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SATURNE.
aujourd’hui de S. ADRIEN,
l’endroit ou l’on a bâti ce Temple, il n’y avoit d’abord qu’un Autel, qui avoit été
drelîë à l’honeur de Saturne, avant que Romulus fut au Monde. Mais Tullus Hos-
tilius l’enferma dans l’enclos d’un beau Temple, qu’il voulut consacrer au même Sa-
turne , qui passoit pour le Dieu tutelaire des Richesses. Il paroit de là que les Ouvra-
ges les plus magnifiques ont eu quelquefois de très petits commencemens. On peut
dire ceci en général de tous les Edifices publics, & des Temples des Dieux qu’on voioit
à Rome ; ils n’étoient d’abord compofez que de boue, de paille & de bois ; mais à mesure que les Ro-
mains s’enrichirent, on en fit de toute sorte de pierres & du Marbre le plus exquis. De là vient que
les anciennes Médailles reprélëntent ces Edifices, comme de méchantes petites Cabanes, où il n’y
avoit ni symmetrie, ni beauté ; & que les Historiens, qui sont venus ensuite, nous les dépeignent
comme de magnifiques Bâtimens.
Les Antiquaires croient, que le Temple de Saturne étoit voisin de celui de la Concorde-, & dans
le même endroit, où l’on voit aujourd’hui PEglise de S. Adrien. Cette Opinion paroit fondée sur le té-
moignage des anciens Auteurs. Servius (apud Donatum Lib. IL cap. 14.) dit, que les Os d'Orefte furent
portez d1 Aride à Rome, & inhumez devant le Temple de Saturne, qui efi, ajoute-t-il, devant le Mont Ca-
pitolin.
Quelques uns prétendent que Tatius le bâtît, & que Tullus Hostilius le consiera. Mais Solin n’est
pas de cet avis : [cap. 11.) Les Compagnons d’Hercule, dit-il, bâtirent ce Temple, qui renfermoit le Tréjor
de Saturne. Macrobe nous enlèigne, (Lib. I. Saturn. cap. 8.) que Tullus Hostilius dédia ce Temple, qu’il
avoit voué à Saturne, après avoir triomphé deux fois des Albains, &pour la troisieme des Sabins; & que
les Saturnales étoient alors instituées à Rome. Aulu-Gelle, à ce que le même Auteur nous dit, allu-
re, qu’il lut bâti par un Decret du Sénat, & que Lucius Furius, Tribun Militaire, eut inspeêtion sur
cet ouvrage. D’un autre côté, Tite Live pôle, (Lib. II. cap. 21.) qu’il fut conlàcré sous le Consulat de
Sempronius& de Minutius. Enfin Plutarque raporte, dans la Vie de ce Romain (circamed.) que
Publicola mit le ’l réfor public dans le Temple de Saturne, qui, dit-il, fubsifle encore.
Il est certain que tout l’argent, qu’011 droit du revenu des Provinces, ou du Tribut, étoit gardé
dans ce Temple, & qu’il y avoit un endroit fort caché, qu’on nommoit leTréforJacré, dont Cicéron
parle (Lib. VIL ad Attic. Epi fl. 20.) C’est là qu’elle gardoit l'Or, apellé Vicejimaire, auquel le Sénat
ne touchoit qu’à la derniere extrémité. Tite Live raconte, (Lib. XXVII. cap. 12. & XLI. 28.) qu’Ap-
pms Claude Centon, après avoir triomphé des Celtiberes, par une fimple Ovation, porta dans le Tréjor pu-
blic mille Livres pefant d'Argent, & cinq mille Livres dé Or.
On dit que sous le Régné de Saturne, il ne le commettoit aucun vol; qu’on oblèrvoit la Justice &
la bonne foi; que les Particuliers ne polsèdoient rien en propre, & que c’est pour cela qu’on gardoit le
Trésor public dans le Temple de Saturne, comme Festus & Macrobe le témoignent. S. Cyprien ajoute,
(T”ratd. IV. de Idolor. vanit.fub init.) que Saturne lut le premier quifitde l’Argent monnoié en Italie, &
que le Trésor Public s’apelloit pour cette raison le Tréjor de Saturne.
On gardoit aussi dans ce Temple les Aétes & les Comptes publics. De là vient que Suetone dit dans
la Vie d’Auguste, (cap. 3 2.) Que Cefar fit brûler tous les A Ses enfermez dans P ancien Tréjor public, &
qui fournijfoient la principale matière aux calomnies des Débiteurs.
Tite Live nousaprend, (Lib. IV. cap. 22.) qu’on ymettoit aulsi les Enfeignes militaires. On tire,
dit-il, les Enfeignes du Tréfor public, & on les porte chez le Dictateur. Les Drapeaux qui servoient à
l’Infanterie étoient couleur de rose, avec cette Inscription , S. P. Q^ R., c’est-à-dire, Le Sénat & le
Peuple Romain ; & les Etendarts pour la Cavalerie étoient de couleur bleue ; parce que Neptune, le
Dieu delà Mer, dont les eaux sont bleuâtres, avoit trouvé les Chevaux, à ce que la Fable nous raconte.
