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Revue égyptologique — 7.1896

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Nr. 3
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Revillout, Victor: Deux anciennes lois du pays d'Accad
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https://doi.org/10.11588/diglit.11579#0117

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Deux anciennes lois d'Accad.

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taux légal était de 20 pour 100, une unité divisionnaire (dou, darag mana ou sekel) par mine.
Or c'est encore le même intérêt qui est toujours bien longtemps après stipulé dans les nom-
breux actes babyloniens que nous avons vus. Dans le pays d'Accad, c'est-à-dire dans la région
de Babylone, il semble qu'on a toujours gardé une limitation légale de l'intérêt. Il en est
tout différemment en Assyrie., dans ce royaume de Ninive, infiniment plus imprégné de l'esprit
sémite, et où l'on ne rencontre pas non plus, dans les actes entre particuliers, comme si souvent
dans les contrats babyloniens, de longues phrases en accadien pur, ayant non-seulement les
idéogrammes, non-seulement les racines transcrites phonétiquement, mais les particules, les
formatives, les désinences verbales, toute la contexture grammaticale de l'ancienne langue
touranienne. A Ninive l'intérêt était purement conventionnel et sans maximum. Tantôt les
parties stipulent le quart,1 tantôt le tiers, tantôt la moitié, quelquefois même une somme

1 C'est l'intérêt du quart qui se trouve stipulé dans la tablette K 309-30 du British Muséum, publiée
sous le n° 9 dans la 47e planche du troisième volume de W. A. I. Il y est dit que la somme due, 5 mines
d'argent de Karkemis, rapportera par mois 5 sekels, ce qui ferait par an 60 sekels, ou, en d'autres termes,
une mine, juste le quart du capital. Sur cet intérêt du quart ou de 25 pour 100, voir Lettres, p. 177.

Dans un très grand nombre d'autres actes ninivites, l'intérêt n'est plus calculé par mois, mais par
an, et alors on se borne à dire que le capital produira son quart. Cette expression «son quart» est figurée
par le chiffre suivi de la finale tum, ou ti, ou utti ^^J. ^>~<j>~, ^p^y^T*-; P^s vient le pronom
possessif J «sien». On pourrait d'abord légitimement se demander s'il s'agissait d'une fraction ou d'un mul-
tiple. En effet, d'après les finales on pouvait voir que les expressions complètes devaient être irbuttum.
La traduction nécessaire était donc quartam ou quartum, selon le genre que l'on supposait au substantif
sous-entendu auquel se rapportait l'adjectif numéral. C'est celle que M. Oppert a donnée dans ses mot-à-
mot. Mais rien n'indiquait s'il fallait croire à une multiplication par quatre, à une quach-iplication ou, au
contraire, à une division par quatre, à une fraction du quart. Aujourd'hui la question est entièrement
jugée, grâce à quelques textes nouveaux. En effet, les mêmes termes se trouvent également pour expri-
mer la fraction du quart dans des cas où il n'est pas possible de supposer un multiple de quatre, car il
n'y est plus question d'un calcul d'intérêt, toujours délicat, mais simplement de l'énoncé d'une somme
due en capital. Parmi les actes de ce genre nous citerons, entre autres, un acte inédit de Londres, du
fonds babylonien, daté de l'an 1 de Nabonid et portant les nos 79, 7, 30, 34. La somme indiquée en tête
de cet acte est de 4 mines, 2 sekels et quart d'argent. Nous citerons également du même fonds un autre
acte que M. Strossmayer a publié et qui porte les noS 7, 38, 76, 11, 17. Cet acte commence par les mots
quatre sekels |, pesés, d'argent; cet acte est daté de la 30e année de Nabuchodonosor et l'expression
idéographique y*" que traduirait en langue sémitique le verbe sakalu : peser, est en parallélisme de sens
avec bitka indiquant déjà alors les pièces (cf. Lettres, p. 141 et suiv.). Nous avons en effet beaucoup d'autres
actes où il est dit que la somme sera payée « suivant un sekel pièce » c'est-à-dire en pièces de monnaie dont
chacune valait un sekel. Je citerai, par exemple, un acte inédit du Louvre, relatif à une dette de 6 sekels
d'argent, dont la date, du règne de Nabuchodonosor, ne porte plus bien nettement que les dizaines «...
vingt. . un autre acte, également du Louvre et également inédit, relatif à une dette d'une mine et l, qui
porte la date de l'an 18 de Nabonid. Mais ce n'est pas le lieu d'insister sur ce point que nous développons
dans un autre travail sur les monnaies et leur origine. Ajoutons seulement que le signe y*"~ pesé se re-
trouve dans un contrat assyrien inédit du British Muséum, le n° K 356 et qu'il y précède, au lieu d'y
suivre, les signes ^ ^J. La somme y est énoncée ainsi : «4 mines, 6 du pesés et j d'argent.» Il est
donc impossible de lire «4 tabcd» comme le proposait M. Strossmayer dans l'acte qu'il a publié et dont
nous avons parlé ci-dessus.

Ce que nous venons de dire pour le quart est également vrai pour le tiers. Cette expression numé-
S raie se présente dans les contrats de Ninive, non-seulement à propos d'intérêts annuels, mais dans l'énoncé
du capital de sommes dues ou encaissées. C'est ainsi que l'acte inédit de Londres, marqué K 336 et relatif
à un prêt de 8 mines un tiers d'argent du trésor d'Istar d'Arbelles, énonce cette somme de cette ma-
nière au lieu d'évaluer comme d'ordinaire la fraction de mine en sekels. De même dans un relevé de
comptes inédit qui est marqué K 3782 dans la même collection, figure, entre autres, une somme de 2 mines
un sekel \. La finale paraît indiquer que le mot complet, signifiant le tiers, serait ici salissa, dérivé de
salistu, par une action, souvent réciproque en assyrien, de £ sur .9, et de s sur t.

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