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https://doi.org/10.11588/diglit.5545#0363
LA PROVINCE DE NEDSJEÏ). 301
qu'Abd ni wàbbeb avoit enseigné à ses disciples, que Dieu seul devoît être invoqué
& adoré comme le créateur & le directeur de toutes choses ; qu'il leur avoit dé-
fendu de faire mention dans leurs prières du nom de Mobàmmed^ ou de quelqu'air-
tre saint & prophète, ni ensin de lui-même; parceque cela pou voit mener à l'ido-
lâtrie; qu'il avoit regardé Mohâmmed, Jefus-Cbrist> Moï/è & une infinité d'autres
que les Sunnites rangent au nombre des prophètes, comme de grands hommes, &
comme des personnes respcétables dont on pouvoit lire & entendre les aclions sans
commettre de péché; mais qu'il ne croyoit pas, que jamais livre eut été écrit par
ihspiration divine, ou par l'ange Gabriel. Je ne sais pas jusques ou l'on peut comp-
ter sur le rapport de cet Arabe, car les Bédouins se disent bien Mahûmétans, mais
ils ne s'èmbarrassent ordinairement ni de Mohàmmed', ni du Koran; & je me per-
suade, que mon Schecb avoit lui-même ces sentimens. Abd ul wâbkb doit avoir
regardé comme un crime, Il quelqu'un dans un péril éminent fait un voeu de don-
ner quelque chose aux pauvres au cas qu'il en échappe heureusement. Par contre
ses voisins les Sunnites sont extraordinairement dévots dans les dangers; plusieurs
d'entr'eux s'engagent alors à faire des aumônes considérables & sont fort exacts à-
remplir leurs promefîès. L'on dit, qu'Abd' ul'zvâhheb avoit donné permission de tuer
l'aggresseur, sans attendre d'y être autorisé par la justice; peut-être que les parens-
d'un homme tué ont feuls le droit de vanger le sang du mort sur le meurtrier, ou
sur quelqu'un de sa famille:
Après la mort à!'Abd ul wàbbeb ^ son fils Molàmmed suivit lès traces de
son père & il est aujourd'hui le Pape en El âred. Il est regardé comme urr Ecclé-
si'astique, & les petits états de ce pays sont à la vérité encore gouvernés par leurs-
Scbechs quant au nom & à l'apparence ; mais Mohammed ibn Abd ul wâbheb en est
le véritable chef.' U exige de tous les sujets de certains tributs sous le nom de
Sikka, ou d'aide, pour entretenir les pauvres, & pour soutenir sa religion contre
ceux qu'il nomme incrédules.. Les Sunnites qui sont fi opiniâtres, qu'ils ne veu-
lent point abandonner, la religion de leurs ancêtres, sont tellement opprimés par lui
& par ses settateurs, que plusieurs d'entr'eux ont quité leur patrie , pour cher-
cher ailleurs leur liberté & leur sûreté.. Dans le bourg de Zobeir^ qui" est bâti à
la. même place ou étoit le vieux Bàsra, distant d'une lieue & demie ou de deur
P P 3: lieues
qu'Abd ni wàbbeb avoit enseigné à ses disciples, que Dieu seul devoît être invoqué
& adoré comme le créateur & le directeur de toutes choses ; qu'il leur avoit dé-
fendu de faire mention dans leurs prières du nom de Mobàmmed^ ou de quelqu'air-
tre saint & prophète, ni ensin de lui-même; parceque cela pou voit mener à l'ido-
lâtrie; qu'il avoit regardé Mohâmmed, Jefus-Cbrist> Moï/è & une infinité d'autres
que les Sunnites rangent au nombre des prophètes, comme de grands hommes, &
comme des personnes respcétables dont on pouvoit lire & entendre les aclions sans
commettre de péché; mais qu'il ne croyoit pas, que jamais livre eut été écrit par
ihspiration divine, ou par l'ange Gabriel. Je ne sais pas jusques ou l'on peut comp-
ter sur le rapport de cet Arabe, car les Bédouins se disent bien Mahûmétans, mais
ils ne s'èmbarrassent ordinairement ni de Mohàmmed', ni du Koran; & je me per-
suade, que mon Schecb avoit lui-même ces sentimens. Abd ul wâbkb doit avoir
regardé comme un crime, Il quelqu'un dans un péril éminent fait un voeu de don-
ner quelque chose aux pauvres au cas qu'il en échappe heureusement. Par contre
ses voisins les Sunnites sont extraordinairement dévots dans les dangers; plusieurs
d'entr'eux s'engagent alors à faire des aumônes considérables & sont fort exacts à-
remplir leurs promefîès. L'on dit, qu'Abd' ul'zvâhheb avoit donné permission de tuer
l'aggresseur, sans attendre d'y être autorisé par la justice; peut-être que les parens-
d'un homme tué ont feuls le droit de vanger le sang du mort sur le meurtrier, ou
sur quelqu'un de sa famille:
Après la mort à!'Abd ul wàbbeb ^ son fils Molàmmed suivit lès traces de
son père & il est aujourd'hui le Pape en El âred. Il est regardé comme urr Ecclé-
si'astique, & les petits états de ce pays sont à la vérité encore gouvernés par leurs-
Scbechs quant au nom & à l'apparence ; mais Mohammed ibn Abd ul wâbheb en est
le véritable chef.' U exige de tous les sujets de certains tributs sous le nom de
Sikka, ou d'aide, pour entretenir les pauvres, & pour soutenir sa religion contre
ceux qu'il nomme incrédules.. Les Sunnites qui sont fi opiniâtres, qu'ils ne veu-
lent point abandonner, la religion de leurs ancêtres, sont tellement opprimés par lui
& par ses settateurs, que plusieurs d'entr'eux ont quité leur patrie , pour cher-
cher ailleurs leur liberté & leur sûreté.. Dans le bourg de Zobeir^ qui" est bâti à
la. même place ou étoit le vieux Bàsra, distant d'une lieue & demie ou de deur
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