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Revue égyptologique — 7.1896

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Nr. 3
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Revillout, Victor; Revillout, Eugène: Une prophétie messianique assyrienne, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.11579#0161

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Une prophétie messianique assyrienne.

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gion nationale. C'était un courant venu d'ailleurs : et il en est certainement ainsi du courant
d'idées messianiques qui nous apparaît dans la tablette dont nous allons maintenant parler.
Ce n'est pas chez un peuple victorieux qui tient sous sa domination, qui écrase sous son
talon les autres peuples, qu'on voit naturellement éclore l'idée d'un Messie, d'un rédempteur,
d'un souverain régnant par la justice et rétablissant le culte du droit. C'est l'espoir d'un
peuple opprimé ou menacé de l'être, exilé, déporté, comme l'était alors Israël, ou se sou-
mettant en vassal à l'étranger qui possédait la force, comme le faisait alors Juda. Le roi de
Juda figure nommément au nombre des vingt-deux vassaux d'Assourbanipal, ses serviteurs,
qui vinrent le joindre avec leurs armées et leurs navires, quand il était en marche pour
chasser de l'Egypte l'Ethiopien Tahraka, comme ils avaient accompagné son père Assuraddon
conquérant l'Egypte. Ezéchias, pour acheter la paix du grand-père d'Assurbanipal, avait dû
faire fondre les vases sacrés, arracher des portes du temple les barreaux d'or qui les ornait :
et le cylindre de Sennachérib nous apprend même qu'il avait dû envoyer ses filles en con-
cubinat au roi de Ninive. Depuis, tous les rois de Judée s'étaient toujours montrés très
fidèles au roi d'Assyrie et ils le furent jusqu'aux derniers temps, car un d'entre eux voulut
arrêter Néchao dans sa marche contre Ninive, lors de la grande coalition qui eut pour ré-
sultat la destruction de cette capitale et l'anéantissement de l'empire assyrien. Il le pour-
suivit jusqu'à l'Euphrate; il l'atteignit à Mageddo, bien que le roi d'Egypte lui fit dire qu'il
n'avait pas affaire à lui, et il fut tué dans cet effort suprême de fidélité féodale. Jérémie,
qui se montra toujours hostile à l'Egypte, célébra cette mort glorieuse en un chant de lamen-
tation devenu et resté longtemps liturgique dans la nation juive.

Notre prophétie messianique assyrienne est contemporaine de celles du prophète Isaïe.
En effet, Isaïe assista à la chute de Samarie. Il encouragea Ezéchias dans sa résistance
momentanée contre l'Assyrie. Il le vit céder devant la force. Il le blâma de chercher un
appui contre Ninive dans une alliance babylonienne. Les succès éphémères qu'avec l'aide
du roi d'Elam Mérodach Baladan avait pu obtenir contre Sennachérib, ne lui paraissaient
présager en aucune façon l'affranchissement du peuple juif. Il annonçait déjà, paraît-il, que
si Babylone l'emportait un jour sur Ninive, ce serait aux dépens de Juda et de la famille
d'Ezéchias, c'est-à-dire de cette famille de David à laquelle lui-même il appartenait. Une
raison d'ailleurs, sous Assourbanipal, devait faire paraître plus acceptable pour les prophètes
monothéistes la domination assyrienne, malgré les affreuses dévastations que les Assyriens
commettaient dans le monde entier. Ainsi qu'on l'a remarqué déjà, Assourbanipal avait des
tendances infiniment plus monothéistes qu'aucun de ses prédécesseurs. Il est vrai qu'il est
devôt à la déesse des batailles, cette Istar qui le dirigea dans ses sanglantes revanches à
l'égard de ceux qui s'étaient coalisés avec son frère contre lui. Mais Assour, le dieu national
de l'Assyrie, dont il établit le culte dans tous les pays soumis à son hégémonie, chez Gyges
comme en Égypte, comme à Jérusalem, était bien devenu pour lui le grand dieu, le maître
des dieux, le maître suprême, devant lequel les autres ne jouaient plus que le rôle de
ministres s'inclinant quand les sept archanges chambellans du ciel le leur ordonnait.

(La suite prochainement.)
 
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