Tome 1. A a On
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SATURNE.
aujourd’hui de S. ADRIEN,
l’endroit ou l’on a bâti ce Temple, il n’y avoit d’abord qu’un Autel, qui avoit été
drelîë à l’honeur de Saturne, avant que Romulus fut au Monde. Mais Tullus Hos-
tilius l’enferma dans l’enclos d’un beau Temple, qu’il voulut consacrer au même Sa-
turne , qui passoit pour le Dieu tutelaire des Richesses. Il paroit de là que les Ouvra-
ges les plus magnifiques ont eu quelquefois de très petits commencemens. On peut
dire ceci en général de tous les Edifices publics, & des Temples des Dieux qu’on voioit
à Rome ; ils n’étoient d’abord compofez que de boue, de paille & de bois ; mais à mesure que les Ro-
mains s’enrichirent, on en fit de toute sorte de pierres & du Marbre le plus exquis. De là vient que
les anciennes Médailles reprélëntent ces Edifices, comme de méchantes petites Cabanes, où il n’y
avoit ni symmetrie, ni beauté ; & que les Historiens, qui sont venus ensuite, nous les dépeignent
comme de magnifiques Bâtimens.
Les Antiquaires croient, que le Temple de Saturne étoit voisin de celui de la Concorde-, & dans
le même endroit, où l’on voit aujourd’hui PEglise de S. Adrien. Cette Opinion paroit fondée sur le té-
moignage des anciens Auteurs. Servius (apud Donatum Lib. IL cap. 14.) dit, que les Os d'Orefte furent
portez d1 Aride à Rome, & inhumez devant le Temple de Saturne, qui efi, ajoute-t-il, devant le Mont Ca-
pitolin.
Quelques uns prétendent que Tatius le bâtît, & que Tullus Hostilius le consiera. Mais Solin n’est
pas de cet avis : [cap. 11.) Les Compagnons d’Hercule, dit-il, bâtirent ce Temple, qui renfermoit le Tréjor
de Saturne. Macrobe nous enlèigne, (Lib. I. Saturn. cap. 8.) que Tullus Hostilius dédia ce Temple, qu’il
avoit voué à Saturne, après avoir triomphé deux fois des Albains, &pour la troisieme des Sabins; & que
les Saturnales étoient alors instituées à Rome. Aulu-Gelle, à ce que le même Auteur nous dit, allu-
re, qu’il lut bâti par un Decret du Sénat, & que Lucius Furius, Tribun Militaire, eut inspeêtion sur
cet ouvrage. D’un autre côté, Tite Live pôle, (Lib. II. cap. 21.) qu’il fut conlàcré sous le Consulat de
Sempronius& de Minutius. Enfin Plutarque raporte, dans la Vie de ce Romain (circamed.) que
Publicola mit le ’l réfor public dans le Temple de Saturne, qui, dit-il, fubsifle encore.
Il est certain que tout l’argent, qu’011 droit du revenu des Provinces, ou du Tribut, étoit gardé
dans ce Temple, & qu’il y avoit un endroit fort caché, qu’on nommoit leTréforJacré, dont Cicéron
parle (Lib. VIL ad Attic. Epi fl. 20.) C’est là qu’elle gardoit l'Or, apellé Vicejimaire, auquel le Sénat
ne touchoit qu’à la derniere extrémité. Tite Live raconte, (Lib. XXVII. cap. 12. & XLI. 28.) qu’Ap-
pms Claude Centon, après avoir triomphé des Celtiberes, par une fimple Ovation, porta dans le Tréjor pu-
blic mille Livres pefant d'Argent, & cinq mille Livres dé Or.
On dit que sous le Régné de Saturne, il ne le commettoit aucun vol; qu’on oblèrvoit la Justice &
la bonne foi; que les Particuliers ne polsèdoient rien en propre, & que c’est pour cela qu’on gardoit le
Trésor public dans le Temple de Saturne, comme Festus & Macrobe le témoignent. S. Cyprien ajoute,
(T”ratd. IV. de Idolor. vanit.fub init.) que Saturne lut le premier quifitde l’Argent monnoié en Italie, &
que le Trésor Public s’apelloit pour cette raison le Tréjor de Saturne.
On gardoit aussi dans ce Temple les Aétes & les Comptes publics. De là vient que Suetone dit dans
la Vie d’Auguste, (cap. 3 2.) Que Cefar fit brûler tous les A Ses enfermez dans P ancien Tréjor public, &
qui fournijfoient la principale matière aux calomnies des Débiteurs.
Tite Live nousaprend, (Lib. IV. cap. 22.) qu’on ymettoit aulsi les Enfeignes militaires. On tire,
dit-il, les Enfeignes du Tréfor public, & on les porte chez le Dictateur. Les Drapeaux qui servoient à
l’Infanterie étoient couleur de rose, avec cette Inscription , S. P. Q^ R., c’est-à-dire, Le Sénat & le
Peuple Romain ; & les Etendarts pour la Cavalerie étoient de couleur bleue ; parce que Neptune, le
Dieu delà Mer, dont les eaux sont bleuâtres, avoit trouvé les Chevaux, à ce que la Fable nous raconte.
Tome 1. A a On