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Revue égyptologique — 8.1898

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Revillout, Victor; Revillout, Eugène: Un passage de la plaidoirie de Demosthène contre Aphobos: commenté à l'aide des contrats babyloniens
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https://doi.org/10.11588/diglit.11580#0020

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Victor et Eugène Revillout.

autre jouissance, répond parfaitement à l'idée qu'exprime la formule babylonienne carac-
téristique. En effet, après la mention de la somme versée par l'une des parties et du bien,
immeuble ou esclave, dont l'autre partie cède la possession contre la possession de cette
somme, le rédacteur du contrat chaldéen a généralement soin de dire «il n'y a pas de prix
de location (idi) à payer pour ce bien, fonds (ou pour cet esclave), et il n'y a pas d'intérêt
pour cet argent». Le mot idi que nous rencontrons ici entre également dans une multi-
tude d'autres contrats avec cette même signification de « redevance, prix de location, prix de
jouissance d'un bien possédé par qui n'eu est pas propriétaire. » C'est l'équivalent du latin
merces pouvant également s'employer dans tous les cas où intervient une locatio, soit
rei aut mancipii, soit operarum, soit même operis faciendi. Nous possédons actuellement
en babylonien des exemples de tous ces genres de locations, avec emploi du mot idi
pour représenter la merces, le prix convenu.

L'autichrèse chaldéenne différait donc de la location en ce qu'il n'y avait pas à payer
de terme de loyer, de idi, pour la chose remise en jouissance, et elle différait en ce qu'il
n'y avait d'intérêt harra = hubullu à payer pour l'argent versé, du gage vulgaire, de
l'hypothèque proprement dite.

Entre les deux, d'ailleurs, l'autichrèse, institution mixte, pouvait remplir tantôt le but
de l'une, tantôt le but de l'autre.

Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un pays exceptionnellement riche, centre des voies
d'échange entre l'extrême Asie et le reste du monde. Le commerce y avait acquis un
développement prodigieux et le sol, extraordinairement fécond, pouvait donner par la culture
des revenus équivalents à ceux des placements de fonds dans les affaires, ou du moins à ceux
des prêts ordinaires, à l'intérêt légal de 20 pour cent par an. On y avait trouvé tout naturel
d'effectuer momentanément l'échange de ces deux valeurs, la valeur en argent et la valeur
en terres, soit dans l'intérêt principal d'un possesseur d'argent désirant s'appliquer à l'exploi-
tation d'un domaine, soit dans l'intérêt principal d'un possesseur de terres désirant de tenter
une entreprise commerciale.

Dans le premier cas, le capitaliste aurait pu prendre le domaine en location; dans le
second, le propriétaire d'immeuble aurait pu se procurer le capital voulu en consentant une
hypothèque. Mais l'antichrèse présentait certains avantages particuliers découlant de la sup-
pression de tout calcul de redevance ou d'intérêt. La préoccupation du terme aux taux énormes
indiqués plus haut ne venait plus s'ajouter à celles que causait une mauvaise année, une
inondation, une guerre, une cause quelconque de diminution ou de suppression passagère
des revenus sur lesquels on comptait. Dans la mise en oeuvre du sol ou dans la mise en
œuvre du capital, chacun agissait à peu près aussi librement qu'il aurait pu le faire après
une vente avec payement immédiat du prix. Il possédait in bonis soit l'argent, soit le bien
qu'il avait reçu pour en jouir jusqu'au moment où il reprendrait en échange ce qu'il avait
d'abord cédé lui-même. Si le capital se perdait par suite d'opérations hasardeuses, peu im-
portait au fond à celui qui l'avait placé en antichrèse et qui en gardait l'équivalent exact
dans le bien estimé à ce prix avant de lui être remis et de constituer son gage.

Il faut remarquer en effet que l'antichrèse est considérée comme une espèce rentrant
dans la classe générale des gages, aussi bien en droit chaldéen qu'en droit grec. Les rédac-
 
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