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Picart, Bernard [Editor]
Cérémonies Et Coutumes Religieuses De Tous Les Peuples Du Monde: Représentées par des Figures, dessinées & gravées par Bernard Picard, & autres habiles artistes. Ouvrage qui comprend l'histoire philosophique de la Religion des Nations des deux hémispheres ; telles que celle des Brames, des Peguans, des Chinois, des Japonois, des Thibetins, & celle des différens Peuples qui habitent l'Asie & les Isles de l'Archipélague Indien ; celle des Mexicains, des Péruviens des Brésiliens, des Groënlandois, des Lapons, des Caffres, de tous les peuples de la Nigritie, de l'Ethiopie & du Monomotapa ; celle des juifs, tant anciens que modernes, celle des musulmans & des différentes Sectes qui la composent ; enfin celle des Chrétiens & de cette multitude de branches dans lesquelles elle est subdivisée par une société de gens de lettres (Band 1) — Amsterdam, Paris, 1783

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https://doi.org/10.11588/diglit.9743#0120
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ïio CÉRÉMONIES
témoignoient pour les chats ou pour les crocodiles. La loi défend, sous
les peines les plus graves, de faire aucun mal à ces animaux sacrés ;
ausîi sont-ils ausïï communs dans les villes du Japon que les animaux
domestiques. S'il arrive qu'un cerf reçoive quelque blessure mortelle,
sans que l'on connoi/Te l'auteur d'un tel sacrilege, on punit , sans
miséricorde , tous les habitans de la rue où l'attentat a été commis,
par la connseation de leurs biens. Toutes les maisons sont démolies de
fond en comble , & les propriétaires forcés d'aller chercher un asyle
ailleurs.
Le chien, û révéré au Monomotapa , le chien dont on asTure que les
anciens rois d'Ethiopie se glorifioient de tirer leur origine, partage aulîî
les hommages des dévots japonois : cette superstition est beaucoup plus
moderne que celle qui a le cerf pour objet. Un empereur du Japon ,
qui étoit né sous le signe auquel les japonois donnent le nom de chien,
ordonna à tous ses sujets de relpecler ces animaux. Ce prince, roi d'un
peuple formé au plus deshonorant despotisme, voulut que, dans cha-
que rue, il y eût une loge où un certain nombre de chiens fussent nour-
ris Se soignés pendant leurs maladies , Se que tous les habitans de la rue
contribuaient à leur entretien. Depuis le règne de cet empereur, per-
sonne n'oseroit, au Japon , tuer un chien, ni même lui donner le moin-
dre coup. Il
encore ne doit-il le faire qu'à propos. Après la mort d'un chien , on
porte religieusement son corps sur une montagne voiiine; Se là on lui
rend les derniers devoirs. Cet usage, qui peint seul ce que peut l'abus
du pouvoir sur un peuple craintif, puiillanime & dégénéré, a donné
lieu à une plaisanterie très-fine d'un japonois. Il accompagnoit un de ces
hommes, qui, pour se conformer à l'ordonnance, portoit sur une col-
line, le corps d'un chien mort, Se qui murmuroit beaucoup de la peine
qu'il étoit obligé de prendre pour un vil animal. « Ne t'afflige pas, lui
» dit le japonois, Se rends plutôt grâces à l'être suprême , qui n'a pas
» permis que l'empereur naquît sous le ligne du cheval : nous eulTions
y) été condamnés à supporter un fardeau bien plus lourd ». Race des
mortels, quelles profanations ! quels sacrileges on commet , sous pré-
texte de veiller à ton bonheur ! quel mépris outrageant te témoignent
ceux que tu as choisis pour tes protecteurs l
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