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Revue égyptologique — 7.1896

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Nr. 3
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Revillout, Eugène; Revillout, Victor: Une prophétie messianique assyrienne, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.11579#0160

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150

Victoe et Eugène Revillout.

mi-poétiques, dans lesquelles étaient déplorés, sous formes d'apostrophes à un dieu, les mal-
heurs d'une de ces villes que des conquérants asiatiques avaient prises d'assaut. Assour-
banipal, procédant comme le fit plus tard Philadelphe, chargeait ses savants de copier et
de traduire des documents qui lui venaient de toute source : et c'est ainsi que dans sa
bibliothèque nous trouvons des tablettes bilingues écrites primitivement à Babylone, à Ur,
dans les villes que son grand-père, son père, et lui-même avaient saccagées et qui deman-
daient aux dieux de mettre fin aux désastres de leur patrie. Plusieurs de ces morceaux
étaient certainement de date très récente; et il ne faudrait pas s'aviser de les confondre à
ce point de vue avec d'autres morceaux fort anciens que les savants d'Assourbanipal disent
avoir copiés et traduits sur l'original «labiru», c'est-à-dire antique. La littérature sémitique
avait elle-même pris un développement considérable vers cette époque et sous un monarque
ami des arts. On était en rapports constants avec le monde grec; car les flottes du grand
roi, dont faisaient partie les flottes de la ville de Tyr; couvraient la Méditerranée.

Le roi Lydien duquel dépendaient la plupart des villes grecques de l'Asie mineure et
probablement la patrie d'Homère, Gygès, ainsi que nous l'apprend Assourbanipal lui-même
dans son grand cylindre, avait reconnu la suzeraineté du roi d'Assyrie et établi dans ses
états le culte d'Assour. Aussi une épopée, tout à fait analogue aux grandes épopées homé-
riques, l'histoire d'Isdubar, dans laquelle le récit du déluge avait pris place comme épisode
— celle-là écrite exclusivement en sémitique, car elle n'était pas religieuse au fond — fait-
elle partie de cette efflorence du génie littéraire ninivite vers l'époque d'Assourbanipal. Il
en est de même du poème si curieux de la descente d'Istar aux enfers, poème qui paraît
écrit en vers proprement dits et divisé en hémistiches. Pour en revenir à des morceaux qui
ont été puisés à d'autres sources et qui, ayant un caractère surtout religieux, ont été d'abord
traduits par des prêtres dans un des dialectes sacrés, nous citerons, entre autres, la tablette
si curieuse que vient de publier M. Smith, pl. 24 de ses Miscellaneous Assyrian Texts.
Cette tablette, entrevue par M. Delitzsch, avait été, comme sens général, fort bien comprise
par cet assyriologue éminent. C'est bien, ainsi que M. Delitzsch l'a dit, une série de pré-
ceptes moraux, une règle de vie sous forme de discours adressé à un dieu, à peu près
comme l'est en Egypte cette fameuse règle de vie qui est entrée dans le Livre des morts,
et qu'on appelle «la confession négative».

La règle bilingue assyrienne en question ne se rapporte certainement pas au culte
assyrien proprement dit. Elle indique ce que le seigneur n'aime pas, ce qu'il ne veut pas
qu'on fasse. Nous trouvons presque en première ligne : «Seigneur, tu n'entres pas dans les
lieux où l'on boit la boisson fermentée». Comme dans une autre tablette également bilingue,
l'interdiction des boissons fermentées devient donc un précepte. Ceci ne rappelle-t-il pas
l'observance de ces Rechabites qui demeuraient dans la Judée, qui ne buvaient jamais de
viu, qui couchaient sous des tentes, et qui faisaient remonter, du temps de Jérémie, l'origine
de leur règle — règle à laquelle ils restaient strictement fidèles — à une époque déjà re-
culée. Comme le vin jouait un très grand rôle dans les oblations faites aux dieux, soit à
Ninive, soit à Babylone, par les partisans du culte établi, par ce que l'on pourrait nommer
les orthodoxes — et il en était de même en Égypte — il est certain que les tablettes dont
nous parlons, bien que bilingues, ne représentaient pas quelque vieille tradition de la reli-
 
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