174 L. SPELEERS. [17]
nous que les Hittites W de l'époque d'El-Amarna étaient non seulement les convoyeurs
de chevaux et de chars en Syrie et en Egypte, mais qu'ils y importaient encore du
fer. On peut dès lors se demander si le fer n'entrait pas dans la fabrication du char.
Tout porte à croire que la Syrie, pays morcelé et accidenté, n'a pas inventé le char;
que celui-ci s'y est donc implanté et qu'il fut importé de là en Egypte par l'intermé-
diaire soit des Mésopotamiens, soit des Hittites. Or, en Sumer, le char était employé
avant 2860 ® et il est vraisemblable qu'il l'a été dès le 3e et au 20 millénaire en
Mésopotamie, cette contrée étant le prolongement de la Baby-
lonie. Aussi, quelques gravures syro-hittites, antérieures au Nou-
vel Empire égyptien, montrent-elles le véhicule traîné par un
cheval, comme celle du sceau W dont le croquis figure ci-contre :
par sa forme et sa gravure, ce cachet appartiendrait à la pre-
mière période de la glyptique syro-hittite, c'est-à-dire entre
3000 et 1560, avant l'époque où apparaissent les chars dans l'art
égyptien.
Les Hittites mêmes ont représenté le char de guerre et le char de chasse à Malatia
(planche, fig. 8) et à Chaînai'5) sur des sculptures pouvant dater du xvie au xve siècle
de par leur exécution primitive, leur style barbare, leur conception enfantine.
§ ââ. Constatons, en outre, que ces sujets de chasse hittites sont identiques à ceux
que nous connaissons déjà : l'archer est debout à côté du cocher et tire des flèches
dans la direction des lions et des cerfs; le lion se redresse et se retourne en partie
de face, ouvrant ses pattes et ses griffes, dressant la queue, — comme les Assyriens
le représenteront plusieurs siècles après eux. Sous le cheval cabré s'étend un animal.
Ce dernier motif orne également le cachet syro-hittite précité.
D'autres motifs de Chaînai(5' montrent des chasseurs poursuivant leur proie; ils
sont à pied ou à cheval, armés de la lance, de l'arc et du bouclier; parmi les ani-
maux on distingue des lions, des lépidés, des cervidés.
Piien n'empêche d'admettre, jusqu'à preuve du contraire, que les Assyriens se soient
inspirés des thèmes semblables, sinon identiques, de Chamal et de Malatia.
Quoi qu'il en soit, le char vient de la Mésopotamie ou de la Cappadoce. Ici, il fait
partie du répertoire non seulement de la sculpture, mais encore de la glyptique
sumer-accadienne et syro-hittite à partir du 3e millénaire. On peut en conclure que
(1) Knudtzon, Die Tell el Amavna Tafeln, Vorderasiatische Bibliothek, t. 2, p. 101g.
(5) Heuzey, Tuuread-Dangin, La restitution matérielle de la Stèle des Vautours, pl. II — cf. les pierres gra-
vées sumer-accadiennes montrant le char.
p) Cf. Contenau, La Glyptique syro-hittite, 1922, pl. XII, n° 73, p. 96.
w Cl. 3747; cf. cl. 3748.
(5) Mitteilungen aus der Orient. Sammlungen, Berlin, l. 11-1 4 —• Ausgrabungen in Sindjirli, pl. 34 , 37, 44.
nous que les Hittites W de l'époque d'El-Amarna étaient non seulement les convoyeurs
de chevaux et de chars en Syrie et en Egypte, mais qu'ils y importaient encore du
fer. On peut dès lors se demander si le fer n'entrait pas dans la fabrication du char.
Tout porte à croire que la Syrie, pays morcelé et accidenté, n'a pas inventé le char;
que celui-ci s'y est donc implanté et qu'il fut importé de là en Egypte par l'intermé-
diaire soit des Mésopotamiens, soit des Hittites. Or, en Sumer, le char était employé
avant 2860 ® et il est vraisemblable qu'il l'a été dès le 3e et au 20 millénaire en
Mésopotamie, cette contrée étant le prolongement de la Baby-
lonie. Aussi, quelques gravures syro-hittites, antérieures au Nou-
vel Empire égyptien, montrent-elles le véhicule traîné par un
cheval, comme celle du sceau W dont le croquis figure ci-contre :
par sa forme et sa gravure, ce cachet appartiendrait à la pre-
mière période de la glyptique syro-hittite, c'est-à-dire entre
3000 et 1560, avant l'époque où apparaissent les chars dans l'art
égyptien.
Les Hittites mêmes ont représenté le char de guerre et le char de chasse à Malatia
(planche, fig. 8) et à Chaînai'5) sur des sculptures pouvant dater du xvie au xve siècle
de par leur exécution primitive, leur style barbare, leur conception enfantine.
§ ââ. Constatons, en outre, que ces sujets de chasse hittites sont identiques à ceux
que nous connaissons déjà : l'archer est debout à côté du cocher et tire des flèches
dans la direction des lions et des cerfs; le lion se redresse et se retourne en partie
de face, ouvrant ses pattes et ses griffes, dressant la queue, — comme les Assyriens
le représenteront plusieurs siècles après eux. Sous le cheval cabré s'étend un animal.
Ce dernier motif orne également le cachet syro-hittite précité.
D'autres motifs de Chaînai(5' montrent des chasseurs poursuivant leur proie; ils
sont à pied ou à cheval, armés de la lance, de l'arc et du bouclier; parmi les ani-
maux on distingue des lions, des lépidés, des cervidés.
Piien n'empêche d'admettre, jusqu'à preuve du contraire, que les Assyriens se soient
inspirés des thèmes semblables, sinon identiques, de Chamal et de Malatia.
Quoi qu'il en soit, le char vient de la Mésopotamie ou de la Cappadoce. Ici, il fait
partie du répertoire non seulement de la sculpture, mais encore de la glyptique
sumer-accadienne et syro-hittite à partir du 3e millénaire. On peut en conclure que
(1) Knudtzon, Die Tell el Amavna Tafeln, Vorderasiatische Bibliothek, t. 2, p. 101g.
(5) Heuzey, Tuuread-Dangin, La restitution matérielle de la Stèle des Vautours, pl. II — cf. les pierres gra-
vées sumer-accadiennes montrant le char.
p) Cf. Contenau, La Glyptique syro-hittite, 1922, pl. XII, n° 73, p. 96.
w Cl. 3747; cf. cl. 3748.
(5) Mitteilungen aus der Orient. Sammlungen, Berlin, l. 11-1 4 —• Ausgrabungen in Sindjirli, pl. 34 , 37, 44.