en 1764. il
étoit déjà entré avec ses partisans dans la province de Lâch/a, ayant ainsi fait passer
en peu de temps son armée par l'Arabie entière depuis le golfe d'Arabie au golfe
persïque, même par des pays étrangers, ce qui seroit impossible sélon la manière
dont on fait la guerre en Europe. Mais les armées arabes ne prennent avec elles ni
canons, ni beaucoup de tentes ; le peu de vivres & de munitions qu'elles ont, se
transporte sur des chameaux, & leurs soldats prèsque nuds ou très-légéreraerjt vêtus
ne sont pas accablés par les armes.
Ce Scbecb Mèkkrami pafîc en Arabie pour un brave Officier & pour cé.lé*
bre Théologien. Il a sur la religion de tout autres idées que les Zèidites & les
SùnniUs. Les Arabes disoient, qu'il avoit trouvé le moyen de mettre le ciel à
profit dès ce monde ; car, pour me servir de leur expression, il vend le Paradis
à l'aune, c. à d. que sélon qu'on paye il assigne dans le ciel une place plus grande,
ou plus petite *)« Les gens Amples & supcrstitieux parmi les Arabes achètent de lui
& de ses commis de ces billets pour le ciel & d'autres amuletes disant, que cepasse-
port ne sauroit nuire, si même il étoit inutile. En attendant ils espèrent beaucoup, au
cas que Dieu ait réellement accordé à Mèkkrami la permission de distribuer le ciel.
On lui attribue encore le pouvoir d'obtenir de la pluye. Quand il y a sécherelTe,
il indique un jour de jeune, auquel tous ceux qui veulent suivre la proceffîon que
l'on fait hors de la ville, comme chez les autres Arabes, doivent paroiGte humiliés,
3 sans

*) J'entendis dire à Maskât & à Bàsra, qu'un autre qui de même se disoit Maho.
métan, se servoit déjà en Kirmân de cet artisice & avoit gagné beaucoup d'ar-
gent. Peut êcre que les Européens pourroient disputer aux Mahométans la
gloire de l'invention.
 
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