12.6 CÉRÉMONIES
la peau devient fort belle : on la prendrait pour un satin noir à fleurs ;
cette consécration qui place ces jeunes filles au rang des bétas , les
rend respeétables aux yeux des nègres , & leur asTurent la jouisiance
de tous les privilèges ^attribués à l'ordre sacerdotal.
Les prêtresses, après avoir obligé ces jeunes initiées à garder le se-
cret des mysteres qu'on leur a révélés, saiiilTent l'occasion de quelques
nuits fort obscures pour les reconduire dans leur famille. Elles les lais-
sent à la porte avec ordre d'appeller leurs parens, qui, après les avoir
reçues avec joie, n'oublient pas d'aller rendre grâce au serpent de l'hon-
neur qu'il a fait à leur famille. Quelques jours après , les vieilles ma-
trones viennent demander le prix du logement & de l'entretien de leurs
élevés. La piété ne permet pas d'c«iger bàacaûè diminution ; & si un
pere avare essayoit de sséchir sur cela la cupidité des bétas , il tu semit
puni en voyant doubler ou tripler le montant des sommes qu'il de-
vroit. Ces contributions sont divisées en trois portions, dont l'une ap-
partient au grand sacrificateur , l'autre aux prêtres, & la dernière aux
prêtresTes.
Les jeunes filles rentrent ensiiite dans Tordre de leur famille avec la
liberté de retourner quelquefois au lieu de leur consécration pour y
répéter les inslruétions qu'elles y ont reçues. Lorsqu'elies deviennent
nubiles, on célèbre la cérémonie de leur mariage avec le serpent. Les
parens, fiers d'une si noble alliance , les décorent des plus riches parures :
on les mené au temple, où, dès la nuit suivante , elles sont condui-
tes dans un caveau bien voûté où se célèbre le mariage. Si l'on en croit
Bosman, ce sont des prêtres qui se chargent de les épouser par procu-;
ration du serpent, & qui consomment le mariage en mémoire de ce sa-
cré reptile. Pendant que le mystere s'accomplit, continue cet écri-
vain , les autres prêtresfes dansent & chantent au son des instrumens ;
mais trop loin du caveau pour entendre ce qui s'y pasïe. Une heure
après , on rappelle les nouvelles épousées sous le nom de femmes du
grand ferpent , qu'elles continuent de porter toute leur vie. Le jour
jsuivant on les reconduit dans leur famille ; Se dès-lors elles partici-
pent à toutes les offrandes faites au serpent leur mari.
Quoique les nègres de Juida ne soient ni juifs ni mahométans, l'usage
de la circoncision des enfans est cependant établi chez eux, sans que
les habitans puissent en apporter d'autre raison que l'exemple de leurs
ancêtres t'aussi n'y paroît-il aucune cérémonie religieuse. Quelquefois
on soumet des filles à cette opération sanglante : elle se fait d'ailleurs
la peau devient fort belle : on la prendrait pour un satin noir à fleurs ;
cette consécration qui place ces jeunes filles au rang des bétas , les
rend respeétables aux yeux des nègres , & leur asTurent la jouisiance
de tous les privilèges ^attribués à l'ordre sacerdotal.
Les prêtresses, après avoir obligé ces jeunes initiées à garder le se-
cret des mysteres qu'on leur a révélés, saiiilTent l'occasion de quelques
nuits fort obscures pour les reconduire dans leur famille. Elles les lais-
sent à la porte avec ordre d'appeller leurs parens, qui, après les avoir
reçues avec joie, n'oublient pas d'aller rendre grâce au serpent de l'hon-
neur qu'il a fait à leur famille. Quelques jours après , les vieilles ma-
trones viennent demander le prix du logement & de l'entretien de leurs
élevés. La piété ne permet pas d'c«iger bàacaûè diminution ; & si un
pere avare essayoit de sséchir sur cela la cupidité des bétas , il tu semit
puni en voyant doubler ou tripler le montant des sommes qu'il de-
vroit. Ces contributions sont divisées en trois portions, dont l'une ap-
partient au grand sacrificateur , l'autre aux prêtres, & la dernière aux
prêtresTes.
Les jeunes filles rentrent ensiiite dans Tordre de leur famille avec la
liberté de retourner quelquefois au lieu de leur consécration pour y
répéter les inslruétions qu'elles y ont reçues. Lorsqu'elies deviennent
nubiles, on célèbre la cérémonie de leur mariage avec le serpent. Les
parens, fiers d'une si noble alliance , les décorent des plus riches parures :
on les mené au temple, où, dès la nuit suivante , elles sont condui-
tes dans un caveau bien voûté où se célèbre le mariage. Si l'on en croit
Bosman, ce sont des prêtres qui se chargent de les épouser par procu-;
ration du serpent, & qui consomment le mariage en mémoire de ce sa-
cré reptile. Pendant que le mystere s'accomplit, continue cet écri-
vain , les autres prêtresfes dansent & chantent au son des instrumens ;
mais trop loin du caveau pour entendre ce qui s'y pasïe. Une heure
après , on rappelle les nouvelles épousées sous le nom de femmes du
grand ferpent , qu'elles continuent de porter toute leur vie. Le jour
jsuivant on les reconduit dans leur famille ; Se dès-lors elles partici-
pent à toutes les offrandes faites au serpent leur mari.
Quoique les nègres de Juida ne soient ni juifs ni mahométans, l'usage
de la circoncision des enfans est cependant établi chez eux, sans que
les habitans puissent en apporter d'autre raison que l'exemple de leurs
ancêtres t'aussi n'y paroît-il aucune cérémonie religieuse. Quelquefois
on soumet des filles à cette opération sanglante : elle se fait d'ailleurs